Pourquoi je suis d’un optimisme prudent en ce qui concerne la santé mentale des entrepreneures et entrepreneursen 2022
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Face aux difficultés qui se sont présentées ces deux dernières années, les entrepreneur.es au Canada ont fait preuve d’une incroyable résilience. Or, la pandémie de COVID-19 a également mis en évidence le fait que nous devons mieux prendre soin de nous-mêmes et accepter que nous ne pouvons pas être au sommet de notre forme en tout temps.
Depuis 2020, BDC mène des sondages périodiques sur la santé mentale des entrepreneur.es. Dans le cadre de chaque sondage, nous consultons plus de 500 propriétaires de petites entreprises partout au Canada pour avoir une idée de leur situation personnelle et professionnelle.
Aujourd’hui, nous publions notre quatrième rapport sur la santé mentale des entrepreneur.es dans le cadre de la Semaine canadienne de la santé mentale, qui se déroule du 2 au 8 mai 2022.
En examinant nos données des deux dernières années, nous constatons que la santé mentale a été malmenée lorsque les temps étaient durs, puis s’est améliorée lorsque l’économie s’est redressée et que les mesures de confinement se sont amenuisées. Ce fait en dit long sur la tendance de la nature humaine à passer par des pics et des creux sur le plan de la santé mentale.
Bien que les conséquences liées à l’obligation de demeurer dans une situation désagréable soient importantes, la majorité des répondant.es (66 %) affirment avoir la gestion de leur entreprise sous contrôle. Cela témoigne de la résilience reconnue des entrepreneur.es qui ont l’habitude de ces pics et creux.
Les personnes ne sont pas toutes touchées de la même manière. Dans le cadre de tous nos sondages, nous avons constaté que les femmes, les propriétaires d’entreprises en démarrage, les membres de groupes issus de la diversité (en particulier les membres de la communauté LGBTQ2+) et les entrepreneur.es de moins de 35 ans signalent davantage de difficultés. Ces personnes sont les plus susceptibles de dire qu’elles sont plus fatiguées et plus déprimées, et que leurs problèmes de santé mentale nuisent à leur travail.
Lorsque nous avons demandé aux entrepreneur.es de mentionner ce qui les stressait le plus, la réponse la plus fréquente a été «générer des revenus suffisants», comme l’année dernière.
Cependant, au-delà de cette éternelle préoccupation des propriétaires de petite entreprise, nous avons également remarqué que de nouvelles inquiétudes surgissent. La recherche de sources d’approvisionnement est en nette augmentation par rapport à l’année dernière (+6), suivie des difficultés à attirer à nouveau la clientèle dans des lieux physiques (+5).
Les entrepreneur.es ont beaucoup de choses en tête. Chaque jour, le souci qui arrive en tête de liste varie. Les propriétaires d’entreprises doivent trouver de nouvelles façons de faire des affaires dans le contexte actuel des problèmes de chaîne d’approvisionnement, des pénuries de main-d’œuvre et d’un marché de plus en plus concurrentiel.
Stratégies d’adaptation en hausse
Le sondage de 2022 révèle que l’activité physique reste le moyen le plus populaire pour les répondant.es de faire face aux problèmes de santé mentale. Au total, 48 % des répondant.es disent prendre du temps pour se promener, ce que je préconise vivement. Je crois qu’il faut faire de l’exercice et prendre régulièrement des pauses au travail. Une promenade dans la nature fait des merveilles pour nous aider à remettre les choses en perspective et à retrouver une certaine clarté d’esprit. Cela semble simple, mais il est surtout important de le faire.
Nous constatons également que prendre des vacances a gagné en popularité (+8). C’est normal: depuis deux ans, les entrepreneur.es vivent un stress important. Les gens se sont accrochés et, cette année, alors que les restrictions relatives aux voyages s’assouplissent et qu’on se remet de deux années en «mode de survie», ils trouvent enfin le moyen de respirer un peu et de prendre des vacances pour relaxer.
Nous constatons qu’au cours des deux dernières années, les gens ont appris à s’aider davantage. Les répondant.es affirment avoir davantage recours à des stratégies d’adaptation: s’appuyer sur les relations, méditer et demander l’aide d’un.e professionnel.le.
Parler des problèmes de santé mentale
Autre fait encourageant, nous observons que les personnes sont de plus en plus ouvertes à parler de santé mentale. Dans ce sondage, deux propriétaires d’entreprise sur dix ont déclaré souhaiter obtenir le soutien d’un.e professionnel.le de la santé mentale, ce qui, nous l’espérons, signifie que davantage de personnes sont prêtes à aborder la question et que nous progressons peut-être dans la déstigmatisation du sujet. L’année dernière, seulement un.e répondant.e sur dix affirmait la même chose.
Cela montre peut-être que les propriétaires d’entreprise commencent à reconnaître qu’il n’y a pas de mal à dire: «J’éprouve des difficultés et j’ai besoin de prendre du recul.» Je constate de même que la nouvelle génération de propriétaires d’entreprise est encore plus ouverte à en parler.
Se préparer pour l’avenir
L’entrepreneuriat est gratifiant, mais il est indéniable que la gestion d’une petite entreprise est éprouvante pour la santé mentale. Toutefois, il est quelque peu réconfortant de constater que, malgré cela et les deux années difficiles que nous venons de traverser, 81 % des entrepreneur.es se disent satisfait.es à l’égard de leur santé mentale générale une fois par semaine.
Pour moi, ce chiffre est de très bon augure. Après tout, personne n’est au sommet de sa forme en tout temps, semaine après semaine.
L’avenir est imprévisible et amènera des surprises pour tout le monde, non seulement pour les entrepreneur.es. Bon nombre de nos problèmes actuels sont là pour rester. Qu’il s’agisse de l’environnement ou du contexte politique et géopolitique, l’incertitude nous guette pour les années à venir. Nous devons simplement apprendre à composer avec elle de manière plus sereine.