Cette petite entreprise brasse des affaires avec succès

La clé du succès pour les cofondatrices de Port Rexton Brewing? Le respect, la résilience et l’adaptabilité.
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Sonja Mills (gauche) et Alicia MacDonald (droite), co-propriétaires, Port Rexton Brewing.

Les entrepreneures Sonja Mills et Alicia MacDonald pourraient donner un cours magistral sur l’art d’être inébranlables.

Les anciennes conjointes et copropriétaires actuelles de Port Rexton Brewing ont chamboulé leur vie professionnelle il y a sept ans pour réaliser un projet né d’une passion qui s’est transformé en une petite entreprise au succès fulgurant.

En cours de route, elles ont abandonné leur carrière d’avocate (pour Sonja) et d’infirmière autorisée (pour Alicia), quitté leur domicile conjugal de Halifax (N.-É.) pour s’installer à Port Rexton (T.-N.-L.), converti une ancienne école en une brasserie-bar, étendu leurs activités de brasserie à une installation voisine de 650 mètres carrés (7 000 pieds carrés) et mis fin à leur mariage.

Malgré les difficultés rencontrées sur leur chemin, elles sont aussi enthousiastes à l’égard de Port Rexton Brewing qu’elles l’étaient lorsqu’elles en rêvaient à Halifax. Elles attribuent leur résilience professionnelle à cet enthousiasme, à leur respect mutuel et aux rôles bien définis que chacune occupe dans l’entreprise. (Et bien sûr, à leur amour de la bière artisanale.)

Nous avons toutes les deux l’esprit d’entreprise. Alicia est très douée pour brasser la bière, et j’ai toujours voulu diriger une entreprise.

«Pourrais-tu vivre à Terre-Neuve?»

Lorsque le père de Sonja Mills a reçu un diagnostic de sclérose latérale amyotrophique (SLA) en 2015, elles ont convenu de mettre l’idée d’entreprise en veilleuse, de garder la maison à Halifax et de déménager à Terre-Neuve-et-Labrador pour aider à prendre soin de lui. Toutefois, lors de son premier voyage de retour, Sonja n’a pu s’empêcher de constater que l’essor faramineux de la bière artisanale n’avait pas encore touché Terre-Neuve-et-Labrador.

«Il y avait trois brasseries dans la province, toutes situées dans la zone métropolitaine de St. John’s, et elles se concentraient principalement sur les bières de style anglais. Aucune d’entre elles ne faisait quelque chose d’unique comme Alicia ni ne possédait un bar où les gens pouvaient se retrouver et boire des pintes de bière dans une brasserie, explique Sonja.

J’ai alors demandé à Alicia: "Pourquoi ne pas lancer l’entreprise à Terre-Neuve? Pourrais-tu vivre à Terre-Neuve?" Elle a aussitôt répondu: "Bien sûr que oui". Et c’est ainsi que tout a commencé.»

Sonja et Alicia ont décidé de convertir une ancienne école en brasserie dans la petite communauté de Port Rexton, où le tourisme était bien établi grâce aux villes voisines de Trinity et de Bonavista.

Elles ont reçu le financement et l’approbation assez rapidement – après avoir sensibilisé les institutions prêteuses et les organismes de réglementation à ce type d’exploitation qui était nouveau pour la plupart des collectivités de la province – et ont officiellement ouvert leurs portes en juillet 2016.

«Depuis, nous vivons une expérience formidable», explique Sonja.

Dès le début, elles ont travaillé en parallèle: Sonja se concentrait sur le financement, les formalités administratives et le développement des affaires, tandis qu’Alicia bâtissait et exploitait la brasserie.

«Nous avons chacune notre mot à dire sur ce que fait l’autre, mais au quotidien, nous travaillons de façon assez indépendante, tout en étant liées au projet dans son ensemble. Je connais mes limites quand il s’agit d’aborder les opérations commerciales et d’examiner les chiffres. Et je n’ai en fait aucune envie d’apprendre», fait remarquer Alicia.

«C’est pareil pour moi. Je ne sais pas à quoi servent la plupart des robinets, et comme Alicia, je n’ai aucune envie d’apprendre ce genre de détail», convient Sonja.

Ce qui motivait comme propriétaires d’entreprise était de n’avoir à rendre des comptes à personne d’autre qu’à nous-mêmes et d’avoir confiance dans notre jugement et notre capacité de gérer notre entreprise de manière éthique, responsable et rentable. 

Développement de la production

En 2019, Sonja et Alicia ont constaté qu’elles devaient élargir le champ de leurs opérations pour réaliser pleinement le potentiel de la brasserie.

«Nous avons essayé d’améliorer et d’augmenter la productivité dans notre bâtiment d’origine en ajoutant plus de cuves de fermentation qui nous ont permis d’avoir une plus grande capacité de production. Mais cela signifiait des journées plus longues, l’embauche de personnel supplémentaire et la mise à l’épreuve de notre chaîne de production, tout en travaillant dans un espace restreint, explique Alicia.

Nous avions besoin d’une nouvelle installation qui soit beaucoup plus propice à la production.»

Elles ont alors réinvesti les fonds propres qu’elles avaient accumulés grâce au succès de leur bar et de leur brasserie dans une nouvelle salle de brassage plus vaste et dans du nouveau matériel coûteux, comme des cuves de fermentation plus grandes pour augmenter la capacité et une ligne pour le remplissage de boîtes plus rapide et plus automatisée, sans avoir à faire appel à des actionnaires. BDC a aidé à financer la ligne pour le remplissage de boîtes.

«Nous voulions que cette entreprise reste entre nos mains. Ce qui nous motivait comme propriétaires d’entreprise était de n’avoir à rendre des comptes à personne d’autre qu’à nous-mêmes et d’avoir confiance dans notre jugement et notre capacité de gérer notre entreprise de manière éthique, responsable et rentable», explique Sonja.

Grâce à la nouvelle installation, elles ont triplé leur production et disposent de l’espace nécessaire pour développer l’entreprise encore davantage lorsqu’elles seront prêtes.

Séparées, mais ensemble

Sonja  et Alicia avaient été partenaires dans la vie comme en affaires, mais après six ans de mariage, elles ont pris la décision de se séparer en tant que conjointes. Toutefois, elles souhaitaient rester partenaires en affaires. Une fois encore, elles ont réfléchi ensemble à la manière d’aller de l’avant en tant qu’équipe capable de s’adapter.

«Nous voulions nous assurer que notre personnel et l’entreprise ne subiraient aucune conséquence de notre séparation. Cela n’a pas toujours été facile et nous avons déployé beaucoup d’efforts pour maintenir une relation commerciale respectueuse», affirme Sonja.

Malgré les difficultés émotionnelles, Alicia affirme que cette épreuve les a rendues plus fortes en tant que partenaires en affaires. «À mesure que le temps passe, les choses ne cessent de s’améliorer. Nous avons un avantage professionnel, car nous avons été conjointes dans notre vie privée, donc nous savons comment l’autre pense. Cela ne fait qu’aider notre entreprise. Nous pensons de la même façon, nous ressentons la même chose et nous avons des points en commun, et cela continue de se refléter dans l’entreprise et de contribuer à notre succès.»

Ces cofondatrices prouvent que l’esprit d’entreprise est inébranlable, quels que soient les défis à relever.

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