Diversification du commerce: quel impact pour les PME canadiennes?
Au fil des ans, les entreprises canadiennes ont grandement profité d’un accès au marché des États-Unis. Cependant, la proximité et la facilité du commerce entre les deux pays ont également créé un risque de concentration du marché pour notre économie.
Une plus grande diversification dans d’autres marchés régionaux et mondiaux pourrait accroître la résilience et stimuler la croissance des entreprises canadiennes. Il peut être difficile de développer à court terme de nouveaux marchés, mais cela peut favoriser une croissance plus forte et plus stable à long terme. La diversification peut aussi accroître la résilience des entreprises en cas de chocs localisés.
Dans le présent billet de blogue, nous traitons des avantages du commerce international et interprovincial et faisons ressortir le rôle que les petites et moyennes entreprises canadiennes (PME) peuvent jouer.
Des pays du G7, c’est au Canada que la concentration du commerce est la plus forte
Au fil des ans, l’économie canadienne est devenue de plus en plus intégrée à celle des États‑Unis. Les exportations du Canada sont les plus concentrées de tous les pays du G7: environ les trois quarts sont destinés aux États-Unis. Cependant, la situation du Canada n’est pas unique. Les trois-quarts des exportations du Mexique sont aussi destinés aux États‑Unis.
De nouveaux accords commerciaux avec l’UE et plusieurs pays d’Asie n’ont pas changé cette dynamique. Le grand nombre de consommatrices et consommateurs et une forte performance économique ces dernières années continuent de rendre le marché des États-Unis plus attrayant pour les entreprises exportatrices canadiennes.
Cette concentration n’est pas inévitable. Des pays comparables, comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande, tirent profit d’une plus grande diversification de la clientèle. Même si la destination principale de leurs exportations est la Chine, ils réussissent tout de même à exporter dans d’autres marchés d’Asie, tout comme dans des marchés relativement plus éloignés en Europe et en Amérique.
Une récente étude du Australian Bureau of Statistics montre que les entreprises exportatrices australiennes qui ont des marchés diversifiés ont connu une croissance plus rapide que celles qui ont un seul marché. L’exportation dans un plus grand nombre de pays a également accru la résilience des entreprises. En 2020, pendant le pic de la pandémie de COVID-19, les entreprises australiennes exportant dans un seul pays ont connu une croissance négative, tandis que celles qui exportaient dans plusieurs pays ont continué de croître.
Graphique 1: Pourcentage des exportations dans le principal pays de destination, 2022
Le Mexique (77 %) et le Canada (75 %) ont la plus grande part d'exportations vers une seule destination de tous les pays du G7 plus l'Australie et la Nouvelle-Zélande. En comparaison, seulement 10 % des exportations de l'Allemagne sont destinées à leur principale pays de destination.
Source: Base de données Comtrade des Nations Unies, par le biais de l’Observatoire de la complexité économique (Observatory of Economic Complexity).
Les PME sont essentielles à la diversification du commerce
Même si le pourcentage des exportations du Canada aux États-Unis effectuées par des PME est de seulement 40 %, il monte à 43 % pour le Moyen-Orient, à 44 % pour l’Europe, à 50 % pour l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud et à 52 % pour l’Océanie. L’Asie est la seule région où les exportations par les PME représentent une proportion moins élevée des exportations totales du Canada (35 %).
Des milliers d’entreprises canadiennes exportent déjà dans des marchés autres que les États-Unis, soit principalement l’Europe et l’Asie. Cependant, ce nombre n’a pas augmenté sensiblement au cours de la dernière décennie. Comme le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que la plupart des pays d’Asie vont connaître une croissance économique plus forte que les États-Unis au cours des prochaines années, les propriétaires d’entreprises canadiennes gagneraient vraisemblablement à explorer ces marchés.
Graphique 2: Nombre d’entreprises canadiennes exportatrices par région de destination en 2023
Source: Statistique Canada. Tableau 12-10-0095-01.
