Comment se comparent les pôles canadiens de capital de risque sur la scène mondiale?
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Le marché canadien du capital de risque a connu des progrès importants au cours de la dernière décennie. Le nombre d’investissements et la valeur de ceux-ci ont considérablement augmenté au cours de cette période, tout comme la taille et le nombre des fonds d’investissement. Les sorties réussies sont également plus nombreuses.
On peut affirmer avec confiance que l’écosystème canadien du capital de risque a évolué. Mais comment les villes ou les pôles de capital de risque qui composent notre marché national se comparent-ils à leurs pairs partout dans le monde?
Un nouveau rapport de PitchBook, qui propose des données sur le capital investissement et des études de marché, peut aider à répondre à ces questions. Publié en octobre 2023, le Classement mondial des écosystèmes de capital de risque (en anglais) utilise des données de PitchBook pour classifier les villes du monde qui sont des pôles de capital de risque selon les critères de pointage suivants :
- développement
- croissance
- pointage global de l’écosystème du marché pointage global
Le pointage global de l’écosystème du marché combine le pointage pour le développement (70 % de la pondération totale) et celui pour la croissance (30 % de la pondération totale) pour fournir un pointage d’ensemble pour chaque ville.
Vous trouverez la méthodologie complète de PitchBook à la fin de ce billet de blogue.
Nous avons communiqué avec PitchBook pour obtenir les dernières données qui soustendent le classement afin d’analyser le pointage des villes canadiennes et de les comparer à celui de leurs paires à l’échelle internationale. L’objectif de l’analyse est de savoir où le Canada se situe sur l’échiquier mondial et de cerner les lacunes et les occasions de faire évoluer l’écosystème.
Le rapport conclut que San Francisco est le principal pôle de capital de risque au monde, suivi de New York, Tokyo, Los Angeles et Boston.
Où se situent les villes canadiennes dans le classement mondial des écosystèmes de capital de risque?
D’abord, la mauvaise nouvelle : il n’y a aucune ville canadienne parmi les 10 premiers écosystèmes mondiaux dans le classement de l’écosystème du marché. Selon ce classement, le pôle de capital de risque le plus avancé au Canada se situe à Toronto, au 30e rang mondial.
La bonne nouvelle maintenant: quatre villes canadiennes se trouvent dans les 104 principaux pôles. Outre Toronto, Montréal (50e), Calgary (59e) et Vancouver (72e) figurent toutes dans la liste.
Vancouver et Montréal se sont classés parmi les 50 premiers sur le plan du pointage pour le développement (39e et 48e, respectivement).
Il y a aussi de très bonnes nouvelles pour Calgary, qui se classe au 7e rang mondial selon son pointage pour la croissance. La ville a attiré des investissements importants dans le secteur des technologies propres. On pense notamment aux investissements récents du Fonds de croissance du Canada dans Eavor Technologies Inc. et Entropy Inc. Au niveau provincial, l’Alberta offre un marché attrayant aux investisseuses et investisseurs qui cherchent à tirer parti de la propriété intellectuelle engendrée par les travaux des laboratoires universitaires bien financés de la région.
Toronto s’est classée devant les autres villes canadiennes en raison de l’importance de la valeur de ses transactions, du nombre de transactions et des sorties. Vient ensuite Montréal, qui compte environ la moitié moins de transactions que Toronto. Montréal accuse un retard encore plus important sur le plan des sorties, alors que Vancouver s’en tire relativement mieux à ce chapitre, se classant presque au même niveau que Toronto.
Figure 1: Classement des écosystèmes de capital de risque des villes canadiennes, selon PitchBook
Emplacement | Rang pour le développement (70 %) | Rang pour la croissance (30 %) | Rang de l'écosystème de marché |
---|---|---|---|
Toronto | 28e | 48e | 30e |
Montréal | 48e | 62e | 50e |
Calgary | 91e | 7e | 59e |
Vancouver | 39e | 104e | 72e |
Source: PitchBook
Le Canada est l’un des pays qui comptent le plus grand nombre de pôles de capital de risque
En ce qui concerne la présence des pôles de capital de risque, le Canada est beaucoup plus diversifié que la plupart des pays du monde. En fait, après les États-Unis, la Chine et l’Inde, le Canada a le plus de pôles de capital de risque avec l’Allemagne et le Royaume-Uni. Cela donne au Canada un avantage pour faire croître l’écosystème en tirant parti des forces de chacun des pôles.
