Lettre économique mensuelle
Restez aux faits de l'évolution des indicateurs économiques clés.
Lire plusComment prospérer en période d’incertitude
L’administration américaine aura finalement mis sa menace à exécution, ou presque. L’imposition de tarifs douaniers, et l’onde de choc provoqué par une telle mesure, a rapidement mené à une trêve d’une durée de 30 jours qui est la bienvenue pour l’économie canadienne. N’empêche : ce récent épisode de tension commerciale est accompagné d’un climat d’incertitude qui risque de perdurer.
Or, de l’incertitude, il y en a toujours. Les dirigeant.e.s d’entreprises connaissent (trop) bien cette réalité. Mais force est d’admettre que les événements perturbateurs se sont multipliés pendant ces deux dernières décennies.
Les périodes de grandes incertitudes peuvent entraîner des répercussions économiques profondes non seulement sur les marchés financiers, mais aussi sur les entreprises et leurs clients. Apprendre à naviguer dans de tels contextes n’est plus un luxe, mais une nécessité pour les entreprises. La bonne nouvelle, c’est qu’elles arrivent généralement à faire preuve de résilience, voire à capitaliser sur les nouvelles opportunités qui en découlent.
En temps de crise, les entreprises doivent souvent s'adapter rapidement pour survivre. Et ce, en misant notamment sur l’innovation pour affronter un défi de court terme et bénéficier de gains à long terme.
La pandémie en est un exemple récent. Face aux restrictions sanitaires et à la fermeture de nombreux commerces, un grand nombre d’entreprises se sont tournées vers le commerce électronique pour maintenir leurs activités.
Le commerce électronique a ainsi connu une croissance spectaculaire pendant cette période, comme en témoigne l’augmentation de 67,9 % des ventes au détail en ligne de février 2020 à juillet 2022. Les entreprises ont innové en améliorant leurs sites web, en offrant de nouvelles options de paiement et en optimisant la chaîne logistique pour répondre à la demande virtuelle accrue. Cette capacité d'adaptation a été cruciale à leur survie et aura créé des opportunités de croissance.
Ainsi, la pandémie a mis en lumière la résilience des entreprises et accéléré des tendances déjà en cours, comme l'adoption du commerce électronique. Cela démontre que, même en période difficile et de grande incertitude, les entreprises peuvent trouver des moyens de s'adapter et de prospérer.
Le récent conflit commercial a mis en lumière la dépendance du Canada envers le marché américain et la nécessité de diversifier ses marchés d'exportation. La situation a également révélé l’importance des barrières non tarifaires au sein même du pays. Bien que le commerce interprovincial ne puisse compenser à lui seul les pertes potentielles sur le marché américain, des réformes favorisant les échanges entre provinces sont attendues.
Comment les entreprises peuvent-elles donc conjuguer croissance et incertitude dans le contexte actuel ?
- Restez informé : il est difficile de s’adapter aux changements qu’on ne voit pas venir. La première étape pour assurer votre agilité est de rester aux faits des développements qui peuvent toucher votre industrie.
- Élaborez un plan stratégique et agissez en conséquence : articulez votre stratégie et demandez l'avis d'un expert. Assurez-vous que vos employés soient prêts à l’exécuter.
- Diversifiez vos clients, vos fournisseurs, votre offre : la diversification est une stratégie clé à adopter pour protéger son entreprise lors de périodes d’incertitudes et de ralentissements économiques, car elle permet une meilleure répartition des risques. Diversifiez vos marchés et vos fournisseurs afin de réduire votre dépendance à un seul d’entre eux.
- Améliorez l’efficacité opérationnelle : pour mieux naviguer en période d'incertitude, optimisez vos processus internes. Adoptez des technologies qui automatisent les tâches répétitives, réduisent les coûts et augmentent la productivité. Une entreprise efficace est plus agile et mieux préparée à faire face aux défis imprévus.
- Renforcez la résilience financière : votre situation financière s’en portera mieux en vous assurant un accès au crédit et à d'autres ressources financières. Cela vous permettra de vous prémunir contre l'incertitude économique et d'investir dans des opportunités de croissance.
Prospérer en période d’incertitude, c’est possible. Il s’agit d’être proactif. En réduisant les risques, vous serez ainsi en meilleure position pour affronter les défis à venir, et ce quel que soit leur nature.
D’un atterrissage en douceur vers une zone de turbulences : la croissance est-elle encore au rendez-vous ?
