Transition et adaptation: comment cette nouvelle immigrante a acheté une entreprise

Cette entrepreneure fraîchement arrivée au Canada a suivi les bonnes étapes pour acheter une entreprise.

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À son arrivée à Winnipeg en 2015, Natalya Osmankina ne pouvait dire que cinq mots en anglais: «Hello, my name is Natalya».

Depuis, elle a non seulement acheté une entreprise et réussi à la faire croître, mais elle s’est également adaptée à la vie dans un nouveau pays, tout en élevant trois jeunes enfants.

Son expérience d’entrepreneure immigrante, tout comme celle de Michael, son mari, sont inspirantes. Natalya Osmankina décrit leur histoire avec autant d’humour que de gratitude.

«On me demande souvent pourquoi nous avons choisi Winnipeg et ses hivers si froids», dit Natalya en riant. «La réponse est simple: nous voulions ouvrir des portes à nos enfants et leur offrir une meilleure éducation; de notre côté, nous voulions profiter de meilleures occasions d’affaires. Nous vivons le rêve de notre vie.»

Le couple russophone a fait de grandes choses pour s’établir dans son nouveau pays.

Moins d’un an après son départ du Kazakhstan, une ancienne république soviétique, Natalya Osmankina a acheté Western Millwork Ltd., une entreprise de fabrication de menuiserie architecturale de qualité supérieure pour de nouveaux projets de construction industriels et résidentiels, ainsi que des travaux de restauration et de rénovation. Les ventes ont augmenté de 20 % depuis le changement de propriétaire et l’entreprise emploie maintenant 34 personnes.

Plusieurs années de préparation

Ces résultats ne se sont pas produits du jour au lendemain. Les Osmanskina ont en effet préparé leur déménagement pendant plusieurs années.

En Asie centrale, les Osmanskina détenaient différentes propriétés résidentielles et commerciales et dirigeaient une entreprise de construction. Mais contrairement à plusieurs entrepreneurs et entrepreneures en construction, qui agissent comme gestionnaires de projets et sous-traitent les travaux, les deux partenaires possédaient leur propre équipe qualifiée.

Les matériaux de construction principalement employés au Kazakhstan sont le béton et la brique, mais le couple utilisait aussi couramment le bois d’œuvre dans ses travaux. Natalya Osmankina confie que ce matériau lui tient à cœur; son grand-père a été menuisier toute sa vie.

Les partenaires ont fait appel à une personne intermédiaire ainsi qu’à une personne spécialiste en repérage pour trouver une entreprise – ni trop grande, ni trop petite – qui leur conviendrait au Canada.

Leur connaissance des produits du bois et de l’industrie de la construction les a probablement convaincus d’acheter Western Millwork, indique Natalya Osmankina. «Si vous avez trouvé votre place dans le domaine de la construction, dit l’entrepreneure, n’achetez pas une entreprise agroalimentaire. De même, si vous préférez l’industrie alimentaire, n’achetez jamais une entreprise de construction. Vous devez avoir une vision de la façon dont vous dirigerez votre entreprise.»

Leur personne intermédaire dans les opérations commerciales les a mis en relation avec BDC pour obtenir le financement nécessaire à l’achat de l’entreprise.

De plus en plus de transferts d’entreprise

Un transfert comme celui-ci pourrait devenir de plus en plus courant, car le nombre de propriétaires d’entreprise du Canada qui désirent quitter leur entreprise ne cesse d’augmenter. D’après une étude menée en 2017 par BDC, 41 % des propriétaires d’entreprise prévoient quitter leur entreprise au cours des cinq prochaines années sans en acquérir une autre. Parmi ces personnes, 83 % disent vouloir prendre leur retraite.

Natalya Osmankina et son mari ont suivi les bonnes étapes pour que leur transfert soit harmonieux. Pour elle, une chose est sûre: le couple ne pouvait pas — et ne voulait pas — précipiter les choses pour trouver la bonne entreprise, réinstaller la famille (qui compte maintenant un bouledogue français nommé Marcel, le nouveau compagnon des enfants), puis reprendre l’entreprise.

«Il nous a fallu trois ans pour vendre tous nos biens et notre entreprise, dit Natalya. J’ai emporté des références financières et des reconnaissances professionnelles du Kazakhstan. Ces documents nous ont vraiment aidés à répondre à toutes les questions concernant nos capacités à diriger une entreprise ici.»

