Comment refinancer une entreprise en difficulté
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En tant que propriétaire d’entreprise, une baisse de vos ventes ou une hausse de vos coûts pourraient vous préoccuper. Advenant que le problème persiste, vous pourriez même vous demander si vous parviendrez à rembourser votre prêt à temps. Mais tout n’est pas nécessairement perdu. Avant d’omettre un paiement, pensez à refinancer votre dette ou à modifier les conditions de vos prêts.
Premièrement, vous devez localiser la source de vos problèmes, élaborer un plan de redressement et discuter ouvertement de votre situation avec votre banque.
«Il est très important de parler des difficultés que vit votre entreprise», explique Daniel LaBossière, vice-président adjoint, Développement des affaires à BDC. «Une entreprise peut très bien fonctionner pendant des années, jusqu’à ce qu’elle traverse une période de ralentissement et qu’elle ait besoin de financement pour reprendre son élan. Nous sommes là pour aider ce type d’entreprise.»
Voici les conseils que Daniel LaBossière offre aux entreprises en difficulté pour refinancer leur dette ou modifier les conditions de leurs prêts.
1. Créez un plan de redressement
Avant de faire appel à votre banque, il est crucial de dresser un portrait clair de votre situation et d’établir un plan de redressement efficace. Commencez par répondre à ces trois questions importantes:
- Qu’est-ce qui a causé vos problèmes?
- Qu’avez-vous fait pour les résoudre?
- Que vous reste-t-il à faire?
Sans ces informations de base, votre banque sera beaucoup moins disposée à vous proposer des solutions. «Vous devez avoir répondu à ces trois questions pour pouvoir remédier à vos difficultés et bénéficier d’un refinancement, affirme Daniel LaBossière. Si vous n’avez pas fait le point sur votre situation, vos chances d’obtenir du financement seront minces.»
En général, les banques vous demanderont aussi de leur fournir les documents suivants:
- des états financiers
- une preuve d’un flux de trésorerie positif
- des prévisions de trésorerie
- un historique du service de la dette
- les délais moyens de recouvrement des comptes clients et de règlement des comptes fournisseurs
- une description de la dette existante
- un dossier bien ficelé pour toute demande de financement supplémentaire
- un cautionnement personnel
«Nous nous attendons à ce que vous ayez pris le temps de bien vous préparer. Vous devez nous expliquer clairement votre problème, puis nous présenter les solutions appropriées auxquelles vous avez recours, poursuit Daniel LaBossière. Vous ne pouvez pas simplement nous dire que vous allez corriger le tir si nous vous prêtons de l’argent. Vous devez démontrer que vous avez besoin d’un nouveau prêt et les avantages qui en découleront; comment vous parviendrez à relever votre entreprise; et que votre solution est viable. Nous jugerons ensuite si votre plan permettra réellement de redresser votre entreprise.»
Il est assez fréquent de voir des entreprises chercher à refinancer leur dette alors qu’elles n’ont pas préparé de plan de redressement ni analysé leur situation en détail. On demande habituellement à de telles entreprises de revenir après avoir fait leurs devoirs.
«Une entreprise dont la clientèle paie ses comptes en retard ou qui paie ses fournisseuses et fournisseurs beaucoup plus tard que prévu pourrait ne pas pouvoir bénéficier de notre aide, remarque Daniel LaBossière. Une entreprise en retard de six ou 12 mois dans la tenue de ses comptes n’aura pas accès à l’option de refinancement.»
Néanmoins, une entreprise qui se retrouve dans une situation extrêmement difficile peut se voir accorder un soutien spécialisé par l’équipe de restructuration ou de rétablissement de sa banque.
2. Le refinancement n’est pas une «bouée de sauvetage»
Lorsqu’une entreprise obtient un refinancement, les conditions de prêt existantes sont généralement modifiées de façon à faciliter le service de la dette. Souvent, l’entreprise accédera aussi à de nouvelles options de financement, comme un prêt pour équipement ou un prêt de fonds de roulement qui l’aidera à réaliser son plan de redressement. «Le nouveau prêt n’est pas là pour la renflouer, précise Daniel LaBossière, mais pour favoriser sa croissance.»
Toute demande de financement supplémentaire nécessite habituellement que des actifs soient offerts en garantie. «Une entreprise qui ne dispose pas des garanties tangibles requises aura plus de mal à obtenir un refinancement, remarque Daniel LaBossière. En l’absence d’actifs tangibles, elle aura sans doute uniquement accès à un petit prêt de fonds de roulement.»
Daniel LaBossière donne l’exemple d’une entreprise qui, voyant que ses ventes diminuaient, avait créé un plan de redressement. Afin de mener son plan à bien, elle devait acheter de l’équipement qui lui permettrait d’automatiser ses processus de production. L’entreprise a fait appel à BDC pour obtenir un refinancement immobilier, mais traiter une telle demande aurait pris trop de temps en raison du processus de diligence raisonnable. BDC lui a donc plutôt accordé un prêt pour équipement, garanti par la machinerie. BDC était satisfaite de voir que l’entreprise remboursait encore sa dette, qu’elle comprenait bien les défis qui se présentaient à elle et qu’elle avait envisagé des solutions efficaces. «Il ne manquait que de l’équipement pour réaliser son plan de redressement», termine Daniel LaBossière.
3. Modifiez les conditions de vos prêts existants
Le refinancement n’est pas la solution la plus courante pour les entreprises en difficulté. La modification des conditions des prêts existants est une option beaucoup plus fréquemment utilisée. Par exemple, une entreprise peut être autorisée à reporter ses remboursements de capital pendant plusieurs mois pour alléger temporairement la pression sur sa trésorerie.
Dans ce cas, il n’est pas nécessaire de consolider ses prêts existants ni d’obtenir un nouveau prêt. «Il est parfois recommandé de reporter les remboursements de capital, indique Daniel LaBossière. Les emprunteuses et emprunteurs peuvent demander qu’on modifie les conditions de leurs prêts.»
4. Mobilisez des investissements supplémentaires
Pour de nombreuses entreprises en difficulté, refinancer ses dettes ou modifier les conditions de ses prêts n’est pas nécessairement la bonne solution. Certaines d’entre elles ont seulement besoin de plus de capitaux pour exécuter leur plan d’affaires ou enregistrer des flux de trésorerie positifs.
«Le refinancement n’est pas toujours la clé, soutient Daniel LaBossière. Dans certains cas, les propriétaires doivent travailler à améliorer leur entreprise ou obtenir des investissements supplémentaires. Elles et ils peuvent devoir investir une plus grande part de leurs fonds personnels dans leur entreprise ou chercher des sources de financement externes pour lui donner plus de latitude et de souplesse.»