L’innovation dans le secteur pétrolier offre des possibilités de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Martin Popiel et Viking CIP changent une pratique du secteur vieille de 50 ans

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Martin Popiel, fondateur et chef de la direction, Viking CIP

Après avoir obtenu un diplôme en génie chimique en Écosse, Martin Popiel a trouvé un emploi dans une entreprise d’échangeurs thermiques d’Edmonton. Il avait alors 25 ans et il a déménagé en Alberta.

Il s’agissait de la première étape d’un parcours qui mènerait M. Popiel à son rôle actuel de fondateur et chef de la direction de Viking CIP, à Edmonton, en Alberta. Pour y parvenir, il a hypothéqué sa maison et investi toutes ses économies pour créer une technologie unique qui a rendu les entreprises pétrolières et gazières beaucoup plus efficaces et a réduit leurs émissions de gaz à effet de serre.

L’entreprise de M. Popiel est axée sur ce qu’on appelle le nettoyage chimique mobile dans le secteur de l’industrie lourde. Elle nettoie une pièce d’équipement appelée réservoir sous pression.

Un des éléments essentiels du secteur pétrolier et du gazier, le réservoir sous pression contient des gaz et des liquides à une pression et à des températures différentes de celles de l’air environnant. Ce sont des éléments essentiels de l’infrastructure d’une usine qui nécessitent un plan d’entretien préventif rigoureux.

À Edmonton, M. Popiel s’est plongé dans l’étude du fonctionnement des réservoirs sous pression. Il a remarqué qu’une énorme quantité de travail est nécessaire pour nettoyer ces réservoirs au moyen de méthodes physiques désuètes. Innovateur né, il a commencé à se demander s’il n’y avait pas moyen d’améliorer l’ensemble du processus pour le rendre plus efficace.

Le nettoyage chimique dans l’industrie lourde n’a pas été réinventé depuis environ 50 ans. Qui veut réinventer quelque chose lorsqu’il n’y a pas de nécessité perceptible de changer le marché?

Le réservoir sous pression nécessite un travail important

«Le réservoir sous pression est une pièce d’équipement qui nécessite un nettoyage et un entretien réguliers», explique M. Popiel.

Le processus habituel pour le nettoyer consistait soit à l’expédier sur un camion à plateforme, à partir d’endroits comme Fort McKay en Alberta, jusqu’à Calgary ou à Edmonton, soit à le désassembler sur place et à le nettoyer.

Ce processus exige du temps d’arrêt chez les dans les entreprises et comporte des risques inhérents pour les travailleur.euses et l’environnement. La méthode conventionnelle nécessite une flamme nue ainsi qu’une alimentation en diesel. De plus, elle crée un niveau sonore supérieur à 80 décibels, ce qui est à peu près aussi fort qu’une tondeuse à gazon ou qu’une rame de métro et pourrait causer des problèmes auditifs après des périodes prolongées.

M. Popiel a commencé à réfléchir à des façons d’améliorer le processus de nettoyage de sorte qu’il ne soit pas nécessaire de démonter ni de retirer l’équipement. Cela permettrait non seulement d’améliorer la sécurité sur le site, mais aussi de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Faire le saut avec le soutien de BDC

M. Popiel a quitté son emploi en 2016 pour lancer Viking CIP avec le soutien de sa femme, Helenka. Au départ, l’entreprise ne comprenait que lui et sa femme.

«Helenka s’occupait des livres à l’époque parce qu’elle avait acquis de l’expérience en fondant une autre entreprise. Elle a grandement contribué à la gestion de Viking», souligne M. Popiel.

Les premières étapes ont été d’obtenir du financement pour construire son nouvel équipement de nettoyage chimique, ce qui n’a pas été facile.

Les barrières à l’entrée dans le secteur du nettoyage chimique dans l’industrie lourde sont très élevées et, par conséquent, il y a très peu de jeunes entreprises de nettoyage chimique.

«Le nettoyage chimique dans l’industrie lourde n’a pas été réinventé depuis environ 50 ans. Qui veut réinventer quelque chose lorsqu’il n’y a pas vraiment de nécessité perceptible de changer le marché?», indique M. Popiel.

«Les principaux acteurs du marché sont tous des sociétés valant un milliard de dollars. Les barrières à l’entrée dans le secteur du nettoyage chimique dans l’industrie lourde sont donc très élevées et, par conséquent, il y a très peu de jeunes entreprises de nettoyage chimique.»

M. Popiel s’est adressé à de nombreuses institutions financières pour obtenir de l’aide, mais ce n’est qu’après avoir communiqué avec BDC qu’il a trouvé le bon partenaire. BDC lui a octroyé un prêt qui couvrait 50 % des coûts du développement technologique.

Le prêt était conditionnel à la contribution par M. Popiel d’un investissement équivalent à celui de BDC. Le couple a hypothéqué sa maison et a investi ses économies dans l’espoir que son projet fonctionne.

Créer quelque chose de complètement nouveau

Une fois les fonds obtenus et l’entreprise, créée, M. Popiel s’est concentré sur la construction de son premier prototype.

«Vous ne pouvez pas vendre un service de nettoyage si vous n’avez pas l’équipement. Vous devez donc le construire, puis obtenir votre première vente. Nous cherchions à rendre le processus de nettoyage plus efficace et, par conséquent, plus viable», explique M. Popiel.

