Imbritech: Les compétences non techniques, un atout qui aide à façonner l’acier

Les compétences en communication de Susy et Cathy Imbriglio et l’importance qu’elles accordent au soutien aident leur entreprise d’usinage, Imbritech, à se démarquer et à relever les défis auxquels font face nombre de propriétaires d’entreprise

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Cathy et Susy Imbriglio, Copropriétaires, Imbritech

Les sœurs Imbriglio n’ont pas été épargnées par certains des défis les plus importants auxquels les propriétaires d’entreprise font face partout au pays, surtout la pénurie de main-d’œuvre.

Leur entreprise d’usinage, Imbritech, qui fabrique des pièces pour les secteurs des pâtes et papiers, de l’aviation, de l’hydroélectricité et des véhicules utilitaires, a toujours eu de la difficulté à trouver des personnes prêtes à fraiser, à tourner et à souder de l’acier.

«C’est encore plus difficile aujourd’hui, explique Cathy Imbriglio, qui raconte avoir perdu une personne récemment au profit d’une grande société aérospatiale québécoise.

Selon sa sœur Susy Imbriglio, administratrice d’Imbritech, l’entreprise d’usinage de pièces de machines qu’elles dirigent ensemble, qui compte un effectif de 11 personnes y compris elles, ne peut pas rivaliser avec les grands noms du secteur.

«Nous exploitons un petit atelier d’usinage.»

Imbritech manque toujours de personnel, et le remplacement des personnes qui partiront bientôt à la retraite préoccupe les deux sœurs.

Le duo évoque plusieurs raisons pour expliquer ses difficultés de recrutement : une baisse dans la relève de l’usinage, une diminution du nombre de places dans les programmes de formation et un déclin du type de travailleuses et de travailleurs manuels (comme leur père Benny, qui a contribué à fonder Imbritech).

Toutefois, la pénurie de main-d’œuvre touche également les fournisseuses et fournisseurs et les organismes de réglementation, qui voient leurs propres délais s’allonger. Les retards dans l’approbation des nouvelles pièces par les ingénieures et ingénieurs en sont un exemple.

«Les délais sont très longs parce qu’ils n’ont tout simplement pas assez de personnel à l’heure actuelle », confie Cathy Imbriglio, qui ajoute que les demandes des clientes et clients, qui souhaitent savoir quand la pièce arrivera, créent une pression encore plus forte.

À cette liste de défis s’ajoute la hausse de l’inflation au Canada, qui a entraîné une augmentation du coût des matériaux, mais aussi du coût de la main-d’œuvre, ce qui fait qu’il est plus difficile de rivaliser avec les grands acteurs qui disposent de beaucoup de ressources et qui attirent les talents.

C’est la communication qui nous distingue des autres ateliers d’usinage. C’est pourquoi bon nombre de nos clientes et clients font désormais partie d’un groupe rapproché. Nos relations dépassent le cadre des affaires; il arrive qu’on nous appelle simplement pour savoir comment nous allons.

Les compétences en communication sont essentielles

Imbritech a trouvé des façons de tirer son épingle du jeu non seulement dans la situation actuelle, mais aussi depuis 2009, année où Benny, sa femme Teresa et sa fille Susy ont lancé l’entreprise. Cathy, qui travaillait à l’époque pour Pratt & Whitney Canada, s’est jointe à Imbritech à titre de gestionnaire de la production en 2012.

Les sœurs se sont lancées en affaires au cours d’une période pendant laquelle l’entrepreneuriat a reculé au Canada et où de nombreuses petites entreprises se sont heurtées à un contexte commercial de plus en plus complexe.

En 2014, les sœurs ont pris les rênes de l’usine de Laval, leur père assurant le contrôle de la qualité. Une bonne communication a toujours été au cœur de la gestion de l’entreprise, qu’il s’agisse d’informer honnêtement la clientèle ou d’aider une employée ou un employé à comprendre un élément de technologie.

«Je pourrais vous dire exactement quelle machine effectue quel travail en ce moment,» raconte Cathy Imbriglio, qui ajoute qu’une grande partie de son travail consiste à tenir la clientèle au courant de l’évolution de la situation. «Je suis constamment en contact avec les clientes et les clients, et je pense que c’est quelque chose qui leur plaît.»

Pour sa sœur, ce sont ces compétences en communication qui distinguent Imbritec des autres ateliers d’usinage. Elle ajoute que bon nombre de leurs clientes et clients font partie d’un groupe rapproché. «Nos relations dépassent le cadre des affaires, dit-elle. Il arrive qu’on nous appelle simplement pour savoir comment nous allons.»

Maintenir les compétences du personnel à jour

Offrir de la formation supplémentaire au personnel est un moyen éprouvé de conserver les talents et de surmonter les difficultés de l’entrepreneuriat.