Figure 2: Nombre de pôles de capital de risque dans l’ensemble des pays
Pays | Nombre de pays | |
---|---|---|
États-Unis | 35 | |
Chine | 11 | |
Inde | 8 | |
Canada | 4 | |
Allemagne | 4 | |
Royaume-Uni | 4 | |
Corée du Sud | 3 | |
Australie | 2 | |
France | 2 | |
Israël | 2 | |
Japan | 2 | |
Pays-Bas | 2 | |
Espagne | 2 | |
Suède | 2 |
Source: PitchBook
Quel écart sépare les villes canadiennes de celles qui occupent les 10 premiers rangs?
Nous voulions comprendre en quoi les villes canadiennes sont différentes des 10 meilleurs écosystèmes de capital de risque au monde. Pour ce faire, nous avons calculé la différence entre chaque ville canadienne et le pointage moyen des villes occupant les 10 premiers rangs pour les trois aspects (graphique 2).
Sur le plan de la croissance, Toronto a un peu dépassé le pointage moyen des 10 meilleures villes du monde. Calgary, avec sa 7e place, se classe parmi les 10 meilleurs pointages pour la croissance.
Vancouver et Montréal doivent s’améliorer d’environ 45 % à 50 % pour atteindre le top 10 en terme de pointage pour le développement. L’écart négatif de Toronto comparé au 10 meilleurs pôles pour le pointage de développement est de 36 %.
En ce qui concerne le pointage combiné pour le développement du marché, c’est Toronto qui se rapproche le plus des 10 premiers rangs du classement, tandis que les autres villes canadiennes ont encore beaucoup de chemin à faire.
Figure 3: Écart par rapport à la moyenne des 10 villes ayant le meilleur pointage
Source: PitchBook
3 des 4 villes canadiennes font partie de la catégorie des écosystèmes émergents
En fonction du pointage obtenu pour le développement et la croissance, PitchBook a ventilé les villes en quatre grandes catégories d’écosystèmes.
Figure 4: Les quatre catégories d’écosystèmes de capital de risque
Catégorie d’écosystème | Exemples de villes | Description |
---|---|---|
Chefs de file du marché (market leaders) | San Francisco, Beijing, New York, Shanghai | Les principaux marchés ayant des pointages élevés pour le développement. L’envergure des pôles de cette catégorie limite leur croissance. |
Établis (established) | Londres, Séoul, Los Angeles, Boston, Tokyo | Les marchés qui ont de bons pointages pour le développement et de meilleurs pointages pour la croissance que les chefs de file du marché. |
Émergents (emerging) | Toronto, Montréal, Vancouver, Miami, Paris, Berlin, Washington | Les marchés qui ont des pointages plus faibles pour le développement, mais des pointages relativement plus élevés pour la croissance. Les pôles émergents ont de meilleures chances de se transformer en écosystèmes établis s’ils poursuivent leur croissance. |
Limitrophes (frontier) | Calgary, Dubaï, Houston, Manchester, Prague, Osaka | Les marchés ayant les pointages les plus faibles pour le développement, mais des pointages élevés pour la croissance. |
Les villes canadiennes ne se sont pas particulièrement bien classées dans cette analyse. Toronto, Montréal et Vancouver font partie de la catégorie des marchés émergents, alors que Calgary figure parmi les écosystèmes limitrophes.
Pour passer à la catégorie des chefs de file du marché, il faudrait que Toronto transforme davantage d’entreprises en licornes. À Vancouver et à Montréal, on observe une stagnation, si l’on en croit leur classement peu enviable pour la croissance. L’écosystème de Calgary connaît une croissance exceptionnelle grâce à des entités comme Platform Calgary et Innovate Calgary, qui servent de catalyseurs. En raison de son coût de la vie plus abordable, Calgary est une destination de choix pour les talents, qui y déménagent de plus en plus.
Figure 5: Situation des villes canadiennes en fonction de leurs pointages pour le développement et la croissance
Source: PitchBook
Encore beaucoup de potentiel de croissance pour l’écosystème canadien
Il est clair, d’après ces données, que les villes canadiennes ont encore beaucoup de marge de manœuvre pour s’améliorer quand on les compare aux chefs de file du marché du capital de risque à l’échelle mondiale. Néanmoins, comme cinq villes figurent parmi les 104 écosystèmes de capital de risque les mieux classés, on peut également conclure que le Canada a réussi à se tailler une place en tant qu’important acteur sur la scène mondiale en amenant des entreprises novatrices sur le marché. Si l'on considère que trois villes canadiennes sont classées dans la catégorie des marchés émergents, on peut conclure que le Canada dans son ensemble a le potentiel nécessaire pour devenir un écosystème établi.
