Kirt Ejesiak, PDF de Arctic UAV a toujours eu en lui la fibre créative. Aujourd’hui, son entreprise conçoit des drones capables de prendre des photos aériennes de haute qualité qui peuvent être converties en cartes détaillées pour une fraction du coût de l’arpentage traditionnel. Kirt utilise le financement de la BDC pour mieux réagir aux imprévus du quotidien et élever son entreprise.
Haute technologie dans l’Arctique: une entreprise de drones aériens du Nunavut prend son envol
Durant son enfance à Iqaluit, au Nunavut, Kirt Ejesiak ne passait pas son temps à chasser ou à pêcher, mais à construire un bateau avec un vieux bidon d’huile. Il n’aurait jamais pu imaginer qu’un jour, il travaillerait avec des objets mille fois plus sophistiqués pour réaliser des projets complexes, notamment la cartographie, la photographie aérienne, les études de site, etc.
Kirk Ejesiak est le fondateur et directeur général d’Arctic UAV, une entreprise à la pointe de la technologie.
UAV signifie Unmanned Aerial Vehicle (en français, véhicule aérien sans pilote), et désigne ce que l’on appelle plus communément un drone. Les drones d’Arctic UAV sont équipés de caméras à la fine pointe de la technologie. En survolant le paysage glacial de l’Arctique, ils prennent des photos de haute qualité qui peuvent être converties en cartes détaillées pour une fraction du coût de l’arpentage normal.
Détenue à 100 % par des Autochtones et basée au Nunavut, Arctic UAV ne ressemble à aucune autre entreprise de drones dans le monde.
«Nous disposons d’équipes très spécialisées qui possèdent une vaste expérience et toutes les connaissances locales nécessaires. On peut difficilement trouver mieux», dit Kirk Ejesiak.
Introduction aux drones
Kirk Ejesiak est l’une des premières personnes de sa famille qui a fréquenté l’université. Après avoir étudié les sciences et l’ingénierie dans le sud du Canada et aux États-Unis, il s’est lancé dans une série d’aventures d’entrepreneuriales, et a passé les 25 dernières années à diriger ou à gérer ses propres entreprises.
«En ingénierie, on apprend à s’atteler à un grand problème et à le découper en petits morceaux, déclare Kirk Ejesiak. J’ai découvert que j’étais plutôt doué pour cela, même si je n’avais aucune idée de ce que je faisais!»
Au début des années 80, il s’est lancé dans l’immobilier. Il rénovait de vieilles maisons et vendait des maisons préfabriquées. Il a acheté son premier bâtiment pour 25 000 $ et l’a revendu pour 70 000 $. Ce succès l’a encouragé à poursuivre sa carrière dans le secteur pendant une autre décennie.
Lorsqu’il a décroché un gros projet de 30 logements, Kirk Ejesiak a eu une nouvelle idée pour vendre l’immeuble.
«Je me suis demandé comment je pourrais surpasser tout le monde, et j’ai pensé que l’utilisation d’un drone m’en donnerait les moyens», explique l’entrepreneur.
Il a acheté un petit drone pour prendre des photos aériennes de la propriété et du quartier, qu’il a ensuite utilisées dans des documents de marketing. Après avoir entendu parler de cette initiative, une amie lui a demandé d’utiliser à nouveau le drone pour prendre des photos de son toit qui fuyait.
«C’était mon premier contrat dans ce domaine, et je crois qu’elle m’a payé soixante-dix dollars», raconte Kirk Ejesiak en riant.
Toutefois, son introduction au secteur des drones avait piqué son intérêt. Il a ensuite passé trois mois à élaborer une analyse de rentabilité pour une entreprise de drones dans le Nord. Il estime que les drones, c’est l’avenir.
«Je pense que ce n’est qu’une question de temps avant que l’utilisation des drones se généralise, des livraisons à l’observation des passages du Nord-Ouest, en passant par les relevés des glaces.»
Il a créé Arctic UAV en 2016.
Les débuts d'Arctic UAV
Au début, Kirk Ejesiak a perdu de l’argent sur du matériel qui ne convenait pas. Les drones étaient chers et fonctionnaient souvent mal dans le froid.
Mais en 2017, Arctic UAV a décroché un projet de deux ans avec Transports Canada pour tester des drones dans des conditions arctiques. L’entreprise a loué un système américain à l’Université de l’Alaska, appelé SeaHunter, et a effectué une demi-douzaine de missions sur une centaine de milles marins, volant au-dessus de 3 800 m (12 500 pi) dans l’espace aérien de classe B.