Les sœurs savent à quel point le perfectionnement professionnel peut contribuer à la satisfaction et à la fidélisation du personnel. Même si Imbritech est une petite entreprise, elles veillent à ce que ses travailleuses et travailleurs soient au courant des derniers changements technologiques concernant les machines à commande numérique par ordinateur et les autres équipements qu’elle utilise.

L’entreprise fait appel à une personne responsable de la programmation pour travailler avec les opératrices et opérateurs et les former par rapport aux mises à jour des logiciels et aux changements apportés aux machines.

L’usine est également un espace où les travailleuses et travailleurs peuvent s’exprimer si elles ou ils ont des difficultés à comprendre un point technique, ce qui illustre une fois de plus l’importance que les sœurs accordent à la communication avec les autres.

Pour ce qui est de leur propre perfectionnement professionnel, elles disent que les activités qui leur sont les plus utiles sont les activités de réseautage qui leur permettent d’apprendre comment d’autres petites entreprises gèrent des problèmes comme la fidélisation du personnel.

Quand on rencontre l’échec, il faut l’assumer. L’important, c’est de se relever et de continuer.

Avoir la résilience nécessaire pour continuer

Les sœurs attribuent leur capacité à évoluer dans un secteur dominé par les hommes aux leçons qu’elles ont reçues de leurs parents.

Elles ont toutes les deux été victimes de préjugés sexistes. Lors d’une conférence, elles ont expliqué à quelqu’un qu’elles dirigeaient une entreprise et cette personne leur a demandé s’il s’agissait d’un spa. Une autre fois, elles ont rencontré un homme qui n’a cessé de leur répéter qu’il n’arrivait pas à croire que deux femmes dirigeaient une entreprise d’usinage.

Susy Imbriglio se demande pourquoi une entreprise d’usinage dirigée par des femmes devrait être perçue différemment. «Quelle différence cela peut-il faire?»

La première fois que Cathy Imbriglio a été confrontée à des réactions défavorables, c’était au CÉGEP, où son professeur a remis en question son choix de faire des études en génie, et cela s’est poursuivi à l’université, où un professeur l’a accusée à tort, elle et la seule autre femme de la classe, de copier sur les étudiants masculins. Plus récemment, on lui a dit qu’elle était trop belle pour diriger une entreprise d’usinage et un homme s’est présenté à son bureau pour la voir en personne après avoir vu sa photo LinkedIn.

Rien de tout cela n’a découragé les deux sœurs, cependant, et la résilience (ou «ténacité») dont elles font preuve est le facteur le plus important de réussite en entrepreneuriat, selon une étude réalisée auprès de 1250 propriétaires d’entreprise par BDC en 2023.

Susy Imbriglio précise que l’éducation qu’elle et sa sœur ont reçue les a bien préparées.

«Nous avons été élevées par une mère très forte qui ne laisse jamais personne lui dire quoi faire, et par un père qui ne nous traitait jamais différemment parce que nous étions des femmes, qui ne nous disait jamais que nous ne pouvions pas être dans son atelier.»

Entraide entre sœurs

Il existe un lien entre la capacité d’Imbritech à surmonter divers défis et le soutien que les sœurs Imbriglio s’apportent mutuellement.

Lorsque leur père s’est retiré de l’entreprise au début de 2023 pour des raisons de santé, Cathy Imbriglio a assumé ses fonctions en plus de son travail habituel.

«Je répondais à la clientèle, je commandais des matériaux et des outils, je répondais aux nombreuses questions du personnel. Je devais également participer aux inspections et m’occuper des expéditions.»

«Cathy était submergée, explique sa sœur. On a dressé une liste de tout ce qu’elle devait faire. En transposant sur papier les idées qu’on a en tête, on peut vraiment réduire la charge mentale qui pèse sur soi.» Elle ajoute que ce soutien doit être offert aux membres de son personnel. «La maladie mentale est une grande préoccupation en ce moment. C’est pourquoi nous disons à toutes et à tous que notre porte est toujours ouverte. Nous voulons que tout le monde puisse nous parler.»

Cathy Imbriglio affirme que les leçons familiales les ont également aidées à traverser les périodes difficiles. «Nos parents nous ont appris à être fortes et à ne pas nous laisser abattre par les événements. Ils nous ont enseigné que quand on rencontre l’échec, il faut l’assumer. L’important, c’est de se relever et de continuer, en conservant ce que l’on a appris de l’expérience.»

Susy et Cathy Imbriglio ont trouvé des façons d’atténuer les défis engendrés par les pénuries de main-d’œuvre, l’inflation et les taux d’intérêt élevés. Les compétences en communication et le soutien qu’elles s’apportent l’une l’autre et qu’elles appliquent avec les membres de leur personnel, leur clientèle et leurs fournisseuses et fournisseurs, que ce soit par des communications fréquentes, des possibilités de formation ou des activités de groupe, aident Imbritech à tirer son épingle du jeu malgré les vents contraires.

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