Servir les autres est inscrit dans l’ADN de cet entrepreneur en café

Pour Losel Tethong, un bon café est encore meilleur lorsqu’on aide les autres et l’environnement

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Losel Tethong compare la peur de démarrer une nouvelle entreprise à celle ressentie au moment de sauter d’un avion sans savoir si le parachute se déploiera.

Avec deux jeunes enfants à sa charge et une hypothèque à rembourser, Losel Tethong a quitté son travail de consultant de haut vol pour réaliser son rêve de démarrer une entreprise de café de spécialité. Mais il a vu ses économies fondre de mois en mois.

Il a d’abord investi son argent dans la conversion d’une usine centenaire en établissement de torréfaction haut de gamme et en café branché dans le quartier Junction Triangle, à Toronto, puis dans le démarrage de Propeller Coffee Company.

Losel Tethong a conservé son emploi de consultant chez Accenture et il supervisait les rénovations et la création de l’entreprise tôt le matin, les soirs et les fins de semaine. Sa femme, Kristi, et lui n’ont commencé à s’inquiéter que lorsqu’il a quitté son travail pour se consacrer à plein temps à Propeller.

S’imposer progressivement

Losel Tethong a passé de nombreuses nuits blanches pendant qu’il s’employait à se bâtir une clientèle avec l’aide de son équipe. Lorsqu’un ami lui a demandé s’il pouvait tenir son mariage au café Propeller, le couple a découvert un tout nouveau marché: l’organisation d’événements.

Kristi, une réalisatrice de documentaires sans aucune expérience dans la planification d’événements, a pris en charge cet aspect de l’entreprise, qui a rapidement commencé à générer les flux de trésorerie dont le couple avait tant besoin. Mais pendant les premières années, tout ne tenait qu’à un fil.

«Vous vous creusez la tête pour savoir comment vous pourrez verser les salaires de votre personnel, raconte Losel Tethong. Vous promettez à une fournisseuse ou un fournisseur que vous allez la ou le payer, mais avec une quinzaine de jours de retard. Vous vous serrez la ceinture et réduisez tout au strict nécessaire.»

Le tournant pour Propeller est arrivé en 2016, lorsqu’elle a été nommée microtorréfacteur de l’année par la revue spécialisée Roast Magazine. Cette récompense a consolidé sa réputation et attiré une vague de nouvelle clientèle.

Obtenir la certification B Corp

Le café et les activités événementielles de Propeller sont en pleine effervescence, mais le cœur de l’entreprise, qui constitue plus de 80 % du chiffre d’affaires, est la vente en gros de café à des restaurants et à des cafés indépendants partout au Canada, et de plus en plus aux États-Unis. Propeller a également obtenu son statut B Corp, une certification internationale rigoureuse décernée aux entreprises qui contribuent à la prospérité locale et qui créent des communautés dynamiques et un environnement durable.

La réussite de Propeller n’est que le plus récent chapitre de l’histoire remarquable de Losel Tethong, qui est né d’un père tibétain et d’une mère canadienne dans un camp de réfugiées et réfugiés du Tibet, dans le sud de l’Inde.

D’abord interprète, puis conseiller, son père est devenu ministre des Affaires étrangères du dalaï-lama après avoir fui le Tibet en 1959 avec ses adeptes. En revanche, la mère de Losel Tethong vient d’une famille typiquement « protestante de race blanche et d’origine anglo-saxonne » d’Oakville, une banlieue bien nantie de Toronto. Elle a été l’une des premières récipiendaires de l’Ordre du Canada.

Le couple s’est rencontré lorsque la mère de Losel Tethong s’est rendue en Inde à titre de coopérante volontaire durant l’un des premiers voyages organisés par le Service universitaire canadien outre-mer (maintenant CUSO International). Durant son séjour, elle a aidé à fonder un orphelinat pour les enfants réfugiés du Tibet.

Quitter l’Inde pour s’installer au Canada

Losel Tethong avait cinq ans lorsque ses parents l’ont emmené avec sa sœur au Canada, plus précisément à Victoria, où son père avait obtenu un poste d’enseignant dans un collège. Imprégné des cultures tibétaine et canadienne, Losel Tethong a par la suite pris plusieurs détours avant de devenir entrepreneur.

À 18 ans, il a rejoint les rangs de la Marine royale canadienne et parcouru le monde en tant qu’officier de navigation. Après 10 années de service, il a quitté la marine puis a décroché un diplôme d’études supérieures en relations internationales de la prestigieuse université de Georgetown, à Washington D.C. Il a ensuite obtenu un poste de consultant chez Accenture, où il a conseillé de grandes entreprises sur leurs stratégies, d’abord à Londres, puis chez lui, au Canada.

Durant ses quatre dernières années au sein d’Accenture, il a cultivé son profond intérêt pour l’environnement en créant et en dirigeant les services de durabilité de l’entreprise au Canada.

Toutefois, en raison de ses nombreux déplacements, il ne passait pas autant de temps avec sa femme et ses deux fils qu’il l’aurait souhaité. Il sentait également le besoin de faire quelque chose de moins cérébral que la consultation.

Avoir un impact concret

«Je voulais quelque chose de plus concret, de plus physique, explique Losel Tethong. Je voulais être autonome et construire quelque chose dont je serais fier.»

La solution a été de démarrer Propeller – une entreprise lui donnerait une plus grande indépendance et l’occasion de faire un travail pratique, tout en cultivant sa passion pour le café de spécialité.

Cette entreprise, une cliente de BDC, a également permis à Losel Tethong de mettre à profit son intérêt pour la protection de l’environnement et ce qu’il avait appris sur la durabilité chez Accenture.

Par exemple, Propeller a acheté un torréfacteur Loring qui utilise environ 85 % moins d’énergie qu’une machine traditionnelle. L’entreprise vend également ses produits dans des emballages entièrement compostables.

Propeller a en outre permis à Losel Tethong et à sa femme d’apporter une contribution à la communauté. Chaque hiver, le couple organise une série d’événements intitulée Chefs for Change avec leur ami, le chef Chris Brown.

Aider avec des aliments sains

Cinq jeudis consécutifs, cinquante cheffes et chefs de talent du Canada préparent des soupers chez Propeller. En quatre ans, l’initiative a permis d’amasser 1,5 million de dollars au profit des centres communautaires d’alimentation du Canada, qui permettent aux gens des communautés à faible revenu de cultiver, cuisiner, partager et promouvoir la bonne nourriture.

Ce sont des projets comme celui-là qui ont permis à Propeller d’obtenir sa certification B Corp. Ce que Losel Tethong aime le plus de cette certification, c’est qu’elle le motive à continuer d’améliorer tous les aspects de la performance de son entreprise en matière de durabilité.

«Nous avons indiqué dans une feuille de route ce que nous voulons faire pour les trois à cinq prochaines années en fonction de la structure que nous offre le processus B Corp», explique l’entrepreneur.

Cinq ans après les débuts difficiles de l’entreprise, Propeller est en bonne voie d’atteindre l’objectif de Losel Tethong, à savoir «devenir le chef de file du café de spécialité au Canada et compter parmi les deux ou trois premières entreprises de ce secteur en Amérique du Nord».

Avoir une mission, un élément fondamental

De réfugié dans un camp à propriétaire de sa propre entreprise de café branchée, Losel Tethong a suivi un parcours pour le moins mouvementé. Cependant, il garde toujours à l’esprit l’importance de prendre soin des autres et de la planète, une valeur qu’il tient de sa famille.

«Utiliser cette plateforme pour remplir une mission qui va au-delà de l’argent ou du café représente tout pour moi.»