Logo - Banque de développement du Canada - BDC

L’entrepreneuriat immigrant à l’avant-scène au Canada

Lecture de 6 minutes

Les personnes issues de l’immigration1 représentent une proportion croissante de la population canadienne; leur représentation est passée de 16 % en 1991 à environ 24 % en 2023, selon les estimations de BDC basées sur les données du recensement de 2021. Étant donné que le Canada accueille chaque année davantage d’immigrantes et d’immigrants et que le taux de natalité est à un creux historique, la part des immigrantes et immigrants dans la population continuera d’augmenter dans les années à venir. 

Cela changera le visage de l’entrepreneuriat au pays, puisque les personnes issues de l’immigration sont plus susceptibles à se lancer dans l’entrepreneuriat que les citoyennes et citoyens canadiens de naissance. Dans l’ensemble, 2,9 % des immigrantes et immigrants qui ont 15 ans et plus sont propriétaires d’une entreprise au Canada, par rapport à 2,0 % des personnes nées au Canada. 

Quelle sera l’incidence des niveaux historiquement élevés d’immigration sur le paysage entrepreneurial canadien? Et quels défis les immigrantes et immigrants qui se lancent en affaires sont-ils susceptibles de rencontrer une fois qu’elles et ils auront créé des entreprises au Canada? 

Ce blogue apporte certaines réponses à ces questions tout en décrivant l’apport actuel et futur des propriétaires d’entreprise issus de l’immigration à l’économie canadienne.

Les personnes immigrantes se lancent davantage en affaires, surtout les hommes 

La surreprésentation des personnes issues de l’immigration en entrepreneuriat est principalement due aux hommes immigrants, qui représentent la proportion de propriétaires d’entreprise la plus élevée du pays (4,4 %). Les femmes immigrantes restent sous-représentées en entrepreneuriat (1,5 %), bien que leur proportion soit plus élevée que les femmes citoyennes de naissance. 

Globalement, il y a presque trois fois plus d’hommes entrepreneurs que de femmes entrepreneures, ce qui signifie que les femmes sont nettement sous-représentées en entrepreneuriat, un fait déjà bien documenté

Figure 1: Taux d’entrepreneuriat au Canada en 2023

  Toutes Femmes Hommes
Personnes immigrantes 2.9 % 1.5 % 4.4 %
Personnes citoyennes du Canada de naissance 2.0 % 1.1 % 3.0 %
Population totale 2.3 % 1.2 % 3.4 %

Source: Calculs de BDC à partir des données de l’enquête spéciale sur la main-d’œuvre de Statistique Canada.  
Lecture: 2,9 % des personnes immigrantes au Canada âgées de 15 ans et plus sont propriétaires d’entreprise. Un groupe pour lequel le taux d’entrepreneuriat est inférieur à la moyenne (2,3 %) est sous-représenté. 

Dans dix ans, la moitié des propriétaires d’entreprise de l’Ontario et de la Colombie-Britannique devraient provenir de l’immigration 

Le nombre de propriétaires d’entreprise provenant de l’immigration est plus élevé au Canada que dans la plupart des autres économies développées. Selon les dernières données disponibles, la proportion de propriétaires d’entreprise provenant de l’immigration est de 22 % aux États-Unis, 19 % au Royaume-Uni et en Allemagne, 12 % en France et 15 % en moyenne en Europe, selon l’American Immigration Council et Eurostat. 

Toutefois, les personnes immigrantes n’étant pas uniformément réparties sur l’ensemble du territoire, la proportion de personnes immigrantes faisant partie de la population d’entrepreneures et entrepreneurs varie considérablement d’une région à l’autre. 

En 2023, 34 % des propriétaires d’entreprise au Canada provenaient de l’immigration, tandis qu’en Ontario et en Colombie-Britannique, cette proportion était supérieure à 40 %. Par contre, elles et ils ne représentent que 10 % de la population d’entrepreneures et entrepreneurs des provinces de l’Atlantique. La proportion d’entrepreneures et entrepreneurs issus de l’immigration était également plus faible au Québec et dans les Prairies. 

La situation évoluera rapidement au cours des 10 prochaines années, puisque l’on estime que les personnes issues de l’immigration représenteront plus de 40 % des entrepreneures et entrepreneurs canadiens en 2034. Cela représente une augmentation de 15 points sur 20 ans (par rapport à 27 % en 2014) et de 8 points sur 10 ans (par rapport à 34 % en 2024). 

