Ces entreprises canadiennes sont derrière les percées numériques du secteur de la construction

Le secteur de la construction tarde à prendre le virage numérique, mais des entreprises technologiques canadiennes redéfinissent les façons de faire dans le secteur

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Bien que le secteur de la construction poursuive son essor au Canada et partout dans le monde, il fait face à plusieurs défis depuis les dernières années. La pénurie de main-d’œuvre, la hausse des coûts et des taux d’intérêt et les problèmes de chaîne d’approvisionnement exercent des pressions sur le secteur

Cela incite de nombreuses entreprises de construction à chercher des façons de travailler plus intelligemment plutôt que de travailler plus fort et à se tourner vers des solutions numériques.

Elles ont de bonnes raisons de le faire. Une étude de BDC menée en 2022 a révélé que les entreprises ayant un niveau supérieur de maturité numérique sont plus susceptibles de croître rapidement, d’exporter et d’obtenir du financement. Malgré ces avantages, seule une PME sur 20 utilise les technologies numériques efficacement.

Des entreprises canadiennes sont toutefois à l’avant-garde d’une vague d’innovation dans le secteur, offrant des solutions couvrant l’ensemble du processus de construction, de la planification à l’affectation des ressources, en passant par l’exécution sur place.

Avant, dans les foires commerciales, on voyait cinq ou six kiosques d’entreprises de technologie de la construction. Maintenant, on en voit 50 ou 60.

Simplifier la dotation en personnel

Bridgit, une entreprise de Toronto, fait partie du palmarès du Globe and Mail des entreprises connaissant la plus forte croissance depuis trois ans. Les fondatrices Mallorie Brodie et Lauren Lake ont des racines profondes dans la construction: la famille de Mallorie Brodie dirigeait des entreprises de fabrication d’acier et de démolition, tandis que le grand-père de Lauren Lake était responsable d’une de sous-traitant spécialisé.

Après avoir constaté que de trop nombreux «systèmes» de gestion de la main-d’œuvre étaient bricolés à partir de tableurs Excel et de tableaux blancs, elles ont créé Bridgit Bench, une plateforme infonuagique qui utilise les données de projets antérieurs pour donner aux propriétaires d’entreprise une meilleure idée de leurs futurs besoins en main-d’œuvre.

En plus de rendre la planification de la main-d’œuvre plus précise, Bridgit Bench permet aux entreprises du secteur de la construction d’affecter des équipes en fonction des exigences propres à chaque chantier et de filtrer les profils pour faire correspondre les compétences aux besoins du projet.

La solution sert également d’outil de recrutement et de fidélisation pour les entreprises d’un secteur où l’on s’arrache le personnel talentueux. Les personnes dont le profil indique une préférence pour certains types de projets, ou encore qui recherchent un temps de déplacement minimal, peuvent être jumelées à des chantiers qui leur conviennent, ce qui peut les inciter à revenir.

«Le fait que entreprises de construction puissent s’engager à tenir compte de l’expérience professionnelle d’une personne et à chercher des occasions qui cadrent avec son plan de carrière est convaincant pour les celles qui cherchent à changer d’entreprise», souligne Mallorie Brodie.

Mallorie Brodie, PDG et co-fondatrice et Lauren Lake, chef d’exploitation et co-fondatrice, toutes les deux de Bridgit.

Trouver de l’équipement lourd n’a pas à être un fardeau

Tout comme les deux entrepreneures, Kevin Forestell a eu une idée de technologie fondée sur sa propre expérience. Exploitant en solitaire son entreprise à partir de la minifourgonnette de ses parents (dont il avait retiré la banquette arrière pour faire de la place pour une brouette), Kevin Forestell a bâti une entreprise prospère de construction dans le domaine de l’aménagement paysager à Guelph. Après dix ans, l’entreprise comptait plus de 400 membres du personnel et 200 pièces d’équipement lourd. L’entreprise réalisait des travaux d’aménagement paysager pendant l’été et de déneigement pendant l’hiver.