L'économie canadienne aura une nouvelle fois l’occasion cette année de prouver sa capacité de résistance. Alors que l'incertitude s'est fortement accrue ces dernières semaines, le sursis de 30 jours accordé à l’imposition de tarifs douaniers des deux côtés de la frontière doit être considéré comme une bonne nouvelle pour les deux économies.
Des fondations économiques solides
L'économie canadienne repose sur des bases solides. À preuve : malgré les défis posés par les incertitudes économiques mondiales, le Canada a réussi à maintenir un environnement économique stable
Cette résilience repose en grande partie sur la solidité du marché du travail. Le taux de chômage national est tombé à 6,6 % en janvier, alors que l'économie a créé 76 000 emplois au cours de ce mois.
Cette performance du marché du travail, en ce début d’année qui commence dans un environnement économique stable et favorable, devrait ainsi atténuer l'impact des incertitudes.
L'indice des prix à la consommation (IPC) a connu une croissance régulière, ce qui indique que l'inflation est bien maîtrisée. La Banque du Canada a fixé un objectif d'inflation de 2 %, et le taux de 1,8 % atteint en décembre se situe dans cette fourchette.
Taux d'intérêt et politique monétaire
Les taux d'intérêt ont considérablement baissé, ce qui donne à la Banque du Canada une plus grande marge de manœuvre pour répondre aux fluctuations économiques.
Le taux d'intérêt directeur de la banque centrale s'établit à 3,0 % après une nouvelle réduction de 25 points de base à la fin de janvier, ce qui est nettement inférieur à celui affiché il y a seulement six mois. Cet environnement de taux d'intérêt plus bas, qui rend donc les emprunts plus abordables pour les entreprises et les consommateurs devrait soutenir la croissance économique.
Les entreprises et les consommateurs qui ont contracté des prêts à taux variable ont déjà plus d'argent à dépenser ailleurs qu'en intérêts. Dans l'ensemble, nous pouvons nous attendre à ce que l'efficacité de la politique monétaire ait un impact plus important sur les différents taux d'intérêt, et pas seulement sur les taux variables. Plus les taux seront bas, plus la Banque du Canada aura soutenu l'emprunt au détriment de l'épargne.
En outre, à partir du 30 janvier, le taux de dépôt du Canada sera légèrement inférieur au taux directeur principal, et la Banque du Canada mettra fin à son resserrement quantitatif. Ces mesures sont plus techniques, mais elles visent toutes deux à rendre la politique monétaire plus efficace, puisque les baisses de taux précédentes n'ont pas ralenti les taux d'intérêt effectifs autant que prévu.
Croissance malgré tout
Le PIB réel a ralenti de 0,2 % entre novembre et octobre 2024, mais l'activité économique a probablement augmenté au rythme annualisé de 1,2 %.
Malgré un avenir incertain, dans le contexte actuel, l'économie canadienne devrait continuer à croître en 2025 et même s'améliorer par rapport à l'année dernière. Les Services économiques de BDC prévoient que le PIB atteindra 1,5 %.
Les perspectives se sont nettement améliorées depuis la pause de 30 jours sur les menaces d’application de droits de douane. L'environnement est moins risqué que ce que l'on craignait et, même si les intentions d'investissement resteront probablement faibles pendant un certain temps, la consommation des ménages a toujours été le moteur de la croissance de l'économie canadienne.
La baisse des taux d'intérêt devrait donc continuer à stimuler le marché résidentiel et les dépenses des ménages en 2025
L’impact pour votre entreprise ?
- Tarifs douaniers ou non, les consommateurs restent le moteur de la croissance et devraient continuer à augmenter leurs achats. Dans ce contexte, il sera essentiel de surveiller de près vos stocks pour ne pas risquer d’en avoir trop ou pas assez et de rater des ventes.
- Les taux d'intérêt étant toujours orientés à la baisse, le moment est bien choisi pour revoir votre plan stratégique dans le contexte actuel.
- L'incertitude est grande, mais la suspension des tarifs pour une durée de 30 jours a laissé l'économie dans un environnement moins risqué qu'à la fin de janvier. Il n'est pas trop tard pour adopter de bonnes pratiques et adapter les finances de votre entreprise en conséquence.
Le Québec rebondit plus vite que prévu
L'économie du du Québec a commencé à montrer des signes de reprise avant même le début des baisses de taux. La province a en effet rapidement rebondi en 2024, après avoir subi une courte récession technique en 2023. Une forte consommation, des investissements résidentiels plus élevés et des exportations en hausse ont contribué à une solide croissance l'année dernière.