Il avait conçu une toute nouvelle unité de nettoyage qui utilisait une approche très différente de celle utilisée dans le secteur au cours des 50 dernières années.

Dans le cadre du nouveau processus de M. Popiel, le réservoir sous pression est nettoyé sur place sans être démonté, ce qui signifie qu’il n’est pas nécessaire de l’expédier à Calgary ou à Edmonton pour le nettoyage. Il utilise également un processus de chauffage interne plutôt qu’une flamme nue, et l’électricité plutôt que le carburant diesel.

Faire fonctionner des moteurs à combustion lorsque de l’électricité est facilement accessible à proximité n’est pas une pratique efficace. L’utilisation de l’électricité dans les usines qui en disposent en abondance est extrêmement propre et bénéfique pour l’environnement.

«Le processus réduit au minimum les temps d’arrêt et élimine la nécessité de démonter les énormes réservoirs sous pression. Le processus de circulation chimique permet de les nettoyer sur place. Il s’agit d’une façon très efficace de nettoyer le matériel, de sorte que les installations continuent de fonctionner efficacement, polluent moins et consomment moins d’énergie pour atteindre l’objectif de production du client», ajoute M. Popiel.

«Faire fonctionner des moteurs à combustion lorsque de l’électricité est facilement accessible à proximité n’est pas une pratique efficace. L’utilisation de l’électricité dans les usines qui en disposent en abondance est extrêmement propre et bénéfique pour l’environnement.»

Obtenir le premier client

M. Popiel a découvert que convaincre les entreprises d’essayer son nouveau processus était une bataille ardue. En 2016, de nombreuses portes s’étaient déjà fermées devant lui avant qu’il obtienne son premier client: une petite entreprise pétrolière et gazière.

«Il a fallu beaucoup de temps pour la convaincre que cette nouvelle méthode était viable. Le premier client a été obtenu sur un coup de tête, dit M. Popiel.

«Je me souviens que l’ingénieur m’a dit, même si je croyais qu’il plaisantait, “Ouais, pourquoi pas, si votre solution est efficace par rapport au coût, essayons-la.’’»

Ce fut une première étape importante pour Viking. Le client a été impressionné par le prix et la qualité du nettoyage, Viking pouvant offrir le service à un coût inférieur à celui de ses concurrents grâce à la nouvelle conception.

«Il était très intéressé à en apprendre plus sur les avantages de la consommation d’électricité par rapport à la consommation de diesel sur le plan de la sécurité et de la pollution», ajoute M Popiel.

Un tournant difficile

Alors que les premiers clients de Viking, de petites et moyennes entreprises, sont rapidement devenus des clients fidèles, il s’est avéré beaucoup plus difficile de vendre le produit aux grandes sociétés pétrolières et gazières.

Un client potentiel, une grande société pétrolière, n’était à l’aise de transférer ses services à Viking que si cette dernière pouvait offrir une unité de nettoyage de rechange. M. Popiel décrit la situation comme un acte de foi de la part de l’entreprise.

Pour Viking, la demande constituait à la fois un tournant et un dilemme. La période fut stressante pour Popiel et sa famille. Sa femme et lui avaient tout misé pour construire la première unité de nettoyage. À l’approche d’un contrat important, ils ont dû trouver les fonds pour tout recommencer.

Ils ont décidé de courir le risque et ont communiqué avec BDC pour obtenir du financement. La version 2.0 de l’unité de nettoyage a été créée en novembre 2020. Il s’est avéré que c’était la bonne décision: Viking dispose maintenant d’un contrat permanent et de longue durée avec cette grande société pétrolière.

M. Popiel affirme que BDC a joué un rôle essentiel dans la création, la croissance et le succès continu de Viking.

«BDC était vraiment en faveur de l’innovation. Les membres de l’équipe nous ont aussi beaucoup aidés en nous offrant des conseils financiers et de l’encadrement, en plus de nous conseiller des séminaires qui pourraient nous être utiles. Je n’ai que des éloges à faire sur l’aide de BDC.»

C’est comme si nous essayions de traverser un étang en sautant sur des nénuphars. Nous tentons toujours de voir quelle sera la prochaine occasion à saisir.

Se projeter dans l’avenir

Depuis, Viking a construit deux autres unités et a acquis d’autres clients en Alberta et en Saskatchewan. L’entreprise compte maintenant 15 employé.es et est en bonne voie de générer des revenus importants en 2022.

Viking continue également d’innover. L’objectif actuel de M. Popiel consiste à intégrer la collecte de données à distance dans ses unités de nettoyage, ce qui lui permettrait d’effectuer un suivi en temps réel de données comme la température, les flux et la pression.

«Notre objectif est de donner aux clients plus d’indicateurs, en leur fournissant des points de données critiques sur leur système avant et après le nettoyage, dit M. Popiel. C’est dans cette direction que Viking se dirige pour l’avenir.»

M. Popiel croit que Viking peut aider les usines de pétrole et de gaz à fonctionner à un niveau d’efficacité élevé.

«C’est comme si nous essayions de traverser un étang sur des nénuphars. Nous tentons toujours de voir quelle sera la prochaine occasion à saisir», souligne-t-il.

«Il sera intéressant de voir comment l’entreprise va progresser à mesure que nous nous rapprocherons de 2030 et de voir l’intérêt que susciteront les objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) du secteur à l’égard de notre approche du nettoyage chimique axée sur la réduction des émissions

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