Comment cette entreprise de construction a amélioré sa productivité pour réaliser une croissance contrôlée
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Tommy Labbé (à gauche) et Jessy Labbé (à doite), co-propriétaires de Construction T.J.L.
Avoir du temps pour aller chercher des contrats plus ambitieux. C’est ce à quoi rêvent Jessy et Tommy Labbé, cofondateurs de Construction T.J.L. inc. Même si les deux travaillent très fort dans leur entreprise lancée en 2011, c’était difficile d’y arriver dans les dernières années.
«Mon frère et moi gérions tout avant, explique Tommy. On doublait notre chiffre d’affaires chaque année. Mais, l’entreprise devenait plus grosse et plus complexe à gérer. Le problème, c’est que si nous étions sur les chantiers, le bureau était moins efficace et si nous étions dans le bureau, les chantiers fonctionnaient moins bien. Nous en prenions toujours plus sur nos épaules, mais là, nous étions saturés.»
Conscients qu’ils ne pouvaient pas être partout en tout temps, les deux entrepreneurs se sont mis à embaucher des gens. «Nous nous sommes retrouvés avec une grande équipe, mais nous étions mal structurés, raconte Jessy. Notre marge de profit avait baissé de moitié. Nous ne pouvions pas continuer comme ça. Il fallait que l’entreprise puisse rouler même si nous n’étions pas toujours présents.»
Les deux entrepreneurs, qui emploient maintenant plus de 200 personnes et ont un chiffre d’affaires de quelques dizaines de millions de dollars, ne sont pas des gestionnaires de formation. Ils ont quitté leur Beauce natale pour venir poser du gypse à Montréal à 17 et 19 ans.
Cinq ans plus tard, ils fondent leur entreprise et prennent plaisir à toujours repousser leurs limites pour la faire grandir. Jusqu’à ce qu’ils réalisent qu’il était temps d’aller chercher de l’aide pour améliorer leur productivité.
C’est alors qu’ils se sont tournés vers les services-conseils de BDC.
Le recrutement en adéquation avec ses besoins
La première chose qu’il fallait faire chez Construction T.J.L. était d’évaluer la main-d’œuvre. «Il fallait regarder les compétences de chaque personne et leur vision des tâches qu’elles avaient à réaliser, indique Jessy. Puis, il a fallu décrire notre vision des choses et comment nous voulions qu’elles évoluent.»
Rapidement, Tommy et Jessy ont réalisé que les compétences nécessaires pour faire avancer leur entreprise dans la direction voulue n’étaient pas alignées avec ce que l’équipe en place avait à leur offrir. Il fallait donc réagir rapidement. «Dans les six premiers mois de notre réorganisation, nous avons changé 75 % de notre personnel de bureau», affirme Jessy.
Ensuite, beaucoup d’efforts ont été investis dans le recrutement, avec l’aide de chasseuses et chasseurs de têtes, et dans le coaching du personnel.
Investir dans la numérisation
Après avoir réuni la bonne équipe pour les besoins de Construction T.J.L., il a fallu prendre le virage numérique pour gagner en productivité. «Tout se faisait papier chez nous, précise Tommy. Nous voulions que les estimations puissent se faire en ligne et que nos données soient accessibles du chantier au bureau et vice versa.»
Pour atteindre ses objectifs, l’entreprise avait besoin d’un progiciel de gestion intégré (PGI), mieux connu sous son nom anglais ERP (pour enterprise resource planning). «Mais, avant d’y arriver, il fallait réaliser plusieurs étapes, comme la description des postes, la cartographie des processus de l’entreprise des premiers contacts avec la clientèle jusqu’à la livraison du chantier. Il fallait aussi pouvoir compter sur une équipe stable et bien formée. Ça nous a pris plus de temps que nous le pensions.»
Les deux entrepreneurs se préparent maintenant à l’implantation du PGI. Mais déjà, l’information circule mieux dans l’entreprise. «Nous impliquons notre personnel clé dans la gestion de l’entreprise, affirme Jessy. Ces personnes reçoivent les chiffres 15 jours après la fin de notre mois, donc elles savent ce qui va bien et ce qui va moins bien sur les chantiers. Nous organisons des réunions pour en parler et elles peuvent s’ajuster en conséquence.»
Une fois que le PGI sera en place, l’entreprise souhaite que les données soient accessibles chaque semaine.
«Notre personnel a vraiment embarqué dans le projet de mise en place un système de gestion intégré, affirme Tommy. Tout roule de façon linéaire maintenant dans l’administration et ça nous aide à mieux fonctionner sur les chantiers. Et surtout, je vois que le sentiment d’appartenance est revenu dans l’entreprise.»
Obtenir un rendement sur l’investissement
La réorganisation de Construction T.J.L a commencé en 2022. Les entrepreneurs ont dû investir dans les services-conseils, dans les services de recrutement, puis dans les logiciels et leur implantation. «Il faut être prêt à investir, affirme Tommy. Mais, quand on y croit et qu’on s’y met vraiment, on a vite des résultats.»
Dès 2023, Construction T.J.L a retrouvé la marge bénéficiaire qu’elle avait en 2020 alors que seulement Tommy et Jessy géraient l’entreprise. «Nous avons réussi», affirme Jessy.
Il reste encore du travail à faire, comme l’implantation du PGI et la création d’un département de ressources humaines. «Mais, il faut faire attention, parce qu’il y a eu beaucoup de changements, il a fallu coacher beaucoup de monde et leur expliquer notre vision de l’entreprise, explique Jessy. Nous sommes essoufflés. La numérisation nous demande aussi encore beaucoup de temps. Toutefois, c’est encourageant, parce qu’on sait que les efforts investis nous permettront d’économiser du temps et de l’argent plus tard.»
Les deux frères croient que prochainement, ils auront enfin du temps pour développer davantage leur entreprise. «Nous avons plusieurs projets en tête, nous voulons continuer à croître, affirme Jessy. Bientôt, notre compagnie roulera avec la stabilité et la productivité nécessaires pour nous permettre de nous investir pleinement dans ce que nous voulons pour le futur. Nous rêvons grand pour Construction T.J.L.»