Perspectives économiques canadiennes pour 2024: des attentes modérées
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Malgré une inflation persistante très forte et des hausses de taux d’intérêt, les nouvelles ont généralement été meilleures que prévu pour l’économie canadienne en 2023.
À pareille date l’an dernier, plusieurs économistes se demandaient s’il était possible pour l’économie canadienne d’éviter une surchauffe sans créer de récession. Pourtant, nos estimations tablent aujourd’hui sur une croissance de l’économie canadienne de 1,1 % en 2023. C’est un peu sous le potentiel économique de 2 %, mais au-delà des prévisions initiales des économistes.
L’accroissement de la population est en grande partie responsable de la vigueur de la demande qu’a connue l’économie canadienne cette année. Cette performance aura d’ailleurs contribué à soutenir le marché du travail. Le taux de chômage a certes augmenté en seconde moitié d’année, mais cette hausse est due à la croissance de la population active plutôt qu'à un ralentissement de l'embauche. Environ 430 000 emplois ont été créés entre janvier et novembre 2023.
La résilience de l'économie canadienne a incité la Banque du Canada à continuer de relever son taux directeur au cours de l'année, en l'augmentant de 75 points de base pour le porter à son niveau actuel de 5 %.
En a découlé une croissance inégale en 2023, avec des secteurs sensibles aux taux d'intérêt, comme le logement, qui ont connu des ralentissements marqués. Le marché résidentiel s'est en grande partie stabilisé, mais reste dans une situation difficile. Les ménages canadiens dépensent moins et le ralentissement de l'économie mondiale a entraîné un ralentissement des investissements des entreprises et des exportations en seconde moitié d’année.
Statistiques clés pour 2024
Croissance prévue du PIB du Canada
0,9 %
Taux d’inflation
2 à 3 %
Baisse attendue des taux d’intérêt
Été 2024
La croissance économique canadienne sera un peu plus faible en 2024
L’économie canadienne devrait éviter la récession l’an prochain, mais la croissance ne sera pas explosive pour autant. Même si l’économie devrait profiter d’un environnement plus prévisible, les taux d’intérêt élevés continueront de peser sur la vigueur de l’activité économique.
Croissance du PIB réel au Canada (%)
Des facteurs internationaux et nationaux limiteront aussi la croissance.
Les États-Unis continueront probablement à croître plus rapidement que les autres grandes économies. Le dollar américain restera fort par rapport à la plupart des autres devises, y compris le dollar canadien. Dans l'ensemble, le dollar canadien se maintiendra entre 72 et 75 cents en 2024. Un huard plus faible pourrait rendre les exportations canadiennes moins chères. Il rend également le Canada plus attrayant pour les touristes.
Les prix mondiaux du pétrole devraient se situer entre 70 et 80 dollars américains le baril pour le WTI et entre 75 et 85 dollars américains le baril pour le Brent. Un léger excédent pourrait entraîner une baisse des prix au début de 2024. Toutefois, l'OPEP+ continuera à réduire sa production en 2024 afin d'atténuer la chute des prix.
Les taux d'intérêt élevés restent la raison principale d'un ralentissement économique mondial. L'économie canadienne est plus vulnérable à un ralentissement plus profond que nos voisins américains, en partie à cause de notre niveau d'endettement.
L’inflation diminuera, mais restera au-dessus de la fourchette cible
L’inflation au Canada a été relativement stable depuis plus de 30 ans, augmentant d’environ 2 % par année. Il était toutefois courant de voir les prix augmenter d’environ 8 % dans les années 1970 et 1980, montant jusqu’à 13 % une année.
L’inflation peut avoir un effet important sur la rentabilité des entreprises. Il est important de la surveiller et de trouver des stratégies pour gérer l’augmentation des coûts.
Nous nous attendons à ce que l'inflation continue de baisser et reste comprise entre 2 et 3 %. Nous ne pensons pas qu'une inflation stable de 2 % sera atteinte avant la fin de 2024.
Nous prévoyons donc que l'inflation sera inférieure à celle que nous avons connue au cours des deux dernières années. Toutefois, les hausses de prix de certains produits, tels que l'alimentation et le logement, resteront élevées pour les ménages canadiens.
Inflation par catégorie au cours des 12 derniers mois au Canada
La hausse des prix des denrées alimentaires devrait se maintenir autour de 4 à 5 % au cours des prochains mois. Les denrées alimentaires sont souvent échangées sur les marchés mondiaux, et la faiblesse du dollar canadien contribuera à faire grimper les prix. Les dépenses liées au logement, notamment les loyers et les intérêts hypothécaires, continueront aussi à augmenter plus rapidement que l'objectif d'inflation de 2 % de la Banque du Canada, en particulier au cours de la première moitié de l’année.
L’orientation de la politique de taux de la banque centrale devient plus claire
Une des bonnes nouvelles, pour 2024: l’incertitude entourant la direction des taux d’intérêt diminue. Après deux années de hausses de taux, les Canadiennes et Canadiens devraient trouver un peu de réconfort dans le fait que le cycle de resserrement le plus agressif jamais connu depuis quarante ans est terminé. Les hausses de taux continueront à peser sur la croissance de l’économie, mais leur effet sur ce ralentissement a fort probablement déjà fait son œuvre.
