Cette société informatique trouve et conserve de grands talents grâce au recrutement international

Porter une attention particulière à l'expérience des membres de votre personnel pour multiplier vos chances de les garder

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Lorsqu’il a été embauché comme programmeur par Momentum Technologies en 2006, Mohamed Guetat était sur le point de retourner en Tunisie faute d’avoir trouvé un emploi au Canada. Après avoir gravi les échelons de l’entreprise un à un, il est devenu président-directeur général (PDG) au printemps 2021.

Mohamed Guetat en est ainsi venu à incarner la vision de l’entreprise de la ville de Québec: miser sur l’intégration des gens d’un peu partout au monde pour leur permettre d’exploiter leur plein potentiel.

La rareté de la main-d’œuvre est un défi chez Momentum Technologies depuis sa fondation, en 2003. Rapidement, la direction de l’entreprise spécialisée dans l’acquisition, la gestion et la valorisation des données numériques a appris à aller chercher sa main-d’œuvre là où elle est, y compris à l’international.

Elle s’assure aussi d’investir tous les efforts nécessaires pour que les membres de son personnel s’épanouissent dans l’entreprise et qu’elles et ils y restent longtemps.

Ce n’est pas parce que tu es immigrante ou immigrant que ce n’est pas possible d’avoir du succès au Canada. J’ai eu cette chance, j’ai envie de la donner aux autres.

Valoriser la diversité

L’entreprise qui embauche maintenant environ 200 personnes a toujours exploré plusieurs avenues pour embaucher les spécialistes dont elle a besoin.

Ainsi, avant d’aller recruter à l’international, Momentum Technologies a cherché des talents sur le territoire québécois, mais formés à l’étranger. Par exemple, elle a travaillé avec l’organisme SOIT (Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail) ainsi qu’avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain afin de trouver des candidates et candidats.

Ensuite est venue l’occasion en 2008 de recruter des candidates et candidats à l’étranger avec les missions organisées par Québec International.

«C’était assez pionnier, à l’époque», affirme Nicolas Clusiault, vice-président ressources humaines et projets spéciaux chez Momentum Technologies.

L’expérience s’est bien déroulée et l’entreprise crée une équipe dédiée au recrutement international en 2015. Négociations avec le gouvernement pour obtenir le permis de travail, prise en compte de l’année scolaire des enfants pour trouver le meilleur moment pour immigrer, achat des billets d’avion, accueil à l’aéroport, soutien pour s’installer: elle s’occupe de tout!

«Le recrutement à l’international nécessite beaucoup de logistique et nous avons décidé de tout faire à l’interne, explique Nicolas Clusiault. Nous nous mettons à la place de l’immigrante ou immigrant et nous nous intéressons à l’ensemble des aspects de son projet pour multiplier les chances que ça fonctionne. La bienveillance est une valeur importante chez nous et tout le processus en est teinté.»

Momentum Technologie a maintenant 27 nationalités de représentées parmi son personnel dont plus des deux tiers viennent de l’international.

Soutenir l’apprentissage du français

Chez Momentum Technologies, tout le monde doit s’assurer d’atteindre un très bon niveau de français puisque la grande majorité de la clientèle est francophone.

«Même si on est en informatique, la bonne maîtrise du français est une condition sine qua non pour faire carrière chez nous, affirme Nicolas Clusiault. Il faut pouvoir bien comprendre les besoins de la clientèle et faire des recommandations. On donne donc des formations à l’interne, en partenariat avec des écoles de francisation, pour que les membres de notre personnel puissent se perfectionner.»

Les deux parties doivent pouvoir écrire leur histoire à travers ce projet de recrutement pour qu’il puisse être un succès.

Il précise d’ailleurs que plusieurs employées suivent des cours de français avant d’arriver au pays. «Nous sommes chanceux au Québec, parce que la destination a une bonne réputation à l’international, donc les gens veulent venir y travailler et ils se préparent en conséquence», constate Nicolas Clusiault.

Momentum Technologies n’hésite pas non plus à assister son personnel lors de démarches importantes.

Par exemple, il est déjà arrivé qu’un employé arrivé du Mexique voie son appartement passer au feu. «Nous étions chez lui lorsque le représentant de l’assurance est venu étant donné que notre employé ne parlait pas bien français, raconte Nicolas Clusiault. C’était une façon de nous assurer que notre employé n’aurait pas de problème avec son assurance en raison d’une mauvaise compréhension.»