Les Osmankina ont également investi dans de nouvelles machines hautement efficaces pour accélérer la production. Natalya et Michael ont embauché du personnel supplémentaire dans les services des ventes et de l’ingénierie, ainsi que deux spécialistes de l’estimation et une personne spécialisée en TI qui leur a créé un site Web, une nouveauté pour l’entreprise.

Prendre le virage numérique

En pleine transformation numérique, le couple convertit actuellement les anciens processus papier de Western Millwork en systèmes numériques. Natalya et son mari ont donc fait l’acquisition de nouveaux logiciels pour toutes leurs activités, du commerce électronique aux communications en ligne. La clientèle payait encore par chèque avant le changement de propriétaire.

Pour Natalya Osmankina, ce virage vers les systèmes informatisés est un accomplissement en soi. Elle admet que sa plus grande faiblesse est son aversion pour les ordinateurs. Elle préfère écrire à la main et parler aux gens en personne. «Je déteste les ordinateurs, confie Natalya. Mais nos clients préfèrent travailler avec la technologie, et je savais qu’il était important d’orienter notre entreprise dans cette direction.»

Le couple a également commencé à étendre ses ventes au-delà des frontières canadiennes. Natalya et Michael continuent aussi de bénéficier de leur statut de membre de l’Association des manufacturiers de menuiserie architecturale du Canada (AWMAC), à laquelle l’entreprise adhère depuis longtemps. Les personnes qui sont membres de l’AWMAC ont la réputation de respecter des normes de qualité élevée et sont souvent présélectionnées pour certains projets ou invitées à y participer.

Prendre soin du personnel

Une autre priorité de Natalya Osmankina est le bien-être de son entourage. Elle a instauré un régime de participation aux bénéfices pour le personnel clé et se fait un point d’honneur de maintenir un milieu de travail positif, en rassemblant le personnel du service à la clientèle et de la production dans le cadre d’événements amusants, comme la journée pizza et les barbecues d’appréciation du personnel.

Elle veille également à respecter la façon canadienne de faire des affaires. «Ici, la culture est différente, les gens sont différents, et les règles sont différentes, explique l’entrepreneure. J’essaie de comprendre les gens et ce qu’ils veulent. Il est très important de savoir les écouter.»

«Nous n’avons pas fini d’apprendre, mais mon équipe est exceptionnelle, affirme Natayla Osmankina. Mon objectif est que tout le monde autour de moi soit heureux.»

Leçons tirées: quatre conseils pour assurer un transfert harmonieux lors de l’achat d’une entreprise

1. Évitez de vous concentrer uniquement sur les gains financiers au départ

Selon Natalya Osmankina, les propriétaires d’entreprise ne devraient pas essayer de faire fortune dans les années qui suivent la reprise d’une entreprise. «Payez pour tout, versez-vous un salaire, et soyez heureux, conseille Natalya. Les gens qui essaient de gagner beaucoup d’argent dès les premières années feront faillite à coup sûr.»

2. Soyez un ou une leader, et non un patron ou une patronne

La réussite repose notamment sur le fait de comprendre que vous faites partie d’une équipe, indique Natalya Osmankina. Les personnes qui dirigent qui pensent être au sommet et qui considèrent leur personnel comme inférieur n’excelleront pas en tant que propriétaires d’entreprise.

«Croyez en vous-même, mais ne soyez pas fier au point de penser que vous pouvez tout faire sans vos employés», dit l’entrepreneure.

Vous ne pourrez jamais réussir si vous pensez que le monde tourne autour de vous.

3. Ne ménagez aucun effort

Les entrepreneurs et entrepreneures qui veulent acheter une entreprise devraient se renseigner par tous les moyens et poser beaucoup de questions. Commencez par l’essentiel: pourquoi l’entreprise est-elle à vendre? Y a-t-il un problème caché ou l’industrie est-elle au bord du gouffre? L’entreprise est-elle trop dépendante d’un petit nombre de clients et clientes ou de fournisseurs et fournisseuses?

«Assurez-vous de tout vérifier, conseille Natalya Osmankina. Les états financiers, les registres de production, les baux, les travaux en cours, l’équipement… Tout.»

4. Retenez les membres clés du personnel

Pour Natalya Osmankina, l’une des clés pour réussir l’achat d’une entreprise est de retenir les personnes qui y travaillent et d’éviter qu’elles n’aillent travailler pour la concurrence.

«Sans eux, réussir peut être très difficile, conclut Natalya. Nous sommes profondément reconnaissants envers ceux qui étaient là lorsque nous avons commencé. Ils ont été d’une grande aide.»

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