«D’une année à l’autre, nos revenus ont été multipliés par vingt, et nos équipes ont pu acquérir une vaste expérience de travail sur un projet d’envergure nationale», explique Kirk Ejesiak.
Cependant, le projet était basé à Alma, au Québec. Lorsqu’il a pris fin, en 2020, Kirk Ejesiak et ses pilotes ont décidé de retourner au Nunavut, ayant la certitude que l’équipe pourrait gérer la technologie par elle-même.
Le projet de Transports Canada consistait essentiellement à patrouiller dans l’Arctique. Kirk Ejesiak a réalisé qu’il devait trouver son propre créneau pour qu’Arctic UAV soit autonome en tant qu’entreprise.
Au cours des deux dernières années, il a réorienté l’entreprise vers la production d’images et de cartes.
«Nous prenons des vidéos et des images fixes et recréons des cartes. Nous devons donc trouver des produits dérivés à partir de cela.
Les drones par rapport aux satellites
La clientèle achetant les cartes d’Arctic UAV comprend des sociétés minières et des gouvernements locaux.
Un des plus récents ajout à sa liste de clientes et clients est le hameau inuit de Kinngait, anciennement connu sous le nom de Cape Dorset. Arctic UAV a cartographié 25 kilomètres carrés dans les limites de la collectivité. La carte sera utilisée pour la planification communautaire, la réalisation d’études de drainage et la construction d’un port pour petits bateaux.
«Cela aurait pris deux semaines avec les méthodes traditionnelles d’arpentage utilisant une tige et un bâton. Mais il suffit de deux ou trois jours à nos équipes pour réaliser une carte, explique Kirk Ejesiak.
«Nous sommes en quelque sorte un genre de Google sous stéroïdes, car la qualité que nous offrons est tout simplement bien meilleure.»
Comparativement à l’imagerie satellite, la résolution spatiale de la photographie par drone est plus élevée. La résolution spatiale est la taille d’un seul pixel sur le sol. Si une carte a une résolution spatiale de 60 m par pixel, cela signifie que chaque petit «point» (pixel) représente une zone de 60 m sur 60 m au sol – cela correspond à la qualité des données satellites de la NASA dans les années 80.
Aujourd’hui, une image satellite haute résolution de qualité supérieure peut montrer jusqu’à 50 cm par pixel, mais les cartes réalisées par les drones d’Arctic UAV font encore mieux en montrant 1,5 cm par pixel.
«C’est facilement 15 à 20 fois mieux en termes de résolution. S’il y a des personnes qui campent à l’extérieur, vous pouvez voir ce qu’elles mangent au déjeuner», explique Kirk Ejesiak.
Pour les scientifiques et les archéologues qui recherchent de petits détails comme des caractéristiques géographiques ou d’anciens cimetières, ce type de carte haute résolution réalisée à l’aide d’un drone est plus utile que les images satellites. La finesse des détails est également plus utile lors de l’inspection des infrastructures.
Braver les éléments
Arctic UAV se spécialise dans la cartographie de zones étendues et accidentées, difficiles d’accès autrement que par voie aérienne.
Faire voler des drones dans la région de l’Arctique n’est pas une tâche facile. Les conditions météorologiques difficiles, comme les vents violents, le verglas et les températures glaciales, ne sont que le début du cauchemar logistique. L’accès au site lui-même peut s’avérer difficile: Kirk Ejesiak et son équipe se déplacent souvent en hélicoptère ou en bateau pour atteindre l’endroit où les drones pouvaient être déployés.
«Pour un projet type, nous nous rendons sur un site éloigné à 800 km à bord d’un petit navire, nous effectuons le relevé et nous revenons», explique Kirk Ejesiak.
Les problèmes ne cessent pas à l’arrivée. Toutes les batteries ne sont pas aptes à fonctionner par des températures de moins 30 degrés, et l’alimentation des drones est un autre casse-tête. Arctic UAV collabore avec ses fournisseuses et fournisseurs pour obtenir des batteries adaptées au froid, mais Kirk Ejesiak précise que le travail se résume généralement à des essais et entraîne des erreurs.
«C’est un autre défi à relever, dit l’entrepreneur. Comment garder les choses au chaud quand il fait moins 30 dehors? À cette température, les câbles se brisent comme des cure-dents.»
Pour résoudre ce problème, Arctic UAV apporte des générateurs portables et des blocs d’alimentation sur le terrain. Kirk Ejesiak et son équipe font également tout leur possible pour limiter le temps d’exposition du matériel au froid glacial en installant des systèmes de chauffage.
