Les déchets de Vancouver sont le trésor de cette entreprise
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Louise Schwarz et Robert Weatherbe, copropriétaires, Recycling Alternative
Les copropriétaires de cette entreprise florissante de gestion durable des déchets à Vancouver, en Colombie-Britannique, sont toujours animés par la même question qui a lancé leur entreprise en 1989: qu’arrive-t-il à nos déchets lorsque nous les jetons aux poubelles? Où se dirigent ces poubelles?
Bien sûr, la réponse est que les poubelles n’existent pas: vos déchets occupent de l’espace dans une décharge ou sont recyclés pour devenir de nouveaux produits. C’est là qu’intervient Recycling Alternative, l’entreprise de Louise Schwarz et de Robert Weatherbe.
Aujourd’hui, Recycling Alternative emploie une cinquantaine de personnes et se développe dans plusieurs directions. En plus de la collecte et du recyclage des déchets, l’entreprise propose aussi des services de compostage, de déchiquetage, de conseil et de gestion de sites pour les secteurs industriels, commerciaux et institutionnels. Elle se concentre sur des solutions innovantes pour la logistique et l’ingénierie complexes requises lors de ces opérations de grande envergure.
Par exemple, les partenaires ont créé une seconde entreprise, Terraforma Systems, qui conçoit et fabrique des composteurs sur site qui utilisent la chaleur, l’agitation et les microbes pour décomposer les déchets alimentaires et produire un matériau de compost inodore. Ils vendent ou louent ces unités à de grandes propriétés commerciales, notamment des tours de bureaux, des aires de restauration, des campus, des centres de congrès et des aéroports. Recycling Alternative utilise également des camions zéro déchet, conçus par Robert Weatherbe pour collecter en un seul passage des flux de recyclage séparés en provenance de plusieurs sources, en plus de rechercher et de développer des solutions en boucle fermée pour les bioplastiques par l’intermédiaire d’une troisième entreprise, Regenerative Waste Labs.
La clientèle des services de gestion de site et de conseil comprend des restaurants, des campus universitaires, des centres commerciaux et des tours de bureaux. Les services de conseil comprennent les audits de déchets, le détournement des déchets et la planification de la gestion des déchets.
Même si l’entreprise est, à tous points de vue, une réussite, les choses n’ont pas toujours été faciles. Dans les premiers temps, le manque de sensibilisation du public concernant le recyclage a forcé les copropriétaires à consacrer des ressources à l’éducation. Les changements fréquents de réglementation ont également créé des obstacles, tout comme la concurrence des multinationales du traitement des déchets qui se sont tournées vers le recyclage.
Une vision idéaliste
L’histoire de l’entreprise commence alors que Louise Schwarz et Robert Weatherbe sont à bord d’une voiture à hayon, en train de collecter du papier de bureau mis au rebut par des entreprises avant-gardistes de Vancouver. C’était il y a près de 35 ans, avant même l’existence de programmes municipaux de bacs bleus.
Louise Schwarz était enseignante et Robert Weatherbe était ingénieur. Ils se sont inspirés d’un ami de Seattle qui collectait du vieux papier pour protéger l’environnement. «C’était un signal d’alarme», déclare Louise Schwarz. «Nous étions fascinés par les déchets et préoccupés par la façon dont les gens s’en débarrassaient. Nous avons réalisé que nous devions faire quelque chose pour protéger l’environnement.»
Le duo est rapidement devenu trop grand pour la voiture à hayon, qu’il a alors troquée pour une camionnette. Ils ont construit l’entreprise un camion à la fois, en ajoutant lentement des membres du personnel pour devenir l’un des principaux innovateurs dans le domaine du recyclage à Vancouver.
Au départ, l’un des principaux défis était de sensibiliser les gens au fait qu’il existait de meilleures façons de traiter leurs déchets que de les jeter aux poubelles. C’est là que la formation d’enseignante de Louise Schwarz s’est avérée utile, et l’est encore aujourd’hui. Même si les deux sont profondément impliqués dans les activités de l’entreprise, Louise Schwarz gravite autour de l’innovation sociale tandis que Robert Weatherbe est axé sur l’innovation technologique.
La collaboration de Louise Schwarz avec United We Can, un organisme de bienfaisance de rue qui permet aux habitantes et habitants de gagner de l’argent en recyclant des emballages de boissons consignés, est un exemple de l’intérêt qu’elle porte à la communauté. United We Can est situé dans les mêmes locaux que Recycling Alternative, et les deux partenaires traitent environ 60 000 conteneurs par jour. Les recettes sont suffisantes pour soutenir une population de 600 à 700 collectrices et collecteurs de recyclage issus des quartiers défavorisés de Vancouver.
