L’analyse, la numérisation et le talent permettent à cette entreprise manufacturière de passer à la vitesse supérieure
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Paul Kalia, à gauche, est le propriétaire de E. Hofmann Plastics Inc.
Il y a quelques années, Paul Kalia a eu une vision: il voulait créer une entreprise d’envergure mondiale.
Heureusement, il avait déjà l’entreprise. Le défi consistait à la réinventer pour qu’elle soit la meilleure de son secteur et augmente ses profits.
Paul Kalia est propriétaire de E. Hofmann Plastics, Inc., une entreprise de fabrication de matières plastiques située dans le sud de l’Ontario. L’entreprise produit une gamme de contenants pour une clientèle à l’échelle de l’Amérique du Nord dans des secteurs variés, de l’alimentation aux produits chimiques, en passant par la construction.
Fondée en 1980, l’entreprise tire son nom de son propriétaire d’origine, Ernest Hofmann, un Autrichien. Paul Kalia et trois associés ont acheté l’entreprise en 1988 et en ont conservé le nom. Pendant un certain temps, ils ont continué à se concentrer sur la fabrication de contenants en plastique pour le transport et l’entreposage de produits en vrac, tels que les denrées alimentaires, les produits chimiques et les matériaux de construction.
Mais en 2009, Paul Kalia a racheté les parts de ses associés et a commencé à diversifier l’offre de produits de l’entreprise. Il a investi dans la recherche et le développement et dans de nouvelles machines de production dans un objectif d’innovation technologique et d’emballage durable.
Aujourd’hui, l’entreprise emploie 260 personnes et dispose d’une usine de fabrication de 225 000 pieds carrés qui fonctionne jour et nuit, sept jours sur sept. Privilégiant les plastiques entièrement recyclables, elle produit plus de 21 millions de pièces thermoformées par semaine et plus de 80 000 pièces moulées par injection par jour. Elle offre un guichet unique pour la conception, la fabrication, l’assemblage, l’emballage, l’étiquetage et l’entreposage. Elle peut même assurer une livraison juste à temps avec sa propre flotte de camions.
Numérisation de l’ensemble du processus de fabrication
L’entreprise connaît aujourd’hui une hausse spectaculaire de sa productivité grâce à des changements qui ont commencé il y a quatre ans, lorsque Paul Kalia a décidé d’investir massivement dans l’automatisation.
L’entreprise était rentable, mais trop dépendante des opérations de change pour réaliser des bénéfices: vu que 70 % de sa clientèle est située aux États-Unis, l’entreprise faisait de l’argent lorsque le dollar canadien était faible, mais en perdait dans le cas contraire.
Pour sortir de ce cercle vicieux et se développer, elle pouvait soit produire de façon moins coûteuse (en introduisant des gains d’efficacité), soit vendre plus cher (en ajoutant de la valeur). Paul Kalia voulait faire les deux.
Il remercie ses fils, Sameer et Vikram, d’avoir insisté sur le fait qu’il pouvait atteindre ces deux objectifs et augmenter la productivité de l’entreprise par l'automatisation et la numérisation.
Le premier problème que le trio père-fils a cherché à résoudre consistait à déterminer comment entreposer plus de produits en utilisant moins d’espace. Pour ce faire, il fallait utiliser un logiciel permettant de suivre les produits de plus près tout au long du processus de fabrication, mais le projet a pris de l’ampleur au fur et à mesure que les choses s’enchaînaient.
«Nous avons commencé à analyser l’ensemble de l’entreprise et à nous poser des questions. Comment pouvons-nous améliorer l’expédition? Comment pouvons-nous améliorer la production? Comment pouvons-nous améliorer la planification? Puis, avec la numérisation, tout s’est enchaîné extrêmement rapidement», dit Paul Kalia.