Le commerce interprovincial au Canada baisse depuis les années 1980
Une plus grande intégration avec les États-Unis a profité à notre économie, mais a aussi fait baisser le commerce interprovincial au Canada depuis trois décennies. La part du commerce interprovincial en pourcentage du PIB est passée de 26,6 % en 1981 à une moyenne de 18,8 % entre 1992 et 2022 (graphique 3).
Graphique 3: Commerce interprovincial en pourcentage (%) du PIB nominal
Source : Statistique Canada. Tableaux 36-10-0222-01 et 36-10-0697-01.
Le Canada se prive de gains économiques potentiels en comptant trop sur son voisin du Sud et en négligeant le commerce interprovincial.
L’expert du commerce interprovincial Trevor Tombe a récemment estimé que le commerce sans barrières à l’intérieur du Canada pourrait faire grossir l’économie nationale de 200 milliards de dollars, ou environ 4 842,61 dollars par personne.
Les entreprises qui ont des activités dans un grand nombre de provinces connaissent une croissance plus rapide
De plus, selon une étude de 2019 de Statistique Canada, les moyennes entreprises qui ont du personnel dans plus d’une provinces ou territoires sont plus susceptibles de devenir des grandes entreprises et moins susceptibles de redevenir des petites entreprises.
Malheureusement, la plupart des PME au Canada ne font pas beaucoup d’affaires hors de leur province ou territoire. Selon un sondage non publié de BDC sur les barrières commerciales interprovinciales effectué en juin 2024, 68 % des ventes des PME sont destinées à des clientes et clients situés dans leur province ou territoire, tandis que seulement de 16,1 % des ventes sont destinées à l’extérieur de leur province ou territoire, mais au Canada.
Statistique Canada a constaté que les entreprises du commerce de gros (61,9 %) et de la fabrication (50,8 %) sont les plus susceptibles de vendre des biens ou des services à l'échelle interprovinciale.
Graphique 4: Répartition des ventes des PME canadiennes par destination
Source: Sondage de BDC auprès de propriétaires et de décideuses et décideurs en entreprise sur les barrières commerciales interprovinciales, effectué en ligne entre le 11 juin et le 24 juin 2024.
La grande étendue du Canada demeure un obstacle au commerce interprovincial
Selon Statistique Canada, les principaux obstacles au commerce interprovincial sont les coûts du transport (23,2 %), la distance entre le point d'origine et la destination (7,5 %) et le manque de rentabilité (6,4 %). Nous ne pouvons pas changer notre géographie, il importe donc pour les petites entreprises de se concentrer sur la gestion de la logistique afin de réduire les coûts de transport et cibler les marchés rentables.
Enfin, la part des entreprises qui vendent des biens ou des services à une autre province ou un autre territoire varie considérablement, allant de 31,9 % en Alberta à 12,6 % au Nunavut.
Le potentiel d’accroissement du commerce interprovincial est grand pour les PME. Dans le même sondage de BDC, 16 % des répondantes et répondants ont indiqué avoir déjà effectué des ventes à l’extérieur de leur province ou territoire et prévoient le faire à nouveau, tandis que 34 % n’ont jamais réalisé de ventes à l’extérieur de leur région, mais pourraient envisager de le faire dans l’avenir. Ce groupe important de PME ouvertes au commerce interprovincial pourrait rapidement accroître la valeur du commerce intérieur si elles y sont correctement encouragées.
La diversification du commerce est une occasion importante pour les entrepreneures et entrepreneurs du Canada
Le Canada est à un moment décisif. La diversification du commerce, tant intérieur qu’extérieur, pourrait engendrer des bienfaits économiques substantiels et à long terme.
Les entrepreneures et entrepreneurs ont un rôle important à jouer pour exploiter ce potentiel économique. Les entreprises qui ont des sources de revenus diversifiées connaissent une croissance plus rapide lorsque les choses vont bien, mais elles sont aussi plus résilientes lorsque les choses tournent mal.
BDC sera là pour les aider au moyen de conseils et de solutions de financement adaptées à leurs besoins.
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