Perspectives économiques canadiennes pour 2025: Quand l’optimisme rencontre l’incertitude

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Les propriétaires d’entreprise du Canada devront composer avec un contexte économique contrasté en 2025. Malgré de potentiels facteurs défavorables, l’optimisme prudent est de mise.

La hausse des coûts et de l’inflation a été le plus grand défi pour les propriétaires d’entreprise en 2024, et il y a de bonnes nouvelles à cet égard.

L’inflation devrait se maintenir dans la fourchette cible d’environ 2 % de la Banque du Canada l’an prochain. Cette situation devrait encourager la Banque du Canada à continuer de réduire son taux directeur pour le rapprocher du point neutre de 2,75 % d’ici la mi-2025 et même de 2,5 % à la fin de 2025.

Il a fallu du temps pour que les hausses de taux d’intérêt se répercutent sur l’économie et commencent à juguler l’inflation en 2024. Le même phénomène se répétera dans le sens inverse en 2025 dans un contexte où l’élan donné par les baisses de taux d’intérêt se fera de plus en plus sentir et commencera à soutenir la croissance.

Par conséquent, nous nous attendons à ce que l’économie canadienne connaisse une croissance modeste d’environ 1,5 % en 2025. À ce rythme, l’économie canadienne continuerait de croître en deçà de son potentiel pour une troisième année consécutive. Néanmoins, l’économie progressera à un rythme plus élevé qu’en 2024, car les taux d’intérêt plus bas stimuleront la

consommation, l’investissement immobilier et les investissements des entreprises.

Principales statistiques pour 2025

Croissance prévue du PIB du Canada Taux d’intérêt prévu à la fin de 2025 Croissance de la population
1,5 % 2,5 % -0,2 %

Les taux d’intérêt seront un facteur décisif pour l’année

Après avoir relevé les taux d’intérêt en 2022 et 2023 pour lutter contre l’inflation, la Banque du Canada a changé de cap en 2024 et a commencé à baisser ses taux, qui avaient atteint un sommet de 5,0 %. Nous nous attendons à ce que les réductions de taux se poursuivent en 2025, la majeure partie d’entre elles intervenant au cours du premier semestre de l’année.

Les dépenses de consommation et le rebond de l’investissement résidentiel seront au cœur de l’expansion du PIB en 2025 dans un contexte où la baisse des taux se fera progressivement sentir dans l’ensemble de l’économie.

Les dépenses de consommation et le rebond de l’investissement résidentiel seront au cœur de l’expansion du PIB en 2025 dans un contexte où la baisse des taux se fera progressivement sentir dans l’ensemble de l’économie. La baisse du taux directeur devrait se traduire par des coûts d’emprunt moins élevés pour la plupart des prêts. Par ailleurs, les salaires augmentent maintenant plus rapidement que les prix, en moyenne, car l’inflation a considérablement ralenti. Et même si la proportion de consommatrices et consommateurs qui prévoient de réduire leurs dépenses en raison des taux d’intérêt ou des attentes d’inflation demeure élevée, elle suit une tendance à la baisse et devrait continuer à s’améliorer.

La croissance de l’emploi s’est arrêtée à la fin de 2024, et le taux de chômage a augmenté au cours de l’année. La forte incertitude économique incitera probablement les entreprises à ne pas embaucher massivement. D’autre part, le ralentissement de l’immigration, combiné au départ à la retraite des baby-boomers, devrait limiter le chômage. La vigueur du marché de l’emploi est un autre facteur qui soutiendra la croissance du PIB et la consommation en 2025.

La croissance s’accélérera partout au pays

Les provinces productrices de marchandises devraient continuer de surpasser la moyenne nationale en 2025. L’économie mondiale devrait connaître une croissance robuste dans un contexte de baisse de l’inflation et d’assouplissement des conditions de crédit à l’échelle mondiale. Ces facteurs devraient contrebalancer l’incertitude commerciale et les conflits géopolitiques accrus. L’affaiblissement du dollar canadien est également un atout pour les exportatrices et exportateurs et devrait permettre aux productrices et producteurs de matières premières de gagner en compétitivité.