Relation entre le taux directeur et le taux d'inflation au Canada
Le taux directeur se maintiendra à 5 % pour le reste de 2023 et la première moitié de 2024, mais nous anticipons une première révision à la baisse dès cet été. La Banque du Canada ne fera toutefois pas revenir son taux directeur près de 2,5 %, soit le taux neutre, avant 2025. Les taux resteront donc plus élevés que ceux auxquels le Canada s’était habitué ces 15 dernières années. Il ne faudrait toutefois pas sous-estimer la capacité des ménages et entreprises canadiennes à s’adapter à ce nouvel environnement de taux plus élevés.
3 principaux risques pour l’économie canadienne en 2024
Bien que nous attendions un atterrissage en douceur de l’économie canadienne en 2024, les perspectives dépendent fortement de la trajectoire des taux d’intérêt et de l’inflation. Trois éléments, en particulier, pourraient aggraver la situation et faire basculer l’économie en légère récession l’an prochain.
1. Un conflit géopolitique
Les tensions géopolitiques croissantes pourraient fausser les marchés de l’énergie et relancer l’inflation. Cela conduirait à de nouvelles hausses des taux d’intérêt par les banques centrales. Les conflits sont une cause fréquente de récession, mais ce genre de choc est difficile à prévoir.
2. Une inflation persistante
Une demande forte poussée par l’accroissement de la population explique en grande partie la résilience de l’économie canadienne en 2023. Alors qu’on devrait connaître un phénomène similaire en 2024, une demande trop forte pourrait aussi continuer d’alimenter l’inflation.
3. Un effondrement de la demande
Même sans hausse de taux supplémentaire, les taux d’intérêt actuels pourraient s’avérer plus difficiles à supporter que prévu pour les entreprises et les ménages canadiens. Ces derniers sont plus vulnérables aux taux d’intérêt que ceux d’autres grandes économies, notamment les États-Unis. Cela s’explique par un niveau d’endettement plus élevé et des durées d’emprunt hypothécaire plus courtes. La croissance importante des prix de l’immobilier au cours des dernières années constitue désormais un risque pour la santé financière de certains ménages.
Les perspectives pour 2024 diffèrent d'une province à l'autre
Le ralentissement économique actuel est le résultat d'une inflation élevée et de la hausse des taux d'intérêt. Il n'affecte donc pas toutes les provinces et tous les secteurs de la même manière. Les secteurs les plus sensibles aux taux d'intérêt élevés, tels que l'immobilier et les produits financés, continueront à subir l'essentiel du ralentissement. Les régions où les ménages sont plus endettés ou encore où les secteurs mentionnés représentent une part plus importante de l'économie seront également à la traîne.
La politique monétaire de la Banque du Canada produit jusqu'à présent l'effet recherché et l'inflation diminue. Mais l'inflation ne diminue pas à la même vitesse dans toutes les régions. En octobre, c'est au Québec que le taux d'inflation était le plus élevé au Canada, à 4,2 %. L'Île-du-Prince-Édouard a enregistré le taux le plus bas, à 1,7 %.
Les hausses passées des taux d'intérêt continueront à limiter les dépenses discrétionnaires des Canadiennes et Canadiens. Ce phénomène sera particulièrement prononcé en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec, où l'inflation est plus élevée et où les ménages sont plus endettés.
Le ralentissement sera moins prononcé pour les provinces orientées vers les produits de base. Elles dépendent moins des dépenses des ménages. L'Alberta et la Saskatchewan devraient ainsi connaître une croissance supérieure à la moyenne nationale en 2024.
Avec une économie bien diversifiée, le Manitoba a toujours été moins sensible aux perturbations cycliques. Le ralentissement actuel ne devrait pas être différent. Toutefois, le recul des principaux marchés du Canada (Colombie-Britannique, Ontario et Québec) pourrait nuire aux exportations du Manitoba. Environ 50 % des exportations de la province sont destinées à d'autres provinces.
Les provinces de l'Atlantique ont bénéficié de la forte croissance démographique enregistrée au niveau national en 2023. Toutefois, le ralentissement de la croissance prévue aux États-Unis et en Chine pourrait affaiblir les exportations de la région en 2024.
Défis et occasions pour les propriétaires d’entreprise
Le ralentissement de l’économie et la forte croissance de la population faciliteront la recherche de personnel par rapport aux dernières années. La croissance des salaires devrait se stabiliser en 2024 alors que les pressions sur le marché du travail s’atténueront. Le vieillissement de la population continuera toutefois de rendre l’embauche plus difficile pendant des années. Élaborer une stratégie solide en matière de ressources humaines pour votre entreprise reste une stratégie importante pour le succès à long terme de votre entreprise.
Les taux d'intérêt restant élevés et la demande ralentissant, les propriétaires d’entreprise devront faire preuve d'agilité et s'efforcer de préserver la santé financière de leur entreprise. L'adoption de nouvelles technologies peut contribuer à stimuler la productivité et à améliorer la compétitivité. Les entreprises qui agissent maintenant seront en meilleure position pour tirer parti du redémarrage de l'économie.