Est-ce que les propriétaires d’entreprise au Canada ont une bonne culture financière?

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On présume souvent que le fait d’être en affaires implique une certaine aisance avec les concepts financiers. Mais est-ce vraiment le cas?

Notre rapport de recherche, Propriétaires d’entreprise et littéracie financière: la situation au Canada, publié en janvier 2024, révèle que les connaissances financières des propriétaires d’entreprise du Canada sont en effet plutôt bonnes. Certains aspects méritent cependant d’être mieux compris par les propriétaires d’entreprise.

Nous avons sondé en ligne 634 propriétaires d’entreprise et responsables de la prise de décisions en entreprise au Canada. Nous voulions connaître leur niveau de compétences et de connaissances financières, et le comparer à celui d’une première étude que nous avions réalisée en 2017.

Les connaissances financières se sont améliorées en six ans 

Les propriétaires d’entreprise ont généralement bien répondu aux questions de notre test de connaissance financière.   

Ainsi, 83 % des personnes sondées ont obtenu au moins sept bonnes réponses sur 10. Cette proportion est significativement plus élevée qu’en 2017, alors que 78 % des personnes sondées avaient obtenu au moins sept bonnes réponses.  

Il s’agit d’un pas dans la bonne direction. En 2023, nous avions étudié quelles étaient les compétences nécessaires pour réussir en affaires. Les compétences en finances étaient parmi les plus importantes pour les propriétaires d’entreprise, surtout lors du démarrage et au stade d’expansion de l’entreprise. 

La perception du niveau de connaissances est paradoxalement en baisse 

Bien que les connaissances financières évaluées des propriétaires d’entreprise aient augmenté, leur confiance envers leurs connaissances a quant à elle baissé. 

Alors que 68 % estimaient avoir de très bonnes ou de bonnes connaissances en 2017, seulement 63 % ont répondu de la même façon en 2023, un résultat significativement plus faible.  

Comment évaluez-vous votre niveau de connaissances financières? 

Une question qui pose encore problème 

Dans notre test, la question sur le prix des obligations est celle qui a donné le plus de fil à retordre aux propriétaires d’entreprise. La question était la suivante: «Si les taux d’intérêt augmentent, que se passe-t-il en général pour les prix des obligations?».

Les personnes qui répondaient devaient choisir si les prix augmentaient, baissaient ou restaient les mêmes.

Moins de la moitié ont obtenu la bonne réponse (les prix vont baisser). Une éclaircie toutefois: il y a eu une augmentation de 9 points de pourcentage de bonnes réponses par rapport au dernier sondage (49 % contre 40 %).

Plus de personnes disent aimer s’occuper des questions financières

Il y a eu une augmentation statistiquement significative de la proportion de propriétaires d’entreprise disant aimer s’occuper des questions financières.

Plus de quatre personnes sondées sur cinq (77 %) disent aimer s’y consacrer. Elles étaient 68 % en 2017.

Leur confiance dans leurs compétences en gestion financière a d’ailleurs suivi la même tendance. Celle-ci a augmenté de cinq points de pourcentage, passant de 70 % à 75 % de personnes sentant avoir tout à fait confiance ou confiance en leurs compétences.

Le temps consacré à la gestion financière a diminué de façon assez fulgurante. Les propriétaires d’entreprise y passent 20 % de leur temps. C’était auparavant 30 % de leur temps. Notre hypothèse est que les propriétaires d’entreprise ont eu moins de temps pour les questions financières, entre autres à cause des défis des dernières années, comme la pandémie, les pénuries de main-d’œuvre et les problèmes de chaînes d’approvisionnement.

Au cours d'une semaine normale, quel pourcentage approximatif de votre temps est consacré à la gestion des aspects financiers de votre entreprise?

La volonté de prendre des risques varie 

La volonté de prendre des risques a augmenté de façon globale. Toutefois, les entrepreneures et entrepreneurs sondés étaient moins nombreux à ressentir une très grande volonté de prendre des risques pour leurs placements financiers personnels.  

Sur une échelle de 0 à 10, où 0 signifie que vous ne l’êtes pas du tout et 10 signifie que vous l’êtes beaucoup, dans quelle mesure êtes-vous disposée ou disposé à prendre des risques en ce qui concerne vos placements financiers personnels?  

La relation avec les spécialistes est stable

La relation avec les spécialistes des affaires pour des conseils financiers ou comptables est stable.

Près des deux tiers des personnes sondées consultent des spécialistes avant de prendre une décision importante concernant les finances de l’entreprise (65 %) ou ont tendance à leur faire confiance et à accepter leurs recommandations (63 %).

La gestion des dettes est l’aspect qui a le plus progressé pour le recours à des spécialistes. 38 % des propriétaires d’entreprise ont demandé conseil à cet effet, contrairement à 28 % en octobre 2017.

Pour les autres aspects, la consultation de spécialistes reste assez similaire.

Le dossier de crédit d’entreprise considéré comme meilleur

Bonne nouvelle: 55 % des propriétaires d’entreprise considèrent que le dossier de crédit de leur entreprise est très bon. Il s’agit d’une augmentation de 12 points de pourcentage par rapport au dernier rapport (43 %) d’il y a six ans.