Les provinces qui entretiennent des liens plus étroits avec le marché américain font face à un niveau d’incertitude plus élevé en raison des menaces de Donald Trump en matière de tarifs douaniers. Toutefois, ce sont elles qui pourraient bénéficier le plus de la baisse du taux de change et de la forte croissance attendue aux États-Unis. La baisse des taux d’intérêt devrait avoir un effet bénéfique sur le secteur de l’immobilier et de la construction, mais cet effet sera tempéré par le ralentissement de la croissance de la population.

Croissance prévue du PIB par province en 2025 (%)

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La croissance canadienne devrait être de 1,5 %, contre 1 % en 2024. Les prévisions provinciales varient entre un maximum de 2,1 % à Terre-Neuve et Labrador et en Alberta, et un minimum de 1,1 % au Nouveau-Brunswick.

3 grands défis pour les propriétaires d’entreprise en 2025

1. La dette demeure élevée pour les ménages canadiens

Même avec la baisse des taux d’intérêt et le retour de l’inflation à la cible, l’endettement élevé continuera à peser sur les ménages canadiens. Le remboursement du capital diminue, tandis que les paiements d’intérêts représentent aujourd’hui près des deux tiers des paiements totaux de la dette. Ainsi, l’effet des taux d’intérêt plus élevés en 2024 continuera à restreindre le budget des ménages, même si les taux reviennent à la neutralité en 2025 (entre 2,25 % et 3,25 %).

Par ailleurs, un taux d’inflation plus faible n’empêchera pas les prix d’augmenter. Cela signifie seulement qu’ils augmenteront à un rythme régulier et durable. Il est également possible que l’inflation remonte. L’une des principales préoccupations est que le marché résidentiel pourrait créer des pressions inflationnistes s’il réagit trop fortement à la baisse des taux d’intérêt. L’inflation plus élevée obligerait la Banque du Canada à interrompre ses réductions de taux, ce qui aurait un effet négatif sur la croissance au Canada.

2. La réduction des objectifs d’immigration limitera la croissance

La réduction des objectifs d’immigration est un autre facteur qui aura une incidence sur la croissance en 2025. Le gouvernement a annoncé une baisse du nombre de nouvelles personnes ayant la résidence permanente ou temporaire au cours des deux prochaines années. Cette décision entraînera une diminution de la population de 0,2 % en 2025, puis en 2026.

La population en âge de travailler, âgée de 15 à 64 ans, pourrait diminuer de plus de 450 000 personnes entre la fin de 2024 et la fin de 2026. À titre de comparaison, l’immigration internationale ainsi que le nombre net personnes résidentes non permanentes de ce groupe d’âge ont augmenté de plus d’un million en 2024 (ce qui correspond à peu près à la population totale de la Nouvelle-Écosse).

La croissance de la population a été le principal moteur de l’économie canadienne au cours des dernières années; c’est probablement la raison pour laquelle nous avons pu éviter une récession.

Pour les propriétaires d’entreprise, une population croissante équivaut à un plus grand nombre de consommatrices et consommateurs et à un plus grand bassin de main-d’œuvre potentielle. La diminution de la population freinera donc la croissance et rendra le recrutement plus difficile, notamment en raison de la composition par âge de la population canadienne.

3. L’incertitude quant aux politiques de Donald Trump ralentira les investissements

Le plus gros nuage qui plane sur l’économie canadienne en 2025 est l’incidence incertaine de la nouvelle administration Trump. Lors de sa campagne électorale, le président désigné a indiqué qu’il imposerait des tarifs douaniers de 10 % sur les produits en provenance du Canada et de 60 % sur les produits en provenance de la Chine. Depuis, il a annoncé sur les réseaux sociaux qu’il imposerait des tarifs douaniers de 25 % pour le Canada et de 10 % pour la Chine. L’incidence des tarifs douaniers américains pourrait être importante, surtout si le Canada prend des mesures de rétorsion. Depuis, des pourparlers ont eu lieu entre le premier ministre Justin Trudeau et le président désigné. On ne sait pas si des tarifs douaniers seront imposés, et s’ils le sont, pendant combien de temps et pour quels produits.

