Incertitude commerciale: Explorez les ressources et des outils pour votre entreprise.

Incertitude commerciale: Explorez les ressources et des outils pour votre entreprise.

Avril 2025

Lettre économique mensuelle

Restez aux faits de l'évolution des indicateurs économiques clés.

Lire plus
La une économique

Pause de 90 jours sur la dernière ronde tarifaire : ses répercussions sur le Canada, l’économie mondiale et votre entreprise

Dans un revirement spectaculaire, la Maison Blanche a annoncé une pause de 90 jours et apporte des amendements importants à la dernière série de tarifs douaniers (les tarifs réciproques.)

Alors que les tensions commerciales au premier trimestre s’avéraient circonscrites davantage en Amérique du Nord et en Chine, voilà que l’administration américaine a annoncé une série de «tarifs réciproques» qui a pour effet de dérégler l’ordre commercial international tel qu’on le connaît depuis plusieurs années.

L’administration américaine souhaite ainsi, entre autres, réduire son déficit commercial qui a atteint des niveaux sans précédent en janvier et février 2025. Le 2 avril, la plus importante puissance économique mondiale a donc annoncé des droits de douane visant presque tous les pays. 

Mais voilà, une nouvelle pause de 90 jours sur les droits de douane a été annoncée le 9 avril in extremis, le jour où les droits de douane réciproques devaient frapper (presque) le monde entier.

Nouvelle ronde tarifaire : Canada vs. reste du monde

Les annonces se multiplient et il en vient difficile de savoir ce qui est désormais sujet à des droits de douane et à quelle hauteur.  

Les États-Unis imposent des droits de douane d'au moins 10 % à tous les pays à compter du 5 avril, mais des droits de douane « réciproques » spécifiques à certains pays et produits étaient prévus à partir du 9 avril.

Grosso modo, plus le déficit commercial américain avec un partenaire était important, plus le tarif imposé à cette nation serait élevé.

Mais voilà, le 9 avril, les droits de douane spécifiques à chaque pays ont été ramenés à un taux universel de 10 % et bénéficient d'une pause de 90 jours pour tous les partenaires commerciaux, à l'exception de la Chine qui a plutôt vu son taux de droits de douane grimper à 125 %.

Alors que le Canada semblait avoir évité une nouvelle ronde de droits de douane à la suite de l'annonce du 2 avril, les changements du 9 avril devraient quant à eux affecter le Canada selon le secrétaire américain au Trésor. À l'heure où nous écrivons ces lignes, l'impact spécifique sur le Canada n'est pas encore tout à fait clair.
 
D'une part, les entreprises canadiennes des secteurs de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium sont encore assujetties aux tarifs de 25 % et les exportations canadiennes de bois d’œuvre pourraient se voir imposer des tarifs supérieurs (ces derniers passeraient de 14 % à 34 %).

Dans l’ensemble, toutefois, les produits canadiens n'étaient d'emblée pas soumis au nouveau tarif minimal de 10 %. Le Canada semble donc conserver un certain avantage, par rapport au reste du monde, pour accéder au marché des États-Unis. Les produits canadiens demeurent une option abordable par rapport aux autres pour les Américains car les exporations conformes à l'ACEUM bénéficient encore des droits de douane de 0 %.

Ce n’est pas la fin (totale) du commerce international

Les échanges internationaux jouent un rôle crucial dans l'économie mondiale, agissant comme un puissant moteur de croissance, de développement et de prospérité pour les nations. Le commerce international reprenait tout juste de la vigueur à la fin de 2024. Mais la situation commerciale actuelle devrait affecter de manière significative le volume des échanges et freiner par le fait même la croissance économique mondiale.  

La Chine a déjà réagi en imposant des droits de douane de 84 % sur les importations de tous les produits américains, avant que l'administration américaine déclare la pause de 90 jours aux droits de douane réciproques et n'augmente les tarifs à 125 % sur les produits chinois. Cette guerre commerciale pourrait déclencher un ralentissement brutal de l'économie mondiale et raviver l'inflation.

Même les entreprises diversifiées (ou exemptées de droits de douane sous l’ACEUM), qui transigent sur plusieurs marchés, pourraient subir les effets néfastes des tarifs et les contre coups du marché. Bon nombre d’entre elles sont en effet confrontées à des pressions de coûts et des compressions de leurs marges, alors que des maillons de leurs chaînes d’approvisionnement se voient imposés des tarifs.