Les pilotes qui utilisent les drones pratiquent également la chasse et la pêche dans la région, et ont l'habitude de parcourir des centaines de kilomètres dans des conditions difficiles.
«Pour faire ce travail, il faut des spécialistes du plein air qui comprennent les dangers de se retrouver dans un endroit isolé», déclare Kirk Ejesiak, ajoutant que les membres de son équipe emportent également des armes à feu avec permis, au cas où il y aurait des ours polaires.
«Le fait que nous soyons au milieu de nulle part, dans l’Arctique, et que nous réalisions un travail de classe mondiale témoigne de notre expertise. Nous faisons des choses que tout le monde rêve de faire. C’est ce qui est magique.»
L'innovation permanente
Au cours des deux dernières années, Arctic UAV a également étendu ses activités à l’imagerie sous-marine pour un projet de recherche de Pêches et Océans Canada. L’entreprise a acheté un petit bateau et un nouveau robot sous-marin capable d’explorer les eaux profondes. Le nouveau véhicule sous-marin téléguidé (ROV) peut descendre jusqu’à 305 mètres dans des eaux glaciales.
Arctic UAV travaille avec les entreprises qui fabriquent ces robots et leur propose des tests par temps froid.
«Ce type de partenariat est gagnant-gagnant pour les deux parties. Nous pouvons faire des essais avec de nouvelles technologies et l’entreprise cliente peut dire que son équipement fonctionne dans les eaux arctiques difficiles», explique Kirk Ejesiak.
La cartographie d’un petit port pour Pond Inlet (également connu sous le nom de Mittimatalik), une collectivité située au nord de l’île de Baffin au Nunavut, est un autre projet d’arpentage réalisé par l’entreprise.
Les cartes d’Arctic UAV ont permis de saisir les différences de hauteur entre deux points. À l’aide de ces données, le logiciel de cartographie a pu estimer le volume de matériaux dans un site. Autrement dit, la carte a permis d’estimer la quantité de terre et de roches à enlever avant que commence un projet de construction.
Arctic UAV utilise également des caméras de terrain équipées de panneaux solaires qui prennent des images à intervalles réguliers. Kirk Ejesiak et son équipe télécommandent ces systèmes à partir d’un vieux bus pour le transport de passagères et passagers qui a été transformé en centre de commande.
Kirk Ejesiak est impatient de continuer à travailler et à innover avec la technologie. Il a récemment acheté des imprimantes 3D pour réaliser des modèles en couleur des zones que son entreprise a arpentées.
«Nous ne voulons pas être la meilleure entreprise autochtone de drones. Nous voulons être la meilleure entreprise de drones, affirme Kirk Ejesiak.
Demain, une entreprise concurrente pourrait faire son apparition et la nôtre devra être d’autant plus performante. Nous avons besoin de personnes formées localement, qui comprennent les besoins de notre clientèle et exécutent leur travail dans des conditions extrêmes.»
Tournés vers l’avenir
Travailler avec des drones n’est pas toujours facile. Compte tenu du temps de déplacement et des enjeux techniques, les erreurs peuvent être coûteuses et frustrantes. Kirk Ejesiak et ses pilotes ont été témoins d’écrasements spectaculaires, qui heureusement ne se sont jamais produits à proximité de quiconque.
«Nous pourrions facilement perdre 20 000 $ sur une tâche qui ne donne pas les résultats escomptés. Cela fait partie de nos coûts opérationnels, mais c’est essentiel au succès», déclare Kirk Ejesiak.
Kirk Ejesiak affirme également que le financement de BDC a changé la nature de son entreprise en lui permettant de disposer des liquidités nécessaires pour gérer de grands projets.
«En tant que petite entreprise, nous ne devons jamais être à court d’argent, et quand des imprévus se produisent, il est vraiment utile de disposer de capitaux. Il aurait été impossible de louer des avions affrétés, de payer notre personnel et de réussir à survivre malgré les accidents et les pannes de matériel sans le soutien de BDC.»
Kirk Ejesiak estime que l’époque du personnel occasionnel, c’est-à-dire des personnes qui venaient dans le Nord pour travailler puis repartaient, est révolue. Arctic UAV est fière d’être une entreprise locale.
«Nous voulons utiliser des systèmes plus petits que nous pouvons déployer dans les communautés. Nous voulons former des personnes localement pour piloter ces systèmes. Nous souhaitons procéder à un déploiement rapide et réaliser une imagerie instantanée, et nous voulons créer de magnifiques images fixes et vidéos que nous pourrons partager avec nos communautés.»
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