Création du greenHUB de Vancouver
En 2014, l’entreprise a franchi une étape importante lors de l’achèvement de ce qu’elle appelle le greenHUB, une installation de 35 000 pieds carrés. Plusieurs fois plus grand que l’ancien entrepôt de l’entreprise, le greenHUB fournit l’infrastructure nécessaire, sert de tremplin à l’innovation et permet à l’entreprise de répondre à des appels d’offres plus importants.
La proximité du centre-ville de Vancouver fait de l’entreprise un cas particulier: il est rare de trouver une installation de ce type et de cette taille en dehors des parcs industriels de banlieue. Mais Recycling Alternative est située dans les False Creek Flats, à un peu plus d’un kilomètre du centre-ville de Vancouver, l’une des zones urbaines les plus animées de la ville, dans laquelle on trouve des attractions touristiques, des pubs, des cafés, des restaurants et une digue.
«Notre emplacement est un facteur clé», explique Louise Schwarz. «Nous ne pourrions pas diminuer notre impact environnemental si nous devions faire deux ou trois heures de route pour livrer des matériaux à nos installations.»
Le modèle d’entreprise est assez simple: Recycling Alternative facture des frais pour ses différents services. Les grandes propriétés commerciales, les entreprises et les événements qui ne sont pas desservis par le service municipal de collecte des déchets doivent signer un contrat avec une entreprise qui leur offrira ce service. Les matériaux recyclés eux-mêmes ont également une valeur, ce qui permet à l’entreprise de générer des revenus supplémentaires grâce au courtage des matières premières.
Une stratégie de croissance
Aujourd’hui, Louise Schwarz et Robert Weatherbe se décrivent comme des gens qui innovent dans le domaine des déchets de bout en bout. À mesure que l’entreprise se développe, l’un des principaux défis consiste à financer l’équipement et les ressources dont elle a besoin, comme les camions dont le prix se situe dans les six chiffres.
C’est là que BDC intervient.
BDC est intervenue pour la première fois il y a une douzaine d’années, lorsque l’entreprise cherchait à agrandir son parc de véhicules. Plus récemment, Recycling Alternative a cherché du financement pour effectuer des investissements en infrastructure et en technologie, notamment une trieuse optique, dont elle a besoin pour augmenter ses activités de traitement. Les trieuses optiques peuvent coûter plus de 500 000 $.
Robert Weatherbe est heureux que BDC reconnaisse son expertise et celle de Louise Schwarz.
«Elle se rend compte que nous savons ce que nous faisons», dit-il. «BDC comprend nos finances et notre stabilité, et elle est prête à nous soutenir. Cette familiarité et cette confiance ont grandement contribué à notre croissance, et nous nous réjouissons de poursuivre cette relation.»
Contribuer à l’économie circulaire
Louise Schwarz et Robert Weatherbe sont fiers de contribuer à l’économie circulaire.
«Nous croyons en ce que nous appelons la chaîne de traçabilité, c’est-à-dire suivre les matériaux et comprendre où ils vont», explique Louise Schwarz. «Le recyclage fait intrinsèquement partie de l’économie circulaire, car il s’agit de fabriquer quelque chose de nouveau à partir d’articles dont on n’a plus besoin.»
Par exemple, les composteurs sur site de Terraforma Systems transforment les déchets en une terre riche en nutriments. Cela signifie que les déchets alimentaires d’un hôtel ou d’un centre commercial peuvent être traités sur place et récupérés pour être utilisés dans un jardin sur le toit.
«Nous faisons partie d’un mouvement dans lequel les matériaux ne quittent pas la zone où ils ont été produits», ajoute-t-elle. «Ils sont traités ou reconstruits et remis en circulation.»
Collaborer pour redonner au suivant
Les copropriétaires estiment que d’autres entreprises qui souhaitent améliorer le sort de la société et de l’environnement peuvent se concentrer sur la collaboration.
«L’important, c’est de comprendre son modèle d’entreprise et de savoir où se trouvent les portes d’entrée possibles pour d’autres personnes», dit-elle.
«Par exemple, nous travaillons avec des groupes du Downtown Eastside qui se concentrent sur l’emploi inclusif. Il s’agit de connaître l’écosystème local, de comprendre qui travaille, de nouer des relations et de créer ensemble une masse critique. Il s’agit pour les PME de s’unir pour créer une économie locale équitable et résiliente.»
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