La mise en œuvre de la robotique dans l’entrepôt a constitué un changement majeur. Aujourd’hui, l’entreprise dispose d’un robot qui se déplace sur un rail, soulevant et plaçant des palettes de produits sur un élévateur qui les déplace vers l’avant, vers l’arrière, vers le haut et vers le bas sur des rayonnages. Le robot numérise également l’emplacement de chaque produit, ce qui facilite le suivi et la localisation.
Regarder l’investissement porter ses fruits
Le projet de numérisation et de gestion des stocks a duré quatre ans et a nécessité un investissement financier important. L’entreprise a dépensé au total 60 millions de dollars au cours des dernières années, y compris des montants supplémentaires pour l’automatisation, l’augmentation de la capacité et les nouveaux produits. Mais l’investissement a porté ses fruits de façon remarquable, affirme Paul Kalia.
L’entreprise connaît actuellement une croissance dynamique et est en voie d’atteindre un taux de croissance supérieur à 10 % cette année. Ses ventes ont doublé entre 2019 et 2024, et son équipe d’ingénierie et de technique compte aujourd’hui quatre fois plus de personnes qu’il y a dix ans.
L’automatisation de l’entrepôt et la numérisation des stocks ont amélioré le contrôle de la qualité. Par exemple, les produits peuvent être retracés jusqu’à leur date de fabrication et la manière dont ils ont été fabriqués. Comme l’explique Paul Kalia, cette traçabilité fait également en sorte que «tout le monde au bureau sait ce qui se passe en usine», ce qui permet à l’équipe de vente de répondre plus facilement aux besoins de la clientèle.
La numérisation a rendu l’entreprise plus concurrentielle en Amérique du Nord et lui a donné une plus grande souplesse pour répondre aux exigences de la clientèle.
«Nous pouvons désormais produire en juste-à-temps, exécuter des commandes et les expédier partout en Amérique du Nord, et programmer nos machines pour une efficacité maximale, dit Paul Kalia. Nous pouvons fabriquer des produits de meilleure qualité plus rapidement, car chaque pièce est contrôlée.»
Aujourd’hui, il voit son entreprise décoller dans toutes les directions, avec des projets en Suisse et en République tchèque. L’entreprise est également plus durable sur le plan environnemental, car son efficacité accrue a permis de réduire sa consommation d’énergie.
Trouver les bonnes personnes et les retenir
Dans le cas de l’entreprise E. Hofmann, l’automatisation et la robotique n’ont pas supprimé des emplois. Bien au contraire: elle a apporté plus d’expertise.
Selon Paul Kalia, pour construire une entreprise d’envergure mondiale, il faut entre autres attirer les meilleures personnes, ce qui implique de bien les rémunérer. «Mais pour cela, il faut pouvoir rivaliser avec les multinationales. C’est pourquoi notre entreprise a dû devenir beaucoup plus efficace. En fin de compte, nous devions être en mesure de traiter plus de produits par membre du personnel afin d’avoir plus d’argent pour récompenser notre personnel.»
Une fois le financement pour le projet de numérisation obtenu, l’entreprise a engagé du personnel pour effectuer les analyses initiales, déterminer ce qui devait être fait, mettre en œuvre et superviser les nouveaux processus, et diriger l’entreprise tout au long de sa croissance prévue, et elle a conservé ce personnel.
Paul Kalia a un conseil à donner aux entreprises de fabrication qui envisagent la numérisation, et il ne concerne ni le budget, ni le calendrier, ni l’approche, ni les logiciels: reconnaissez que, même si vous pensez exploiter une entreprise de produits, vous exploitez en fait une entreprise de personnes.
«Recrutez les jeunes leaders qui dirigeront peut-être un jour d’autres entreprises et traitez-les bien, car ces personnes sont la clé de la croissance actuelle de votre entreprise, déclare-t-il. Beaucoup de choses sont rendues possibles par la technologie, mais ce sont des personnes qui choisissent la technologie, qui la mettent en application et qui la gèrent. Votre objectif devrait être de trouver les meilleures personnes et de faire en sorte qu’elles restent enthousiastes.»