Ressources humaines et projet d’automatisation: comment résoudre les problèmes les plus courants

1. Difficulté à recruter du personnel qualifié

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée continue de se faire sentir à travers le pays. Pour les entreprises qui sont en voie d’automatiser leur plancher de production, cette réalité est particulièrement problématique.

C’est que l’implantation de technologies robotiques et automatisées requière des compétences particulières. Il en va de même pour l’entretien des systèmes, mais aussi, plus en amont, de l’identification des meilleures opportunités de transformation.

Les PME n’ont malheureusement pas toujours la force d’attraction des grandes entreprises. Il est donc nécessaire de mettre les bouchées doubles pour aller chercher les compétences nécessaires à vos équipes.

Deux grandes solutions existent.

Attirer du personnel qualifié en améliorant votre visibilité

Il est rare pour les propriétaires d’entreprises de prendre le temps de développer des stratégies étoffées pour vendre leurs produits et services, note Émilie Poirier, conseillère d’affaires principale avec BDC Services-conseils qui aide les PME à améliorer leur gestion des ressources humaines.

«Mais il est encore plus rare de les voir développer une stratégie forte pour vendre leur entreprise auprès des travailleuses et travailleurs», dit-elle. Pourtant, cette approche peut être payante.

Comment attirer les meilleurs talents? Émilie Poirier conseille aux entreprises d’augmenter leur visibilité à l’externe et de se démarquer en améliorant leur marketing de recrutement. Pour y arriver, vous pouvez commencer par sonder vos équipes pour comprendre les atouts qui font la force d’attraction de votre entreprise.

Une fois que vous aurez compris ce qui vous rend unique, vous serez en mesure d’élaborer une stratégie pour communiquer votre marque employeur. Une tactique pourrait consister à transformer certains de vos employées et employés en ambassadrices et ambassadeurs qui feront du bouche-à-oreille pour attirer de la main-d’œuvre à travers leur propre réseau. Une pierre deux coups: vous motiverez vos équipes actuels à prendre part à cet enjeu et à trouver leurs nouveaux collègues!

Une autre tactique pourrait être de faire mousser les réseaux sociaux plutôt que de publier de longues descriptions de poste. Vous pourriez par exemple vous tourner vers des vidéos qui présentent une journée de travail dans l’organisation.

«Au final, peu de PME font ce genre d’effort, note Émilie Poirier. Mais celles qui le font ont plus de facilité à recruter, et du coup, plus de succès dans leur virage vers l’automatisation.»

Développer et transformer le talent à l’interne

Vous n’êtes probablement pas au courant de l’ensemble des aptitudes que possède votre équipe. Ne pas connaître l’étendue de leurs compétences pourrait également vous empêcher de les bonifier.

Émilie Poirier suggère une stratégie en trois étapes pour tirer pleine partie de vos talents à l’interne.

• Cartographier les talents
  Afin de déterminer les compétences qui existent déjà dans votre entreprise, faites une cartographie de vos talents. Cet exercice vous permettra de faire état des diplômes et formations que possède votre personnel, mais aussi des compétences acquises par l’expérience. Projetez-vous par ailleurs dans l’avenir et déterminez les talents dont vous aurez besoin pour mener à bien vos projets d’automatisation. Assurez-vous de vous poser la question suivante: est-ce que vos équipes ont le potentiel et la volonté de se développer?
• Évaluer les motivations et le potentiel
  Vos employées et employés n’ont pas toutes et tous le même désir d’apprendre à travailler avec une nouvelle machine, ou de se charger de nouvelles responsabilités. Elles et ils n’ont par ailleurs pas tous le même potentiel d’y arriver. Si votre nouvel équipement requiert de programmer un logiciel, par exemple, il serait irréaliste de penser que quelqu’un sans formation pourra l’apprendre dans un délai raisonnable.
• Prévoyez la formation nécessaire
  Une fois que vous avez fait l’inventaire de vos compétences, et que vous savez de quels talents vous aurez besoin, prévoyez la formation nécessaire pour combler l’écart.

2. Manque de formation du personnel

Les PME oublient parfois que l’adoption de nouvelles technologies transformera le travail de leurs opérateurs et opératrices de machines, mais aussi de leurs équipes d’entretien. Il est donc primordial de prévoir la formation adéquate pour que votre projet prenne son essor.

Réfléchissez à la formation nécessaire en amont

Pour y arriver, réfléchissez à la formation nécessaire aussitôt que vous commencerez à penser à vos besoins sur le plan technologique, suggère Vincent Bombardier, conseiller d’affaires principal avec BDC Services-conseils qui accompagne les PME dans l’implémentation de projets d’automatisation et de robotique.