«Nous avons constaté qu’une partie de notre équipement n’était utilisée que cinq ou sept mois par année, explique Kevin Forestell. Le reste du temps, l’équipement ne servait pas.»

C’est ainsi que l’entrepreneur et ses cofondateurs Tim Forestell et Erin Stephenson ont créé DOZR, une plateforme en ligne qui permet aux propriétaires d’entreprise de trouver de l’équipement lourd pour effectuer des tâches précises, le plus près possible de leur chantier. Aujourd’hui, avec plus de 30 000 fournisseuses et fournisseurs inscrits, DOZR fonctionne presque comme un agrégateur de réservations de voyage, dressant la liste complètes des fournisseuses et fournisseurs disponibles d’un type donné d’équipement dans une région donnée.

Il peut s’écouler plus d’un an suivant l’achat d’une nouvelle excavatrice avant de la recevoir. Les gens se tournent de plus en plus vers la location, et notre plateforme aide à maximiser l’offre de location

Les avantages sont doubles: les propriétaires d’équipement, y compris certaines des plus grandes entreprises de location, sont en mesure d’optimiser et de monétiser l’utilisation de leurs actifs, tandis que les entreprises de construction ont un accès plus pratique à la machinerie dont elles ont besoin.

«Le secteur de la construction est en plein essor, le marché des rénovations explose et, compte tenu des défis liés à la chaîne d’approvisionnement, il est très difficile aujourd’hui d’acheter du nouvel équipement, souligne Kevin Forestell. Il peut s’écouler plus d’un an suivant l’achat d’une nouvelle excavatrice avant de la recevoir. Les gens se tournent de plus en plus vers la location, et notre plateforme aide à maximiser l’offre de location.»

Les co-fondateurs et la co-fondatrice de DOZR, Erin Stephenson, Kevin Forestell et Tim Forestell (Photo: avec la permission de DOZR)

Le potentiel des entreprises attire les investissements

Le potentiel des solutions numériques de ces deux entreprises qui perturbent le secteur a attiré l’attention d’organisations qui investissent en capital de risque, y compris BDC Capital ainsi que la crème de grandes sociétés américaines. La ronde de financement de série B de 24 millions de dollars de Bridgit a été codirigée par Camber Creek et Storm Ventures. DOZR a obtenu du financement de série B de 27,5 millions de dollars d’investisseurs tels Builders VC dans la Silicon Valley.

Ces entreprises canadiennes sont aussi perturbatrices d’une autre façon. Toutes deux sont cofondées et codirigées par des femmes dans un secteur traditionnellement dominé par les hommes.

Mallorie Brodie, de Bridgit, s’est classée au palmarès Top 40 Under 40 in Canadian Construction (les 40 Canadiens de moins de 40 ans les plus performants dans la construction au Canada), tandis que Lauren Lake a été nommée dans les palmarès Best of Canada Forbes Under 30 Innovators (les meilleurs innovateurs de moins de 30 ans au Canada), le palmarès Forbes Manufacturing & Industry 30 Under 30 (les 30 meilleurs chefs d’entreprises industrielles ou de fabrication de moins de 30 ans) et dans la liste TechWeek 100.

La cofondatrice et cheffe de l’exploitation de DOZR, Erin Stephenson, a remporté le prix «Entrepreneure de l’année» de Startup Canada pour l’Ontario.

Le secteur est à la veille de subir toutes sortes de changements.

Selon Jack Fraser, associé, Fonds de croissance en coinvestissement à BDC, les innovatrices et innovateurs canadiens sont en bonne position pour tirer parti de cette vague de changement.

«Il y a tellement de talent au Canada, et les sociétés d’investissement souhaitent réellement apporter de nouvelles solutions numériques à ce marché, souligne Jack Fraser. Nous devons saisir l’occasion maintenant, et nous pouvons le faire. À BDC, nous sommes très heureux de collaborer avec des entreprises comme Bridgit et DOZR et de contribuer à l’essor de l’innovation canadienne dans le secteur de la construction.»

Apprenez-en plus sur la façon dont BDC investit dans des entreprises canadiennes novatrices.