Ces entrepreneurs du secteur fromager bénéficient d’une formidable croissance grâce à une acquisition bien planifiée
Lecture de 5 minutes
Len et Kevin Thomson croyaient avoir fait une excellente acquisition en achetant Bothwell Cheese.
Len et Kevin détenaient déjà Paradise Island Foods, une entreprise florissante, située sur l’île de Vancouver, qui emballe et vend du fromage aux épiceries, aux restaurants et à d’autres établissements commerciaux en Colombie-Britannique.
Avec Bothwell, les Thomson achetaient une entreprise fromagère ayant une marque reconnue à l’échelle nationale et une excellente réputation de qualité.
De plus, son usine du sud du Manitoba offrait une capacité suffisante pour répondre à ses propres besoins et à ceux de Paradise Island Foods, tout en laissant beaucoup de place pour la croissance future. Cela signifiait que les Thomson n’auraient plus à acheter de fromage d’une entreprise fournisseuse en Alberta, qui faisait aussi partie de la concurrence.
«Le plan reposait intégralement sur l’augmentation de la production de Bothwell, la valorisation de la marque Bothwell et l’approvisionnement de Paradise Island Foods», affirme Len.
Len et Kevin ont obtenu du financement de BDC et d’une autre institution prêteuse, battu deux soumissionnaires faisant partie de la concurrence et conclu la transaction en 2010. Ce n’est qu’après avoir commencé à accroître la production à Bothwell que Len et Kevin ont eu leurs premières surprises.
«Nous avons découvert que nous avions acheté une vieille voiture», confie Kevin, 49 ans, en riant.
«Un tas de ferraille», ajoute Len, 50 ans. «Nous avons augmenté la production très rapidement, et nous avons très vite constaté que l’équipement en place n’allait pas suffire pour le volume que nous voulions produire.»
D’importants investissements
Les deux entrepreneurs peuvent en rire maintenant, mais à l’époque il a fallu effectuer d’importants investissements pour rénover et moderniser l’usine et l’équipement. L’ancien groupe propriétaire, qui comprenait une personne qui investissait dans le capital de risque, était davantage concentré sur la production de bénéfices que sur la modernisation de l’usine.
Les Thomson ne condamnent pas les décisions de l’ancien groupe propriétaire. Len et Kevin se reprochent plutôt de ne pas avoir fait preuve de la diligence raisonnable requise, une leçon clé que cette acquisition leur a apprise.
«Nous saurions maintenant comment nous y prendre mais, la première fois, nous aurions mieux fait d’avoir recours à des professionnels», affirme Kevin.
Heureusement, leur situation financière était solide au moment de l’acquisition et les investissements nécessaires ont pu être effectués. L’acquisition s’est avérée être un formidable succès. Les entreprises, qui emploient ensemble environ 215 personnes, connaissent depuis une croissance de plus de 20 % par an.
Une approche structurée
Les Thomson avaient acheté Paradise Island Foods à leur père en 2005, mais ces deux propriétaires d’entreprise n'avaient jamais fait d’acquisition externe.
Toutefois, malgré leur erreur de parcours en matière de diligence raisonnable, Len et Kevin ont évité un grand nombre des pièges identifiés dans une nouvelle étude de BDC , laquelle est fondée sur un sondage mené auprès de quelque 1 000 entrepreneurs et entrepreneures du Canada.
Len et Kevin Thomson avaient déjà envisagé une série d’options de croissance lorsque Bothwell les a contactés au sujet de la possibilité d’un achat. Les deux connaissaient l’entreprise du Manitoba, parce qu’elle était l’une des entreprises fournisseuses de Paradise Island Foods.
«Nous avons immédiatement réalisé que ce serait un bon mariage, parce que nous serions désormais intégrés verticalement, explique Len. Nous fabriquerions notre propre fromage. Et nous pourrions en contrôler la qualité.»
Avec l’aide de leur comptable, les Thomson ont préparé un plan d’acquisition, notamment en définissant clairement les objectifs stratégiques de l’achat.
Manque de planification fréquent
L’étude de BDC a révélé que les entreprises qui adoptent ce type d’approche structurée lors d’une acquisition ont 94 % plus de chances d’enregistrer une croissance élevée des revenus dans les trois années qui suivent la transaction. Pourtant, un peu plus de 40 % des entreprises interrogées n’avaient pas élaboré de plan avec des objectifs définis lors de leur dernière acquisition d’entreprise.
Les Thomson étaient aussi bien préparés financièrement. Len et Kevin avaient consciencieusement remboursé la dette contractée lors de l’achat de Paradise Island Foods qui appartenait à leur père et les deux étaient prêts à acquérir Bothwell, y compris à effectuer les investissements imprévus qui se sont révélés nécessaires après l’acquisition.
Len et Kevin ont pris une autre bonne décision en gardant la personne à la tête de la direction de Bothwell dans l’équipe pendant une période de transition de quatre ans afin qu’elle les aide à se familiariser avec l’entreprise. Kevin dirige maintenant Bothwell, tandis que Len dirige Paradise Island Foods, à Nanaimo.
Après l’achat, Kevin et Len ont rallié le personnel de Bothwell à leurs projets de croissance et instauré dans l’entreprise une ambiance familiale comme celle qui régnait à Paradise Island Foods. C’est pourquoi Kevin a passé beaucoup de temps à parler au personnel de la production à l’usine de New Bothwell (Manitoba), au sud-est de Winnipeg.
Des investissements encourageants pour le personnel
Les membres du personnel pouvait voir que la nouvelle direction investissait pour la croissance future et que leurs emplois n’étaient pas menacés, et cela a beaucoup aidé. En fait, climatiser l’usine a été l’un des premiers investissements que les Thomson ont effectués, ce que le personnel a grandement apprécié vu les étés chauds du sud du Manitoba.
En 2015, Len et Kevin ont fait une autre acquisition, de plus petite envergure, avec l’achat de Notre Dame Creamery, une entreprise fondée en 1921 à Notre-Dame-de-Lourdes, au Manitoba. Cela a permis d’ajouter de nouveaux produits (comme le beurre et la crème glacée) à leur gamme.
Après avoir investi pour augmenter la production à Bothwell, notamment avec un exercice d’efficacité opérationnelle guidé par BDC Services-conseils, les Thomson ont maintenant des projets ambitieux pour l’avenir.
Cap sur l’exportation
Kevin et Len veulent accroître les ventes de Bothwell partout au Canada et transformer Paradise Island Foods en une marque nationale. Les propriétaires d’entreprise prévoient aussi commencer à exporter leur fromage en réponse aux accords de libre-échange conclus avec les États-Unis et l’Union européenne, qui favoriseront l’importation de fromages étrangers au Canada.
«Ils ont créé plus de concurrence, mais ils vont également créer de nouvelles occasions d’exportation pour nous», déclare Len.
Quel conseil les Thomson donnent-ils aux autres propriétaires d’entreprise qui veulent croître en faisant des acquisitions? Len affirme qu’il faut faire beaucoup de préparation et ne pas avoir peur de demander de l’aide extérieure.
«Faites appel aux bonnes personnes pour leur poser des questions sur ce que vous achetez en réalité.»