«Au moment d’élaborer votre cahier de requis, ajoutez une exigence pour le fournisseur et l’intégrateur de votre équipement. Demandez-leur d’offrir une formation à vos équipes sur l’opération et l’entretien de la machine», dit-il. Cette formation sera d’ailleurs probablement plus courte et plus pertinente que la formation générale offerte dans un centre de formation professionnelle.

Collaborez avec des partenaires

Collaborer avec des institutions de recherche, de formation et de transfert technologique est une autre solution. Ces collaborations peuvent prendre plusieurs formes, comme des projets de recherche et développement. Ces projets sont une opportunité en or pour vos équipes de bonifier leurs compétences et de s’approprier de nouvelles technologies.

Choisissez des technologies simples

Enfin, une solution au manque de formation peut être simplement de choisir des technologies qui sont plus simples à opérer. Selon Vincent Bombardier, il existe aujourd’hui une variété de robots qui peuvent accomplir une même tâche. Certains d’entre eux sont plus complexes à opérer, mais d’autres sont plus simples.

«Il existe désormais des robots collaboratifs, notamment pour la soudure, qui sont faciles à programmer, dit-il. Si vos équipes sont déjà confortables avec des ordinateurs et des tablettes, elles pourront apprendre rapidement à les opérer.»

3. Résistance du personnel au changement

Sur le plan de la gestion du changement, la plus grande erreur que commettent les PME est de parler trop peu de leur projet d’automatisation. Pire encore, d’autres essaient de le garder secret jusqu’à la dernière minute. Selon Émilie Poirier, il faut plutôt faire un effort pour présenter son projet dès le départ. Elle suggère notamment d’élaborer un plan de communication complet et rigoureux.

En tant que propriétaire d’entreprise, vous avez pris la décision d’aller de l’avant avec votre projet, et vous en avez longuement pesé le pour et le contre. Vous êtes donc forcément dans le bon état d’esprit pour accueillir les changements nécessaires. Il faut toutefois vous assurer de donner du temps à vos équipes pour qu’elles puissent, elles aussi, comprendre et absorber ce qui s’en vient. D’où l’importance d’un plan de communication.

«Beaucoup de dirigeantes et dirigeants oublient que leur personnel n’a pas réfléchi autant qu’eux à cette transformation, note Émilie Poirier. Il faut donc la leur expliquer.»

Pour éviter de créer la surprise au sein de vos équipes, parlez de vos plans aussitôt que vous entamez des démarches sérieuses. Prenez le pouls de vos employées et employés et répondez à leurs craintes. Mieux encore, anticipez leurs préoccupations et expliquez clairement comment vous y répondrez.

Vos équipes se poseront pourraient par exemple poser les questions suivantes:

• Mon emploi et mes conditions de travail seront-ils affectés?
• Comment le projet impactera-t-il mes responsabilités et mon poste?
• Comment l’entreprise m’accompagnera-t-elle dans cette transition?
• Une formation me sera-t-elle offerte pour relever mes nouveaux défis?
• À quel moment auront lieu les changements?
• Quels seront les bénéfices pour moi et mon équipe?

Émilie Poirier conseille de communiquer le message à différents moments et à travers différents canaux. Elle suggère aussi de répéter les messages pour maximiser leur compréhension et leur assimilation. Cela permet d'assurer que l'information clé soit bien retenue, tout en donnant l'occasion de répondre aux questions et de dissiper les doutes.

Pour vaincre la résistance au changement, faites aussi appel à un expert en la matière. Il peut s’agir d’une consultante, d’un consultant ou d’une personne à l’interne. Le rôle de cette personne est de prendre le pouls des équipes, d’agir en champion du changement et de gérer le processus plus généralement. Cela implique entre autres de rédiger un plan de communication adéquat.

Similairement, identifiez une personne sur le plancher de production et faites-en un responsable du projet d’automatisation. Son rôle sera notamment d’être la courroie de transmission d’informations entre la direction et votre personnel.

Car en plus de réduire la résistance au changement, une bonne communication avec les équipes sur le plancher vous aidera à mieux planifier votre projet, ajoute Vincent Bombardier. «Ce sont elles qui connaissent le mieux vos processus, dit-il. Si elles adhèrent au projet, elles pourront non seulement vous fournir des idées précieuses pour l'améliorer, mais aussi détecter des problèmes potentiels avant qu'ils ne surviennent.»

Finalement, n'oubliez pas de célébrer vos petites réussites. Vous avez tout à gagner à reconnaitre en cours de route les efforts et l’engagement de vos équipes!

Prochaine étape

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