Ainsi, l'annonce de tarifs douaniers plus sévères que prévu a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers, faisant chuter les actions mondiales. C’est 5 billions de dollars américains qui se sont évaporés entre le 2 et le 4 avril seulement. Les turbulences sur les marchés boursiers se sont atténuées après l'annonce de la pause de 90 jours, mais les pertes de richesse mondiale pourraient également peser sur l'économie réelle.

Le manufacturier encore au front

Les fabricants sont aux avant-postes de l'économie mondiale. Leurs observations de la situation et les décisions qu'ils prennent en matière de dépenses et d'embauches peuvent rapidement affecter la croissance mondiale. Il s’agit aussi, évidemment du secteur le plus sensible aux droits de douane.

Les droits de douane américains sur les matières premières canadiennes – dont l’acier, l’aluminium, vont probablement entraver les exportations canadiennes de ces produits parce qu'ils augmentent le prix payé par les importateurs américains.

L'industrie pétrolière et gazière, ainsi que les secteurs des transports, de la construction et des biens de consommation sont tous d'importants utilisateurs de ces produits encore sujets aux tarifs. Or, le ralentissement de la demande se fait déjà sentir au sud de la frontière et au Canada. L’économie américaine semble donc effectivement se diriger vers un cycle de stagflation, c’est-à-dire une période économique caractérisée par une inflation au-delà de la cible et une faible croissance.

Environ 640 000 emplois dans l'industrie manufacturière canadienne dépendent de la demande américaine. Cette dépendance est encore plus importante dans le secteur de l'automobile, où près de 7 emplois sur 10 sont liés aux exportations vers les États-Unis. L’ampleur du défi est sans contredit de taille pour les industries manufacturières (principalement liés aux secteurs de l’acier, de l’aluminium et de l’automobile). D’ailleurs, le ralentissement économique du Canada sera principalement senti par ces industries directement affectées par ces tarifs et dans les régions où ces industries sont fortement représentées.

Le bon côté des choses (si on ose dire)? 

La dernière annonce devrait lever une partie de l'incertitude. Maintenant que l'administration américaine a fourni plus de détails sur ses mesures tarifaires, les entreprises sont mieux à même de s'y adapter et de gérer les tensions commerciales de manière appropriée.

Perspectives canadiennes

L’économie canadienne sera mise à rude épreuve mais évitera le pire

Au cours des dernières semaines, l'économie canadienne a fait face à une accumulation de défis causés par des facteurs tant nationaux qu'internationaux. Depuis l’annonce officielle du 2 avril, concernant l’imposition de droits de douane par les autorités américaines, l’économie canadienne (et mondiale) y voit un peu plus claire quant à la suite des choses. L'incertitude qui planait au-dessus des ménages et des entreprises diminuera probablement d’un cran dans les prochaines semaines, alors que le Canada a été exempté des droits de douanes réciproques annoncés lors du jour de la libération américaine. L’économie canadienne sera toutefois mise à rude épreuve puisque les droits douanes déjà imposés (voir article principal pour plus de détails) continueront à avoir des répercussions sur l’économie. Un ralentissement économique s’avère donc inévitable, mais l’ampleur dépendra de la durée de la mise en œuvre des droits de douane.

Un début d’année robuste

L'économie canadienne a débuté l'année sur des bases solides, avec une augmentation du PIB de 0,4 % en janvier qui suivait une hausse de 0,3 % en décembre. Cependant, le niveau élevé d’incertitude a poussé les entreprises canadiennes à retarder leurs investissements, à freiner les embauches et à adopter des stratégies de réduction des dépenses. Statistique Canada prévoit ainsi une croissance atone du PIB canadien pour février.

L’emploi en péril dans certains secteurs

Les menaces de droits de douane ont affecté directement les entreprises, tandis que les consommateurs sont devenus de plus en plus prudents, reflétant des inquiétudes concernant l'économie et l'emploi. En mars, le nombre d'emplois a diminué (-33 000) de manière significative pour la première fois depuis janvier 2022. Ce recul est probablement attribuable aux secteurs clés visés par ces droits de douanes puisque les pertes se sont concentrées en Ontario et en Alberta.