La ventilation des résultats indique que le Canada accuse le plus de retard relativement aux indicateurs de développement, comme le nombre de nouvelles licornes, l’absence de mégasorties et un très faible ratio sorties-transactions.
Cela cadre bien avec une analyse semblable que nous avions effectuée en 2020, selon laquelle le Canada s’en tirait très bien au chapitre des sorties de moindre envergure. À l’époque, nous avions conseillé aux entreprises canadiennes financées par du capital de risque d’adopter une vision mondiale dès le premier jour.
Cette nouvelle analyse nous permet de cerner d’autres points à améliorer.
Toronto, par exemple, aurait beaucoup plus de chances de se hisser parmi les 10 meilleurs écosystèmes mondiaux si elle pouvait améliorer son pointage pour la croissance en misant sur la création d’entreprises.
D’autre part, en plus de ses investissements en cours, Montréal a besoin de sorties plus significatives. Vancouver a le problème inverse, ayant besoin de plus d’investissements pour améliorer sa capacité de prendre de l’expansion et améliorer son classement mondial.
Nous avons hâte de travailler avec d’autres partenaires pour continuer à faire croître les écosystèmes de capital de risque dans les villes partout au Canada. Grâce à la collaboration, nous pouvons aider les entreprises novatrices à réaliser leur plein potentiel.
Méthodologie employée par PitchBook pour le classement mondial des écosystèmes de capital de risque
Pour déterminer le pointage des écosystèmes de capital de risque, PitchBook a attribué une valeur numérique à la maturité, à la croissance et à la taille relatives de villes ciblées à l’échelle mondiale. Les données de référence sont tirées de marchés comptant au moins 50 transactions de capital de risque, 20 sorties et cinq fonds de capital de risque au cours des six dernières années (de 2018 à 2024). Ensuite, trois principales catégories ont été établies à des fins de comparaison:
Pointage pour la taille – (du T1 2018 au T1 2024) (35 % de la pondération finale)
- Valeur totale des transactions de capital de risque au cours des cinq dernières années (pondération pour la taille: 16,7 %)
- Nombre total de transactions de capital de risque au cours des cinq dernières années (pondération pour la taille: 25 %)
- Valeur totale des sorties des investissements de capital de risque au cours des cinq dernières années (pondération pour la taille: 16,7 %)
- Nombre total de sorties des investissements de capital de risque au cours des cinq dernières années (pondération pour la taille: 25 %)
- Valeur totale des fonds de capital de risque au cours des cinq dernières années (pondération pour la taille: 8,3 %)
- Nombre total de fonds de capital de risque au cours des cinq dernières années (pondération pour la taille: 8,3 %)
Pointage pour la maturité (35 % de la pondération finale)
- Nombre de mégasorties des investissements de capital de risque (pondération pour la maturité: 18,75 %)
- Nombre de licornes (pondération pour la maturité: 18,75 %)
- Ratio du capital de risque au stade avancé (pondération pour la maturité: 12,5 %)
- Nombre de premières transactions de financement par capital de risque (pondération pour la maturité: 12,5 %)
- Pourcentage de capital de risque non traditionnel (pondération pour la maturité: 12,5 %)
- Ratio sorties-transactions (valeur) (pondération pour la maturité: 12,5 %)
- Valeur médiane préfinancement par capital de risque des entreprises à un stade avancé de développement (pondération pour la maturité: 6,25 %)
- Valeur médiane du capital de risque mobilisé au stade avancé (pondération pour la maturité: 6,25 %)
Pointage pour la croissance (30 % de la pondération finale)
- Élan à court terme : croissance sur un an
- Élan à moyen terme : croissance sur trois ans
- Élan à plus long terme : croissance sur cinq ans
- Élan total: taux de croissance total mobile sur deux ans
- Valeur des transactions de capital de risque (pondération pour la croissance: 16,7 %)
- Nombre de transactions de capital de risque (pondération pour la croissance: 25 %)
- Valeur des sorties des investissements de capital de risque (pondération pour la croissance: 16,7 %)
- Nombre de sorties des investissements de capital de risque (pondération pour la croissance: 25 %)
- Valeur des fonds de capital de risque (pondération pour la croissance: 8,3 %)
- Nombre de fonds de capital de risque (pondération pour la croissance: 8,3 %)
Chacune de ces mesures individuelles est utilisée pour évaluer chaque marché au moyen de notes Z, qui sont converties en pointage de 1 à 100. Le pointage global est ensuite calculé à l’aide des pondérations ci-dessus. On obtient ainsi une mesure qui est relative aux autres marchés inclus dans l’analyse.