«Nous avons vu la tendance des VE et nous avons voulu être des pionniers.»

Ce que nous avons fait

Développement de la première flotte de moteurs à combustion interne (MCI) de l’entreprise

Richard: La flotte de Whiskey Jack est composée de deux éléments: véhicules MCI et véhicules électriques. Nous disposons de 47 véhicules à essence et au diesel. Nous avons commencé avec seulement deux véhicules et nous avons développé notre flotte. Aujourd’hui, elle comprend des camionnettes, des camions cubes d’une tonne, de trois tonnes et de cinq tonnes, ainsi que des camions super-B avec des remorques tandem de 50 pieds.

Gilles: Notre modèle consistait à nous différencier sur les prix, ce qui nous a permis d’être concurrentiels dans le domaine du transport pour l’industrie cinématographique. Nous avons ainsi pu commencer à mettre de côté du capital d’investissement pour acheter des camions électriques. Il a fallu environ cinq ans d’utilisation des véhicules à moteur à combustion interne pour en arriver au point où nous pouvions acheter des véhicules électriques.

Demander des incitations gouvernementales pour obtenir un financement supplémentaire

Richard: Nous avons fait une demande pour SUVI (maintenant Go Electric Rebates) et le programme CVP (CleanBC Go Electric Commercial Vehicle Pilots Program). C’est la subvention gouvernementale qui nous a permis d’être une entreprise concurrentielle au niveau du prix du diesel.

Ce que nous avons fait

Construction d’une unité de recharge mobile unique en son genre

Richard: Notre projet initial pour Whiskey Jack était de concevoir une batterie géante qui pourrait être installée et alimentée tous les jours. Nous savions, lorsque nous nous sommes lancés dans les camions électriques, que le principal problème serait de les réalimenter en énergie. Si vous filmez dans une région isolée, vous ne pouvez pas partir à la recherche d’une borne de recharge.

Gilles: Mais le problème d’une batterie géante sur roues, c’est qu’elle n’est pas aussi robuste qu’elle pourrait l’être. Certaines d’entre elles peuvent peut-être recharger complètement un camion, mais elles sont encombrantes. Nous avons donc proposé une nouvelle idée: une borne de recharge mobile.

Comment décrire son aspect? Il s’agit d’une remorque de 16 pieds comportant de nombreux éléments. Elle est équipée de pistolets de réactivation qui sortent des fenêtres de la remorque ou de sa porte principale. On peut marcher à l’intérieur. Nous l’avons conçue de manière à ce qu’elle puisse fonctionner quelle que soit la manière dont la productrice ou le producteur alimente son plateau de tournage. Tous les composants sont conçus pour tirer la remorque jusqu’à ce qu’elle puisse être raccordée à un réseau électrique existant ou à un générateur. Une fois connectée, elle alimente un chargeur de niveau III que vous pouvez brancher sur votre camion. Notre premier prototype était un chargeur de 60 kilowatts qui pouvait recharger un camion de classe 6 en quatre heures.

Nous l’appelons unité de recharge mobile parce que c’est ce qu’elle est. Il s’agit en fait d’une station de recharge Tesla, mais elle est logée dans une petite remorque qui se rend là où elle doit aller. Ou bien, c’est comme si vous ameniez votre propre pompe à essence là où vous devez aller pour remplir votre réservoir avec l’essence que vous avez trouvée. Il s’agit probablement du premier projet de ce type dans l’ouest du Canada. Je ne connais personne d’autre qui ait quelque chose de semblable.

Richard: Nous avons élaboré le plan et travaillé avec des collègues de longue date. Ce sont des ingénieurs électriciens qui avaient mis en place toute l’infrastructure électrique des grands studios de Vancouver. Ils nous ont aidés à comprendre les détails techniques ainsi que les mécanismes de sécurité, le chargeur et l’onduleur et toutes les autres choses nécessaires pour assurer la sécurité. C’est ainsi que nous avons obtenu notre autocollant Marque nationale de sécurité de Transport Canada.

Ce que nous avons fait

Nous avons décidé de prendre plus de temps pour rentabiliser notre investissement.

Richard: Passer des véhicules à moteur à combustion interne aux VE, c’est comme l’époque où on est passé du cheval et du buggy à la voiture. Pour que les gens se sentent à l’aise financièrement, il faut leur donner l’impression que c’est facile, comme si l’on comparait des pommes avec des pommes.

Nous avons envisagé un rendement plus rapide sur notre argent, mais nous avons vraiment cherché à faire passer l’objectif avant le profit dans ce cas particulier. Nous savions qu’un changement de culture s’imposait. Si quelque chose coûte plus cher, les productrices et producteurs ne seront pas d’accord. Si nous les rendons concurrentiels et que nous les aidons à économiser de l’argent, elles et ils se rallieront au projet. Cela ne nous dérange pas de prendre plus de temps pour récupérer notre argent, tant que nous sommes des pionniers et que nous représentons le changement.