Figure 2: Proportion de personnes issues de l’immigration parmi la population d’entrepreneures et entrepreneurs au Canada 

Sources: Statistique Canada, projections de BDC. 

La ventilation régionale est encore plus révélatrice. En 2034, la moitié des entrepreneures et entrepreneurs de l’Ontario seront issus de l’immigration, et près de la majorité des propriétaires d’entreprise de la Colombie-Britannique proviendront de l’immigration. 

Cette proportion augmentera dans toutes les régions, mais cette augmentation sera modérée dans les provinces de l’Atlantique et au Québec, car moins d’immigrantes et d’immigrants s’y installent. 

Figure 3: Proportion des propriétaires d’entreprise provenant de l’immigration par région canadienne, 2023 et 2034

Source: Calculs de BDC à partir des projections démographiques de Statistique Canada (scénario de référence) et des taux d’entrepreneuriat  ajustés observés en 2023. Pour cette projection, les taux d’entrepreneuriat ont été recalculés pour la population âgée de 15 à 74 ans.  
Lecture: Selon une estimation de BDC, 42 % des propriétaires d’entreprise au Canada proviendront de l’immigration en 2034. 

Les propriétaires d’entreprise provenant de l’immigration ont une forte contribution à l’économie 

Le nombre croissant d’entrepreneures et d’entrepreneurs provenant de l’immigration contribuera de façon significative à l’économie canadienne. 

Une étude a démontré que la création nette d’emplois était plus élevée dans les entreprises appartenant à des personnes immigrantes que dans celles appartenant à des personnes nées au Canada. Les entreprises appartenant à des personnes immigrantes étaient à l’origine de 25 % des emplois nets créés tout en représentant 17 % de l’ensemble des entreprises étudiées. Cette différence s’explique principalement par l’âge des entreprises détenues par des personnes immigrantes, les entreprises plus jeunes ayant tendance à avoir des taux de création d’emplois plus élevés. 

Une autre analyse de Statistique Canada a démontré que les entreprises appartenant à des personnes issues de l’immigration sont plus innovantes et possèdent davantage de droits de propriété intellectuelle. C’est une bonne nouvelle étant donné l’impact positif de ces facteurs sur la productivité. Selon une enquête récente, 10,9 % des entreprises dirigées par des personnes issues de l’immigration ont l’intention d’augmenter leurs dépenses en recherche et développement au cours des trois prochains mois, par rapport à 6,7 % pour l’ensemble des entreprises du secteur privé. 

Figure 4: Taux d’innovation et de propriété intellectuelle parmi les propriétaires immigrantes et immigrants et les propriétaires canadiens de naissance de petites et moyennes entreprises

Source: Yuri Ostrovsky et Garnett Picot, Innovation au sein des entreprises appartenant à des immigrants au Canada, Statistique Canada, 2020

En outre, les entreprises détenues par des personnes issues de l’immigration ont un impact positif significatif sur la diversification des échanges commerciaux du Canada, plus particulièrement avec la région d’origine des propriétaires. Par exemple, par rapport aux entreprises appartenant à des citoyennes ou citoyens de naissance, les entreprises appartenant à des personnes issues de l’immigration dans le secteur de la fabrication ont, en moyenne, une probabilité plus élevée d’effectuer des importations (différence de 6,7 points de pourcentage) en provenance de la région d’origine des propriétaires et d’effectuer des exportations (différence de 2,1 points de pourcentage) vers celle-ci, selon Statistique Canada

Les entreprises dirigées par des personnes issues de l’immigration semblent nt plus fragiles financièrement 

Malgré des résultats positifs et un taux de survie identique à celui des entreprises citoyennes ou citoyens de naissance, les entreprises appartenant à des personnes issues de l’immigration sont moins optimistes quant à l’avenir. 

En fait, selon l’enquête canadienne sur la situation des entreprises de Statistique Canada, les entreprises appartenant à des personnes issues de l’immigration étaient moins susceptibles de faire état de perspectives optimistes pour les 12 prochains mois (60,3 % par rapport à 68,4 % pour l’ensemble des entreprises du secteur privé). 

Cela peut s’expliquer par la situation financière des entreprises appartenant à des personnes immigrantes qui semble plus fragile, comme le montre la figure 5. 