Les postes vacants sont en baisse et on ne signale toujours pas de mises à pied massives, selon les données disponibles. Le ralentissement de l'emploi pourrait toutefois affecter davantage la confiance des consommateurs. Nos enquêtes montrent que plusieurs sont inquiets de l’avenir économique du pays et près de la moitié des consommateurs canadiens prévoient de réduire leurs dépenses cette année.

Quels impacts pour l’inflation et les taux d’intérêt?

La Banque du Canada doit annoncer sa prochaine décision sur le taux directeur le 16 avril. BDC s’attend à une possible baisse de 25 points de base à 2,5 %. Mais la hausse de l'inflation de 2,6 % en février, supérieure aux attentes, pourrait amener la Banque à ne pas bouger jusqu'à ce que l'effet des droits de douane soit mieux compris. Les tarifs des deux côtés de la frontière auront un effet à la hausse sur l'inflation, mais la demande mondiale et intérieure devrait ralentir davantage, notamment en cas d’une plus grande perte d'emplois au pays. Selon notre équipe économique, d'autres baisses de taux sont envisagées.

La hausse de l’inflation en février est due en partie à des facteurs temporaires. Il est également important de noter que les droits de douane influenceront les prix des biens, qui avaient enregistré une hausse de 1,5 % en février. Par ailleurs, l’inflation des prix des services se situe entre 3,5 et 4,0 % depuis des mois. L’augmentation de l’inflation dans ce secteur est fortement liée à la croissance des salaires. Mais, la pression sur les prix des services pourrait diminuer avec le ralentissement du marché du travail. 

En résumé, bien que l’inflation globale puisse augmenter, elle ne devrait pas dépasser de manière significative la fourchette cible.

Les tensions commerciales n’auront pas freiné les échanges canado-américains

Les exportations canadiennes ont atteint un sommet en janvier, mais elles ont ralenti en février. Ce ralentissement était anticipé car les États-Unis ont probablement accéléré l’achat de biens canadiens avant l’imposition de droits de douane.

Cependant, le Canada a continué ses échanges internationaux. En février, il semble que l'achat de biens exempts de droits de douane au Canada ait augmenté plus rapidement puisque les importations canadiennes sont restées élevées. Rien d’inquiétant ici car il n’est pas rare que les importations soient légèrement supérieures aux exportations au Canada.

Concernant les taux de change, le dollar canadien a atteint 70 cents US après l'annonce des droits de douane du 2 avril et l’atténuation de l’incertitude économique. Bien que le dollar canadien devrait rester faible, en raison des différences de taux directeurs avec les États-Unis, il pourrait performer mieux que prévu initialement puisque la confiance envers l’économie des États-Unis s’affaiblit et agit négativement sur la devise américaine. À ce niveau, la devise canadienne est toujours plus favorable aux exportations et au commerce intérieure.

En bref…

L’économie canadienne navigue dans un paysage complexe de tensions commerciales et de décisions politiques nationales. Le climat d'incertitude demeure présent, mais devrait s’atténuer à la suite des plus récentes annonces. Pour l’instant, le Canada a évité le pire en matière de droits de douane, bien que les entreprises des secteurs de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium doivent faire face à des défis importants.

Nous avons révisé à la baisse nos prévisions de croissance du PIB canadien en 2025, avec une augmentation de 0,8 % (contre 1,2 % précédemment). Cette révision reflète désormais les seuls droits de douane affectant les marchandises canadiennes à ce jour. 

L’impact pour votre entreprise

  • Le ralentissement est là et se maintiendra. Si vous n'êtes pas encore prêt, c'est le moment ou jamais d'agir alors que les détails concernant la guerre commerciale tarifaire sont davantage connus.
  • Les consommateurs vont probablement continuer à ralentir leurs achats d'articles coûteux, de sorte que les détaillants devront peut-être améliorer la valeur de leur offre de produits pour réaliser des ventes. Toutefois, l’engouement pour les produits faits au Canada étant encore bien présent, assurez-vous d’ajuster vos campagnes et image de marque en conséquence.
Perspectives provinciales

Les économies des Prairies résistent aux turbulences commerciales

Alberta

L'économie de l’Alberta, confrontée aux taux d’intérêt élevés en 2024, s'est montrée résiliente grâce à la vigueur de la consommation et à une reprise rapide des ventes de logements au dernier trimestre de l’année.

