Une entreprise serricole semble avoir trouvé un remède au manque de main-d’œuvre grâce à l’automatisation
En 2021, Charles Verdy a adopté un plan qui lui permettrait de doubler sa superficie de production, car il était persuadé que le marché des fines herbes fraîches allait croître. Néanmoins, il n’était pas aussi sûr de pouvoir trouver la main-d’œuvre nécessaire pour réaliser son ambitieux projet d’agrandissement.
Charles Verdy est le président de Gourma, une entreprise serricole qui distribue une variété de fines herbes fraîches à l’échelle de la province à partir de Saint-Norbert (Québec), une ville située à une heure au nord de Montréal. Après la pandémie, son entreprise a répondu à l’appel de la province en faveur d’une meilleure production locale de fruits et légumes en élaborant un plan pour augmenter son nombre de serres.
Cependant, la pénurie de main-d’œuvre a contrecarré ses plans.
Il n’est pas le seul à avoir du mal à recruter du personnel. Selon un rapport de 2023 de Compétences Transformation Alimentaire Canada, l’industrie canadienne de la transformation des aliments et des boissons aura besoin de 142 000 nouvelles personnes, soit près de 50 % de la main-d’œuvre de cette année-là, au cours des sept prochaines années. Or, puisque Gourma exploite ses activités loin d’un centre urbain, il est encore plus difficile pour elle d’embaucher des gens.
Le propriétaire d’entreprise a réalisé que s’il voulait prendre de l’expansion et optimiser ses processus d’affaires, il ne pouvait pas compter sur ses pratiques d’embauche et ses méthodes de production existantes. Il était temps de se tourner vers l’automatisation.
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Cependant, fines herbes fraîches et automatisation ne font pas toujours bon ménage. Puisque chacune des 34 variétés différentes cultivées par Gourma possède des caractéristiques uniques, par exemple en ce qui concerne la grosseur et le temps de croissance, il était irréaliste d’automatiser la production de tous les cultivars.
Le président a donc choisi de limiter ses efforts d’automatisation à la production du basilic, le produit le plus populaire de son entreprise.
Bien que l’étape de l’ensemencement des plants de basilic était déjà automatisée, les membres du personnel devaient encore placer les jeunes plants sur un plateau, puis les déplacer dans différentes sections des serres à chaque étape de croissance subséquente. Au moment de la récolte, il fallait se déplacer dans la serre pour cueillir les plants, les emballer un à un et les transporter ensuite jusqu’à un poste de travail où d’autres personnes s’occupaient de la mise en caisse.
L’entreprise avait l’option d’automatiser cette partie du processus à l’aide de machines, mais il s’agissait d’une avenue plutôt complexe. La manipulation des plants de basilic peut être problématique: elle comporte un risque de contamination, et les feuilles de basilic sont fragiles.
«La clientèle ne veut pas de plants endommagés, soit avec des feuilles arrachées ou compressées», explique Charles Verdy.
Ingénieur de formation, le président comprenait les concepts et le langage technique utilisés dans le cadre de ce projet, mais il n’avait jamais réalisé un projet d’automatisation d’une telle envergure, c’est pourquoi il avait besoin de soutien.
Il s’est tourné vers BDC, qui l’a aidé à préparer un cahier des charges, à définir les tests d’acceptation de l’équipement, à anticiper les écueils à venir et à éviter les problèmes prévisibles. «L’équipe m’a aussi aidé à définir adéquatement mes besoins, et donc les coûts associés», affirme Charles Verdy.