Or, cette croissance devrait se poursuivre en 2025. Les baisses de taux devraient alléger le fardeau de la dette des propriétaires et stimuler les dépenses, de même que l'activité sur le marché immobilier. Les investissements majeurs dans la production d'électricité, les de véhicules électriques et les usines de batteries apporteront également de l’eau au moulin.
Les ménages devraient stimuler la consommation
Malgré la hausse des taux d'intérêt, les ménages québécois ont su maintenir leur niveau d'épargne depuis le 1er trimestre 2022. De solides gains salariaux et des niveaux d'endettement relativement plus faibles ont aidé les Québécois à surmonter le resserrement des conditions financières au cours des deux dernières années, ce qui a soutenu la croissance observée en 2024. Les ménages ont entamé l'année 2025 sur des bases solides : épargne inutilisée, taux d'intérêt plus faibles et niveaux d'inflation relativement plus bas dans la province.
Les ménages ont entamé l'année 2025 sur des bases solides : épargne inexploitée, taux d'intérêt plus faibles et niveaux d'inflation relativement plus bas dans la province.
En outre, des mesures fiscales nationales et provinciales apporteront aussi un soutien au budget des ménages québécois en 2025. Dans l'ensemble, les conditions sont donc réunies pour que les dépenses augmentent cette année.
Un marché immobilier toujours dynamique
La construction résidentielle a joué un rôle important dans la croissance observée l'année dernière, les mises en chantier s’étant accélérées de manière significative au début de 2024. La croissance démographique et les politiques relatives aux règles d'urbanisme ont joué en faveur de l'investissement résidentiel. En moyenne, la province a ajouté près de 10 000 unités de logement supplémentaires en 2024 par rapport à 2023. Le marché immobilier s'est également redressé en 2024 : les ventes de logements, alimentées par la baisse des taux, ont ainsi augmenté de 19 %. Malgré le plafonnement temporaire de l'immigration des non-résidents, le déséquilibre du marché (alors que l’offre demeure trop limité par rapport à la demande) et la baisse des coûts d'emprunt devraient à nouveau soutenir le marché du logement et maintenir le rythme de la construction en 2025.
L'affaiblissement du dollar soutiendra les exportations, mais l'incertitude plane
La province a bénéficié d'une performance économique américaine exceptionnelle pendant la période de taux d'intérêt élevés. Les exportations, au troisième trimestre 2024, ont atteint leur plus haut niveau depuis 2021.
La demande en provenance des États-Unis devrait rester solide en 2025 et la faiblesse durable du huard favorisera les exportations. Toutefois, l'incertitude générée par d'éventuels droits de douane américains pèse sur le secteur des exportations. À l'heure où nous écrivons ces lignes, les détails concernant les droits de douane ne sont pas encore connus.
De nouveaux tarifs ciblés sur l'aluminium, en particulier, pourraient ajouter une pression supplémentaire sur l'économie de la province.
Nous prévoyons une hausse des exportations, du moins au cours du premier trimestre de l'année, alors que les entreprises américaines auront augmenté leurs achats en attendant les résultats définitifs des négociations commerciales entre les deux pays.
Des vents contraires empêcheront la province d'atteindre son potentiel, mais la croissance devrait s'accélérer
L'incertitude crée beaucoup d'inconnues pour les entreprises et freine les intentions d'investissement. L'industrie manufacturière fait face à des perspectives mitigées, car elles seront influencées par l'évolution de la demande américaine pour des produits de pointe tels que le bois, l'aérospatiale et certains transformateurs de métaux.
La demande de biens durables augmentera, ce qui soutiendra certaines activités industrielles. Comme pour l’ensemble du pays, les dépenses de consommation et le logement continueront à soutenir la croissance. De grands projets d’infrastructures renforceront la position du Québec dans la chaîne d'approvisionnement en batteries et la production d’électricité, ce qui profitera à l'ensemble de la province.
L'impact sur votre entreprise
- La baisse des taux d'intérêt réduit l'endettement des consommateurs, ce qui libère des liquidités pour les dépenses. Cela pourrait stimuler les ventes en ciblant des marchés spécifiques.
- Les investissements majeurs dans certains secteurs auront des effets d'entraînement sur l'économie. C'est le bon moment pour évaluer comment votre entreprise peut tirer parti des opportunités dans votre secteur.
- Tout moment est propice à la révision de votre stratégie et de votre plan : Demandez conseil et laissez-vous guider. Profitez de l'assouplissement des conditions de crédit et de la baisse des taux d'intérêt pour renforcer votre position financière. Cela vous permettra de vous prémunir contre l'incertitude économique et de vous positionner pour investir dans des opportunités de croissance.