Toutefois, la tendance n’est pas aussi marquée pour la vérification du dossier de crédit. Étonnamment peut-être, 47 % n’ont jamais demandé de rapport de crédit pour leur entreprise à une agence d’évaluation du crédit, en légère diminution par rapport à 2017 (52 %).

Des retards significatifs ne sont pas toujours rattrapés

Les femmes et les petits propriétaires d’entreprise sont à la traîne par rapport aux autres.

1. Des disparités selon le sexe

Les femmes ont obtenu de moins bons résultats au quiz que les hommes. Leur notre moyenne était de 7,5, alors que ceux des hommes étaient de 7,9. Cette différence, bien que significative d’un point de vue statistique, s’est réduite quelque peu depuis le dernier sondage.

Les femmes se sentent également moins bien informées, en confiance et prêtes à prendre des risques.

54 % des femmes se considèrent comme bien informées sur les questions financières
(sontre 66 % des hommes, différence significative)
63 % des femmes ont confiance dans leurs compétences en gestion financière
(contre 78 % des hommes, différence significative)
47 % des femmes sont prêtes à prendre des risques en ce qui concerne leurs placements financiers personnels
(contre 65 % des hommes, différence significative)

Ces différences restent significatives par rapport aux résultats des hommes.

Les disparités pour les personnes issues de la diversité

Notre rapport a souligné qu’il n’y avait pas de différence sur le plan des connaissances financières et de l’intérêt pour la gestion entre les PME détenues par des personnes issues de la diversité et les autres.

Toutefois, nous remarquons des différences concernant:

  • la volonté de prendre des risques
  • la confiance dans leurs propres compétences financières
55 % des propriétaires de PME provenant de la diversité indiquent être prêtes et prêts à prendre des risques en ce qui concerne leurs placements financiers personnels*
(contre 67 % des autres propriétaires de la PME)
66 % des propriétaires de PME provenant de l'immigration ont confiance dans leurs compétences en gestion financière
(significativement moins que le reste de l'échantillon)

Au Canada, emprunter de l'argent pour avoir un effet de levier et atteindre une meilleure croissance fait partie des apprentissages des propriétaire d’entreprise.

Ailleurs toutefois, les dettes sont parfois vues plus négativement. Certaines et certains propriétaires immigrants pourraient ainsi avoir une plus faible propension à prendre des risques, du moins durant leurs premières années au pays.

Les règles fiscales, financières et de gestion d’entreprise, par exemple, peuvent elles aussi être différent d’un pays à l’autre.

3. Des disparités selon la taille de l’entreprise

La situation concernant la prise de risque est similaire quand on compare les propriétaires de petites entreprises aux propriétaires de plus grandes entreprises.

Plus l’entreprise est petite, plus le comportement des propriétaires se rapproche de celui des non-propriétaires. Il y a une plus faible tolérance au risque, et la gestion de leurs finances se rapproche de celle de la population générale.

Une question de confiance  

Une bonne façon de pallier ces divergences est de donner confiance aux propriétaires d’entreprise.  

Une moins bonne confiance en soi peut mener à douter de sa capacité à prendre de bonnes décisions. L’envie d’en faire plus, de prendre un peu plus de risques s’en trouvent affectés, ce qui peut nuire à la croissance de l’entreprise.  

Si on encourage les propriétaires de PME à prendre un peu plus de risques, la situation peut évoluer. Pour cela, il faut entre autres montrer plus de modèles de femmes, par exemple, dans le domaine des finances. Même aujourd’hui, il s’agit d’un milieu plus masculin, qu’on pense aux grandes sociétés d’investissement ou aux institutions financières.  

Il y a parfois cette idée que les femmes entrepreneures ont moins accès au financement. Or, nos données nous montrent qu’elles ont plutôt tendance à attendre qu’un projet soit très bien ficelé avant de faire une demande de financement, en raison de leur manque de confiance. Le point positif de cela, cependant, est que les taux d’acceptation sont plus élevés.  

Être en affaires ne signifie pas nécessairement avoir de bonnes connaissances financières 

On pense souvent que les propriétaires d’entreprise ont de bonnes connaissances financières. Or, elles ne sont pas nécessairement meilleures que celles de personnes occupant une autre profession. 

Cette fausse conception peut créer une certaine pression. Certaines personnes peuvent se sentir gênées de ne pas maîtriser leurs finances d’entreprise. Elles décident alors parfois d’essayer de les éviter ou encore de déléguer entièrement cette tâche. Une des solutions est d’offrir des outils en ligne autoadministrés qui permettent de développer la culture financière sans gêne.  

Plusieurs personnes qui se lancent en affaires sont souvent des spécialistes passionnées d’un domaine particulier, souvent très loin des finances. Nous avons déjà demandé quel était le domaine pour lequel les propriétaires d’entreprise demandaient le plus d’aide. Le plus souvent, c’était en comptabilité ou en finances, ce qui en dit beaucoup. 

En fait, les finances ont souvent été l’un des aspects les moins appréciés dans la gestion des affaires. L’augmentation de la proportion de personnes disant aimer s’attaquer aux questions financières se révèle ainsi une bonne nouvelle.  

Prochaine étape 

Avez-vous plus de connaissances financières que les autres propriétaires d’entreprise? Pour le savoir, complétez notre quiz composé des 10 questions qui ont été posées dans le rapport. 

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