Notre feuille de route

2017

Richard: Comme tout bon personnage avec des pouvoirs superhumains, nous avons aussi un autre emploi. Gilles et moi sommes également producteurs de films. Whiskey Jack a vu le jour parce que nous faisions des films canadiens à petit budget, et nous avons constaté que, à mesure que l’industrie cinématographique se développait à Vancouver, les prix ne cessaient d’augmenter. Lorsque vous gérez un budget de 1,5 million de dollars pour un film au complet, chaque dollar compte.

Un jour, Gilles et moi faisons le calcul de ce qu’il nous faudrait pour gérer nous-mêmes le transport et la logistique afin de réduire les coûts. À mon avis, nous pourrions le faire mieux et plus efficacement. Nous unissons nos forces, nous constituons une société et nous commençons à travailler comme associés.

Tout commence par l’acquisition de deux camions, un de 3 tonnes et un de 5 tonnes, tous deux au diesel. Et c’est à partir de là que l’entreprise commence à se développer. Chaque dollar est réinvesti dans l’entreprise. Whiskey Jack voit le jour par nécessité.

2020

Richard: Nous faisons nos premières acquisitions pour notre flotte de moteurs à combustion interne (MCI) auprès d’une autre société cinématographique qui cherche à se retirer du marché. Nous acquérons une vingtaine d’actifs en 2020. Nous n’avons pas que des camions dans notre flotte. Nous avons des tracteurs, des remorques et des camions moyens et lourds.

Gilles: Bien que nous ayons toujours voulu des véhicules électriques zéro émission, nous commençons par acheter des véhicules à moteur à combustion interne, car cela nous permet de fonctionner tout en constituant le capital nécessaire pour investir ensuite dans l’électrique.

2022

Richard: Nous recevons une aide du gouvernement de la Colombie-Britannique dans le cadre de son programme CVP (Commercial Vehicle Pilots), ce qui nous permet d’acheter nos premiers camions électriques.

Mars 2023

Richard: Si vous filmez dans un endroit isolé, vous ne pouvez pas simplement partir pour recharger le camion. Nous concevons et construisons une unité de recharge mobile que nous utilisons pour redonner de l’énergie à nos camions. En mars, nous testons un modèle de 60 kilowatts. Depuis, nous avons démonté ce modèle et l’avons reconstruit selon les spécifications afin de résoudre certains problèmes.

Juin 2023

Richard: Nous testons le deuxième modèle de l’unité de recharge mobile pour l’un de mes films tournés à Kelowna, à environ quatre ou cinq heures de Vancouver. Nous voulons voir si nous pouvons réussir à le faire en une journée, en tenant compte des arrêts, des recharges, etc

Août 2023

Richard: Pour l’instant, nous prévoyons développer nos camions électriques afin qu’ils puissent transporter des équipements spécialisés tels qu’un camion-caméra ou un camion d’accessoires. Une fois que l’industrie sera remise sur pied, nous chercherons à nous développer.

Une autre piste que nous explorons pour l’avenir est d’aider les plateaux de tournage à utiliser moins de plastiques jetables. La restauration dans l’industrie cinématographique crée beaucoup de déchets. Nous envisageons d’équiper un camion pour apporter des ustensiles de cuisine réutilisables sur les sites de tournage et de les laver sur place, en alimentant les lave-vaisselle à l’électricité. Nous avons de grands projets.

Les dernières réflexions de Richard et Gilles

Gilles: Le conseil que je donnerais aux autres propriétaires d'entreprise serait de ne pas se laisser distraire. Concentrez-vous entièrement sur votre entreprise et trouvez une mentore ou un mentor. Écoutez ses conseils. Faites confiance à votre instinct.

Je n’ai jamais rien fait en dehors de l’industrie cinématographique. Je suis producteur de films, donc je me suis toujours concentré sur ma carrière cinématographique sans aucune distraction. Votre entreprise a besoin de beaucoup de choses au quotidien pour se développer. Et si vous n’êtes pas là à 100 % pour les accomplir, vous ne vous rendez pas service.

Richard: En repensant à l’histoire de Whiskey Jack, je dirais que nous avons vu la tendance des VE et que nous voulions être des pionniers. Nous avons travaillé sur le projet de camion électrique pendant plus de deux ans pour arriver au point où nous étions prêts à le commercialiser. Je ne pense pas que j’aurais agi différemment ou que je me serais dit quelque chose de différent, si ce n’est de garder la foi et d’être patient.