Figure 5: Prévisions financières des entreprises dirigées par des personnes issues de l’immigration par rapport à l’ensemble des entreprises privées du Canada 

  Entreprises dirigées par des personnes issues de l’immigration  Toutes les entreprises privées 
S’attendent à une baisse des ventes au cours des trois prochains mois 21.6 % 16.4 %
S’attendent à une baisse de la rentabilité au cours des trois prochains mois 39.9 % 33.3 %
Disposent de la trésorerie ou des actifs nécessaires pour fonctionner 67.8 % 73.9 %
Peuvent s’endetter davantage 41.0 % 59.8 %
Ont été fortement influencées par les niveaux des taux d’intérêt 36.8 % 28.0 %

Source: Statistique Canada, Enquête canadienne sur la situation des entreprises, T1 2024.

Le manque d’optimisme et la plus grande fragilité des finances pourraient s’expliquer par le fait que les entreprises appartenant à des personnes immigrantes sont généralement plus petites. Parmi les entreprises employant 50 personnes ou plus, seules 5 % sont détenues majoritairement par des personnes issues de l’immigration, par rapport à 59 % pour les entreprises détenues par des citoyennes ou citoyens de naissance (le 36 % restant étant détenu par des entreprises dans lesquelles les personnes issues de l’immigration détiennent une participation minoritaire).

Une autre explication possible provient possiblement du fait que les entreprises dirigées par des personnes issues de l’immigration ont été plus touchées par la pandémie de COVID-19 que les autres, car elles sont plus concentrées dans les secteurs nécessitant des contacts en personne, selon une étude de Statistique Canada.

Cette même étude indique que  les entreprises appartenant majoritairement à des personnes issues de l’immigration ont bénéficié davantage  du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC), de l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) ou de la Subvention d’urgence du Canada pour le loyer (SUCL),. Toutefois, les entreprises appartenant à des personnes issues de l’immigration ont touché des prestations légèrement plus élevées que les propriétaires d’entreprise n’étant pas issues de l’immigration.

En ce qui concerne le financement par les institutions financières traditionnelles, peu d’éléments indiquent que l’accès au financement est plus problématique pour les propriétaires d’entreprise provenant de l’immigration que pour les propriétaires d’entreprise nés au Canada, après la prise en compte des caractéristiques des entreprises (par exemple la taille ou le secteur d’activité). Toutefois, les entreprises appartenant à des personnes issues de l’immigration étaient légèrement moins susceptibles de faire une demande de financement que les entreprises de personnes nées au Canada. Cependant, selon une étude de Statistique Canada, les demandes des entreprises appartenant à des personnes issues de l’immigration étaient approuvées en entier aussi fréquemment que celles des entreprises appartenant à des citoyennes ou citoyens de naissance.

Une force croissante dans l’économie canadienne

L’entrepreneuriat immigrant est appelé à prendre de plus en plus d’importance au Canada. Dans certaines provinces, en 2034, une personne entrepreneure sur deux sera née à l’étranger.

Ce dynamisme entrepreneurial est une bonne nouvelle pour l’économie canadienne car la proportion de propriétaires d’entreprise dans la population canadienne est en baisse depuis deux décennies et que cela a probablement contribué à la faible croissance de la productivité au Canada.

Le dynamisme entrepreneurial des immigrantes et des immigrants pourrait sans doute aider notre économie à devenir plus innovante et dynamique.

Gardons toutefois en tête que ces entreprises sont confrontées à des défis particuliers et qu’il faut les aider à y faire face.

Dans ce blogue, on définit les propriétaires d’entreprise comme des personnes qui effectuent un travail indépendant et qui embauchent d’autres personnes. Les entreprises sont décrites par leur propriété majoritaire. Les termes «immigrante» et «immigrant» désignent des personnes qui sont, ou qui ont déjà été, des immigrantes et immigrants reçus ou des résidentes et résidents permanents.

Votre vie privée

BDC utilise des témoins de navigation (cookies) pour améliorer votre expérience sur son site et à des fins publicitaires, pour vous offrir des produits ou des services qui sont pertinents pour vous. En cliquant sur «J’ai compris» ou en poursuivant votre navigation sur ce site, vous consentez à leur utilisation.

Pour en savoir plus, consultez notre Politique de confidentialité.