Comprendre la réalité de l’immigrante ou immigrant

Les succès de Momentum Technologies ont fait que beaucoup de dirigeantes et dirigeants leur demandent comment se lancer dans le recrutement international.

«Je leur dis toujours que l’entreprise ne peut pas faire seulement l’analyse de son besoin, explique Nicolas Clusiault. Elle doit aussi s’intéresser à l’histoire de vie de cette immigrante ou cet immigrant. Les deux parties doivent pouvoir écrire leur histoire à travers ce projet de recrutement pour qu’il puisse être un succès.»

D’ailleurs, Mohamed Guetat et Nicolas Clusiault rencontrent chaque personne de l’équipe - recrutée à l’international ou pas - après trois mois en poste pour faire le tour de son «histoire de vie» et pour voir si elle s’intègre bien.

C’est certain que les membres du personnel qui viennent de l’étranger ont des réalités différentes des autres. Par exemple, il est arrivé qu’un employé perde son père subitement: il n’a fait ni une ni deux et a sauté dans l’avion. «Il n’a pas pris le temps de demander des vacances, mais nous avons conscience que ce genre de chose peut arriver lorsqu’une employée ou employé a sa famille à l’étranger», précise Nicolas Clusiault.

Une responsabilité envers les familles

L’entreprise considère d’ailleurs qu’elle a une grande responsabilité envers les familles des membres de son personnel. «Recruter à l’international n’est pas juste une décision d’affaires, c’est une décision très humaine, affirme Mohamed Guetat. Les familles nous font confiance pour changer leur avenir. On ne peut pas dire après deux mois à la personne que ça ne fonctionne pas et la retourner dans son pays!»

Si l’entreprise met un point d’honneur à ne pas mettre fin au contrat d’une personne recrutée à l’étranger, elle doit parfois faire preuve de patience et de flexibilité. «Nous cherchons toujours une solution lorsque nous rencontrons une difficulté, affirme Mohamed Guetat. Nous coachons la personne, la formons, ou la repositionnons dans un projet où elle aura plus de facilité. Il est arrivé qu’aucun projet en cours ne corresponde aux compétences d’une personne de l’équipe, alors on a attendu plusieurs mois avant de lui donner du travail tout en continuant à la payer.»

D’ailleurs, au début de la pandémie, Momentum Technologies a perdu près de 30 % de ses contrats pendant quelques mois. «Mais, nous avons gardé tout notre personnel, précise Mohamed Guetat. Notre excellente santé financière nous a permis de traverser la crise ensemble et maintenant, cette période d’incertitude vécue par la clientèle est chose du passé.»

Cette attitude rapporte. «Nous avons des membres du personnel qui parlent de nous à leurs proches dans leur pays d’origine et cela nous amène d’autres candidates et candidats, affirme Nicolas Clusiault. C’est aussi ce qui nous a amenés à ouvrir un bureau à Tunis en 2019.»

Depuis 2015, l’entreprise embauche en moyenne 20 personnes de l’étranger par année. Le taux de rétention est le même entre le personnel recruté ici ou ailleurs.

Progression de carrière

Si les personnes restent autant chez Momentum Technologies, c’est aussi parce qu’elles peuvent s’y voir progresser. C’est une stratégie présente dans l’ADN de l’entreprise.

L’ancien président et cofondateur de l’entreprise, Michel Ganache, a décidé en 2013 de créer un plan de relève. Un comité a été créé pour sélectionner les joueuses et joueurs clés pour faire partie de l’actionnariat. C’est ainsi que Mohamed Guetat et Nicolas Clusiault – entre autres - ont été ciblés.

En début d’année, la relève a racheté les parts des deux cofondateurs qui restaient en place – avec l’aide de BDC et de Desjardins Entreprises - et a profité de l’occasion pour nommer 10 nouveaux actionnaires.

«Nous sommes maintenant 14 actionnaires, dont 4 principaux, affirme Mohamed Guetat. Plusieurs sont issus de la diversité. Ensemble, nous continuerons à faire croître l’entreprise et à réaliser nos rêves.»

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