Prévisions de croissance du PIB selon différents scénarios de tarifs douaniers (%)

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Nous prévoyons une croissance de l'économie canadienne de 1,5 % pour l'année. Toutefois, un tarif de 10 % imposé par les États-Unis sur les produits canadiens réduirait la croissance prévue à 1,2 %, un tarif de 25 % la réduirait à 0,8 % et des tarifs de 25 % de part et d'autre entraîneraient probablement une contraction économique de 1 % au Canada.

Les tarifs douaniers constituent un scénario potentiel plutôt qu’une certitude. Chose certaine, l’imposition de tarifs douaniers nuirait à la croissance du PIB du Canada. Toutefois, nous ne pensons pas que le Canada sera assujetti à des tarifs douaniers, du moins pas à des tarifs généralisés à long terme.

La seule incidence de la nouvelle administration américaine que nous pouvons prévoir avec certitude, c’est le climat d’incertitude qu’elle crée. L’incertitude tend à limiter la croissance: les entreprises pourraient décider d’accroître leurs stocks avant l’entrée en vigueur des tarifs douaniers ou de reporter leurs investissements. Les ventes pourraient diminuer rapidement si les tarifs entrent en vigueur. Les leaders d’entreprise auront de la difficulté à prévoir avec exactitude la demande et à prendre des décisions d’investissement tant que l’incertitude actuelle persistera.

De nouvelles menaces publiques de la part du président désigné pourraient entraîner une nouvelle baisse du dollar canadien. Un nouveau recul de notre taux de change pèserait sur le pouvoir d’achat des ménages et des entreprises du Canada en ce qui concerne les biens et services étrangers. Un dollar américain très vigoureux pourrait également faire baisser la demande mondiale de biens comme les marchandises dont les prix sont généralement libellés en dollars américains sur les marchés internationaux.

Ce n’est pas notre premier rodéo

Ce n’est pas la première fois que les propriétaires d’entreprise du Canada font face à de tels défis. Malgré ces obstacles, les entreprises canadiennes se sont avérées résilientes par le passé. Nous pensons que cette tendance se poursuivra en 2025.

Pour commencer, il est judicieux d’appeler vos principales clientes et principaux clients ainsi que vos fournisseurs pour comprendre comment leur entreprise se porte et comment elles et ils envisagent l’année à venir. La nouvelle année peut être une bonne occasion de reprendre contact avec des partenaires clés et de s’assurer que votre production répond à leurs besoins.

Compte tenu de l’incertitude qui entoure les tarifs douaniers, la recherche de moyens de réduire les coûts et d’accroître la productivité devrait également être une priorité. L’amélioration de la gestion financière, les efforts en matière d’efficacité opérationnelle et l’investissement dans de nouvelles technologies et de nouveaux équipements sont autant de moyens éprouvés d’accroître vos bénéfices et votre compétitivité. Toutes les entreprises, aussi petites soient-elles, peuvent déployer des efforts à l’égard de la productivité. En surveillant où chaque dollar est dépensé et ce qu’il rapporte, vous serez à même de composer avec les complexités qui surviendront en 2025 et par la suite.

La baisse des taux d’intérêt aidera les propriétaires d’entreprise, ce qui devrait stimuler la croissance au-delà des niveaux enregistrés en 2024. La baisse des taux d’intérêt contribuera également à accroître la consommation et à soutenir le marché immobilier. Enfin, les entreprises pourront tirer parti de taux moins élevés pour investir dans leur entreprise et tirer parti des occasions qui se manifesteront en 2025.

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