Quel est l'impact des femmes sur l'économie canadienne?
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À l'occasion de la Journée internationale des femmes, nous avons voulu souligner et célébrer les rôles multiples et indispensables des femmes dans l'économie canadienne.
Bien que l'égalité entre les hommes et les femmes ne soit pas encore atteint au sein de l’économie canadienne, des progrès significatifs ont été réalisés au cours des dernières décennies. Les femmes contribuent en effet de plus en plus aux gains de productivité, à la consommation, à l'investissement et, en fin de compte, à l'amélioration du bien-être de l’ensemble des Canadiens.
Examinons quelques faits et chiffres qui illustrent l'impact significatif des femmes canadiennes sur l'économie.
Les femmes représentent une force croissante sur le marché du travail
Au fil des ans, la participation des femmes à la main-d'œuvre canadienne n'a cessé d'augmenter.
Le taux d'activité des femmes âgées de 25 à 54 ans, qui était de 52,3 % en 1976, a atteint un niveau record de 85,7 % en septembre 2023.
L'écart entre les taux d'emploi des hommes et des femmes ne cesse également de rétrécir. Il a ainsi enregistré son plus faible niveau à l’automne 2023, lorsque le taux d'emploi des hommes de 25 à 54 ans s'élevait à 87,5 %, comparativement à 81,7 % pour les femmes, soit une légère différence de 5,8 points de pourcentage.
L'augmentation du taux d'emploi des femmes a non seulement contribué à améliorer leur indépendance financière et à réduire leur risque de pauvreté, mais elle a également profité à l'économie canadienne. La promotion de l'intégration des groupes sous-représentés sur le marché du travail permet ainsi aux entreprises de disposer d'une main-d'œuvre plus abondante et plus diversifiée et contribue à réduire la dépendance à l'égard de nombreux programmes sociaux coûteux.
Les femmes sont responsables de 75 à 80 % des dépenses de consommation par le biais de leur pouvoir d'achat ou de leur influence (soit environ 1,2 billion de dollars en 2023).
Elles prennent la plupart des décisions importantes concernant les dépenses du ménage
Les femmes représentent plus de la moitié de la population mais exercent un pouvoir économique bien plus important.
Les dépenses de consommation sont le moteur de la croissance économique du pays. Or, les femmes sont responsables de 75 à 80 % des dépenses de consommation par le biais de leur pouvoir d'achat ou de leur influence (soit environ 1,2 billion de dollars en 2023). Dans les ménages, les femmes sont considérées comme les personnes décisionnaires pour la quasi-totalité des dépenses d'ameublement, de vacances et de maisons, ainsi que pour la majorité des achats d'automobiles et de produits électroniques grand public.
Cette influence sur les décisions d’achat est en partie attribuable au fait que les femmes continuent à effectuer la majorité des tâches ménagères non rémunérées, peu importe qu'elles aient des enfants ou qu'elles soient mariées. Au Canada, on estime que les femmes effectuent 50 % de plus de travaux ménagers que les hommes. Ce travail non rémunéré est évalué à près de 490 milliards de dollars.
Les femmes sont moins bien payées et ne gravissent pas les échelons autant que les hommes
Malheureusement, alors que de plus en plus de femmes travaillent à l'extérieur du foyer, elles restent sous-représentées au sein des conseils d'administration et de la direction d’entreprises. Au Canada, les femmes ne représentent que 20 % des membres des conseils d'administration et 24 % des cadres supérieurs.
Les femmes continuent également à gagner moins que les hommes. Pour chaque dollar gagné par les hommes, les femmes gagnent en moyenne 87 cents.
Bien que les femmes participent de plus en plus à l'économie et terminent leurs études universitaires à un taux plus élevé que les hommes, elles ne semblent toujours pas avoir le même accès aux opportunités économiques. Ce désavantage a un impact direct sur leur sécurité financière et leur bien-être.
Le Canada a besoin de plus de femmes entrepreneures
En outre, les femmes de toutes origines sont sous-représentées parmi les entrepreneurs.
En 2023, 1,2 % des femmes étaient entrepreneures, alors que la moyenne de la population canadienne s'élevait à 2,3 %. Cela signifie que le Canada aurait besoin d'environ 182 000 entrepreneures supplémentaires pour que le taux d'entrepreneuriat atteigne la moyenne du pays et de 185 000 autres pour atteindre la parité avec leurs homologues masculins.1
En d'autres termes, il faudrait presque tripler le nombre actuel d'entrepreneures pour que le taux d'entrepreneuriat des femmes soit égal à celui des hommes au Canada.
L'écart entre les taux d'entrepreneuriat masculin et féminin au Canada
Le Canada est également à la traîne par rapport à son voisin du sud quant au nombre d’entreprises dont les femmes ont la propriété. Actuellement, moins de 18 % des entreprises du secteur privé au Canada sont détenues majoritairement par des femmes. Aux États-Unis, on estime que 40 % des entreprises sont détenues par des femmes.
Le financement est aussi à la traîne. Même si les start-ups dirigées par des femmes génèrent 10 % de plus de revenus cumulés sur cinq ans, elles n'obtiennent pas le même soutien financier. En fait, depuis 2016, les start-ups dirigées par des femmes n'ont reçu que 4,4 % des contrats de capital-risque aux États-Unis. Ces entreprises n'ont recueilli qu'environ 2 % de l'ensemble des capitaux investis.2
Une occasion manquée
L'économie canadienne bénéficierait d'un plus grand nombre de femmes entrepreneures.
Par exemple, les revenus des entreprises appartenant à des femmes ont augmenté environ quatre fois plus vite que la moyenne nationale en 2023 (6,4 % contre 1,7 %). Ces entreprises sont également plus innovantes: 30,6 % des entreprises appartenant à des femmes déclarent avoir mis en œuvre au moins un type d'innovation, contre 27 % des entreprises appartenant à des hommes. Les entrepreneures ont également tendance à se concentrer davantage sur la diversité et l'inclusion.
Ce n’est pas pour rien que le thème de la Journée internationale des femmes, cette année, est "Investir dans les femmes: accélérer le progrès".
Combler l'écart entre les hommes et les femmes ne profite pas seulement aux femmes. C'est une mesure économique intelligente. Assurer la pleine participation des femmes à l'économie permettrait d'ajouter jusqu'à 150 milliards de dollars à l'économie canadienne.
La poursuite des progrès en matière d'égalité entre les hommes et les femmes est un moyen d'améliorer la prospérité économique du Canada, en particulier dans le contexte actuel de baisse de la productivité.
Nous avons tous un rôle à jouer dans ce domaine. Nous devons nous soutenir mutuellement. Nous devons acheter et recommander les produits et services des entreprises dirigées par des femmes. Nous pouvons offrir aide et mentorat à nos collègues féminines qui envisagent de créer une entreprise ou qui demandent des conseils en matière de carrière. Et collectivement, nous pouvons faire pression pour une plus grande égalité des sexes en matière d'embauches, de salaires, de conseils d'administration et de financement.
Nous sommes meilleurs et plus prospères lorsque tous les acteurs de l'économie apportent leur contribution, et nous pouvons tous agir pour faire avancer l'égalité entre les hommes et les femmes.
1 Tableaux spéciaux de l'enquête sur les forces de travail, calculs de la BDC.
2 Analyse de MassChallenge et du BCG, 2018