L'expansion du TMX a créé un élan dans le secteur pétrolier, la production ayant atteint des niveaux record en 2024. Avec des taux d'intérêt plus bas, et peu de tarifs ayant un impact direct sur la province, la croissance devrait rester forte en 2025 et égaler les niveaux de 2 % atteints l'an dernier. De grands projets contribueront à stimuler l'économie dans les années à venir, positionnant l'Alberta au premier rang des provinces.

Contrairement à la moyenne nationale, où la croissance démographique devrait diminuer en raison du plafonnement des taux d'immigration, l'Alberta devrait connaître une forte augmentation de sa population de 2 %, tandis que celle du Canada devrait diminuer de 0,5 %. Cette croissance démographique stimulera les dépenses des ménages ainsi que la demande de logements.

La production de pétrole compensera en partie la pression à la baisse sur ses prix. L'augmentation de l'offre des producteurs de l'OPEP, l'incertitude accrue en ce début d'année et les droits de douane imposés à la Chine et à d'autres pays exerceront une pression à la baisse sur les prix du pétrole cette année.

Toutefois, la production de pétrole continuera d'augmenter en Alberta afin de répondre non seulement à la demande des États-Unis, mais aussi à celle d'autres pays, car les producteurs pourraient chercher à diversifier leurs marchés. 

Saskatchewan

L'économie de la Saskatchewan est restée résiliente en 2024, grâce à une forte consommation des ménages, à une activité décente dans les secteurs minier et énergétique, et à de solides investissements résidentiels et non résidentiels.

Les exportations ont augmenté depuis le quatrième trimestre 2024 et devraient rester fortes car les principaux produits vendus aux États-Unis ne sont pas soumis aux droits de douane. 

Toutefois,  la pression sur l'huile de canola en provenance de la Chine (droits de douane de 100 %) persiste malgré les exemptions sur les graines de canola. La solidité du marché de l'emploi maintient le taux de chômage à un faible niveau (5,4 %) dans la province. Ces conditions sont favorables à ce que les ménages continuent à dépenser en 2025.

Dans l'ensemble, la croissance du PIB devrait augmenter légèrement pour atteindre 1,6 % en 2025, soutenue par des taux d'intérêt plus bas, un marché de l'emploi solide et de grands projets tels que la phase 2 de la mine de potasse à Jansen, d'une valeur de 6,4 milliards de dollars, qui soutiendront l'investissement et l'emploi.

Manitoba

L'économie du Manitoba a ralenti en 2024 en raison des taux d'intérêt élevés et 2025 s'annonce également difficile pour la province.

Malgré sa structure diversifiée, le secteur de la fabrication d’équipements de transport du Manitoba représente une part importante (16 %) de son industrie manufacturière qui restera sous pression cette année en raison des tarifs douaniers. 

Les tensions commerciales du début de l'année ont pesé lourdement sur les intentions d'investissement et la confiance des consommateurs. 

Les droits de douane étant désormais plus définis, le sentiment de confiance devrait se redresser parmi les entreprises qui ne sont pas touchées et les consommateurs devraient aussi en ressentir les effets avec le temps.

La baisse des taux d'intérêt devrait soutenir les dépenses dans les années à venir. Les dépenses publiques soutiendront également la croissance au cours des cinq prochaines années, avec 4,1 milliards de dollars alloués aux projets d'infrastructure. Si certains secteurs bénéficieront de la hausse des prix des produits de base, tels que l'or et le cuivre, d'autres auront du mal à s'en sortir.

 La croissance du Manitoba restera modeste cette année, à 0,9 %. 

L'impact sur votre entreprise

  • Examinez votre situation financière et identifiez les points douloureux et les stratégies pour devenir plus résilient. 
  • Le contexte économique étant maintenant plus clair, commencez à planifier vos projets de croissance et vos investissements pour bénéficier de la baisse des coûts d'emprunt.
Votre vie privée

BDC utilise des témoins de navigation (cookies) pour améliorer votre expérience sur son site et à des fins publicitaires, pour vous offrir des produits ou des services qui sont pertinents pour vous. En cliquant sur «J’ai compris» ou en poursuivant votre navigation sur ce site, vous consentez à leur utilisation.

Pour en savoir plus, consultez notre Politique de confidentialité.