Automatiser la production des plants de basilic a permis à Gourma de générer d’importants gains de productivité, les gains les plus importants ayant été réalisés à l’étape de l’emballage. Des machines, supervisées par deux membres du personnel, s’occupent désormais des opérations suivantes:
- l’ensachage des plants
- le montage des boîtes
- la mise en boîte des plants
- le scellage des boîtes
Produisant des résultats très positifs, les robots et les convoyeurs ont aidé Gourma à atteindre différents objectifs:
- réduire les dommages aux plants
- améliorer les délais d’approvisionnement
- optimiser l’espace de travail
- augmenter la productivité
- prendre de l’expansion dans un nouveau marché
- compenser les besoins de main-d’œuvre
«L’automatisation de notre production n’a pas entraîné de mises à pied, précise Charles Verdy, mais elle nous a aidés à relever les défis liés à la recherche de personnel.» L’équipe de Gourma affectée à la production de basilic comptait 12 personnes avant que la superficie de production soit doublée. Après l’agrandissement, elle aurait donc eu besoin de 25 personnes pour répondre aux nouvelles demandes de capacité. «Grâce au projet d’automatisation, nous n’avons maintenant besoin que de quatre personnes», affirme Charles Verdy.
Le personnel ainsi libéré a pu être réaffecté à la production d’autres cultivars, ce qui a permis à l’entreprise de garder l’ensemble de ses effectifs. Cela a non seulement permis à Gourma de relever les défis liés à la recherche de personnel, mais également de diversifier le travail de ses équipes.
Même si les membres du personnel étaient d’accord avec les changements, Charles Verdy a pris soin de les inclure tout au long du processus. Il les considérait comme les maîtres de la production, et il recommande aux autres entreprises attirées par des projets d’automatisation à faire de même.
«Leurs connaissances sont essentielles, et sans leur avis, la réalisation d’un projet comme le nôtre aurait été impossible. Il faut donc faire participer le personnel à la conception du projet et à la mise en place des nouvelles activités.»
D’après lui, le fait d’intégrer son équipe dès le début aide à atteindre les objectifs suivants:
- s’assurer que les solutions proposées sont pragmatiques et réalisables
- recueillir des idées innovantes du personnel sur le terrain
- anticiper, voire résoudre les problèmes potentiels
- favoriser l’adhésion et l’engagement du personnel
Selon les spécialistes, la résistance au changement résulte de craintes découlant d’une mauvaise communication des objectifs par l’entreprise. Il s’agissait d’un enjeu considérable pour Charles Verdy.
«Il faut expliquer ce que l’on veut accomplir, dit l’ingénieur. Dans notre cas, nous avons insisté sur le fait que nous voulions enrichir notre travail et utiliser des robots qui formeraient une alliance avec les membres de l’équipe au lieu de les remplacer.»
Gourma a écouté les membres de son équipe pour mieux comprendre leurs souhaits et leurs besoins. «Nous sommes tous différents, explique Charles Verdy. Nous avons donc travaillé avec les membres de l’équipe pour leur trouver une place qui leur convenait: les personnes qui préféraient le travail manuel ont eu un poste manuel dans la production d’autres cultivars.»
Qui dit nouveaux processus et nouvelles technologies dit nouvelles compétences. Gourma devait s’assurer que ses équipes aient les aptitudes nécessaires.
«Nous avons offert de la formation avec les fabricants de nos nouvelles machines de même qu’avec l’intégrateur technologique», raconte Charles Verdy. La détermination de championnes et champions, soit des personnes intéressées et ayant le potentiel d’acquérir les compétences requises pour les nouveaux postes, a contribué à soutenir la transition.
Comptant sur une équipe de 60 personnes et disposant de plus de 20 000 mètres carrés de serres de production, Gourma est désormais une entreprise plus productive. «Si l’on fait le calcul pour l’ensemble du système de culture, notre projet d’automatisation a entraîné une hausse de la productivité d’au moins 15 %», souligne Charles Verdy.
Le président n’a plus besoin de se préoccuper du recrutement de la main-d’œuvre, et l’ensemble du personnel d’origine s’est adapté aux changements.
«Aujourd’hui, notre personnel connaît tellement bien la technologie qu’il montre des choses à notre intégrateur, conclut le président. C’est une belle réussite.»
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