Une acquisition permet à cette entreprise de services TI de faire croître ses profits

Comment une PME peut-elle faire croître son chiffre d’affaires de 40 % en un an tout en augmentant sa marge bénéficiaire? En réalisant une acquisition.
La PME de services et de solutions en technologies de l’information pour les organisations Rhesus de Victoriaville au Québec a osé se lancer dans l’aventure. Cette dernière a acheté Québécom, une entreprise du même secteur d’activité basée à Sherbrooke. La force de la synergie des deux équipes qui s’unissent a permis à la nouvelle entité d’atteindre ces résultats.
«Normalement, notre croissance est d’environ de 13 à 15 % par année parce que nous embauchons toujours quelques nouveaux talents, mais l’acquisition nous a permis d’avoir 12 personnes expertes d’un coup déjà bien occupées avec leur clientèle et la mise en commun des forces des deux équipes permet aussi d’aller chercher un plus grand volume d’affaires», indique Vicky Beaudoin, vice-présidente et directrice générale de Rhesus.
La direction de Rhesus connaissait bien l’équipe de Québécom avant de réaliser l’acquisition.
«Nous faisions partie du même regroupement professionnel, le Groupe Millenium Micro, explique l’entrepreneure. L’associé de Québécom Martin Brault voulait continuer, mais pas tout seul. Il nous a dit qu’il admirait Rhesus pour sa croissance, qu’il aimait notre culture d’entreprise et qu’il avait toujours rêvé de travailler avec nous. Il nous a proposé de nous vendre son entreprise et de poursuivre sa mission avec nous comme associé chez Rhesus.»
Nous étions prêts à investir quelques millions de dollars pour acheter l’entreprise, mais si le personnel voulait partir au moment de la transaction, le projet aurait perdu toute sa valeur ajoutée.
Vicky Beaudoin
Vice-présidente et directrice générale, Rhesus
Bien choisir l’entreprise à acquérir
C’est certain que se faire approcher ainsi est flatteur. Mais, Rhesus avait déjà vécu des expériences difficiles en matière d’acquisition.
«Il y a plusieurs années, nous avons réalisé deux acquisitions d’entreprises en difficultés financières qui avaient une expertise plus du côté du marketing, raconte Vicky Beaudoin. Notre expertise n’était pas la même, notre culture non plus et il fallait bouger rapidement pour redresser la situation financière. Nous nous épuisions.»
Rhesus s’était finalement retiré de ces transactions. Cette fois-ci, l’équipe de direction de la PME fondée en 2001 a voulu maximiser les chances que le mariage soit une réussite.
D’abord, elle s’est assurée que Québécom n’était pas en difficultés financières, en faisant une vérification diligente.
Puis, dès le début des pourparlers en mai 2023, la direction de Rhesus a mis cartes sur table avec les gens de Québécom: l’objectif de la transaction n’était pas de supprimer des postes, mais de garder toute l’équipe et de continuer à croître ensemble.
Ensuite, la direction de Rhesus a voulu rencontrer les employées et employés acquis de Québécom. «J’avais besoin de discuter avec ces personnes pour voir si elles adhéraient aux valeurs et à la culture très humaine de Rhesus, explique Vicky Beaudoin. Je voulais m’assurer qu’elles avaient la volonté de rester en poste. Nous étions prêts à investir quelques millions de dollars pour acheter l’entreprise, mais si le personnel voulait partir au moment de la transaction, le projet aurait perdu toute sa valeur ajoutée.»
Nous avions dit dès le départ que nous allions vivre beaucoup de hauts et de bas pendant la première année
Vicky Beaudoin
Vice-présidente et directrice générale, Rhesus
Gérer les attentes du personnel
Puisque la rencontre avec les personnes clés de Québécom s’était bien déroulée, la prochaine étape était d’inviter toute l’équipe à un 5 à 7 chez Rhesus pour tisser des liens.

«Chaque personne employée chez Québécom a trouvé celle chez Rhesus qui avait un rôle similaire, explique l’entrepreneure. Éventuellement, nous voulions que ces gens remplis d’expertise discutent ensemble de comment ils travaillent pour garder le meilleur des deux modes de fonctionnement.»
Cette grande étape d’arrimage a duré environ un an. «Nous avions dit dès le départ que nous allions vivre beaucoup de hauts et de bas pendant la première année, indique Vicky Beaudoin. C’est normal, parce que c’est la phase d’adaptation. J’avais aussi mentionné que ça allait prendre beaucoup d’écoute et qu’il fallait partir avec l’idée que tout le monde était bien intentionné et travaillait pour le bien de l’organisation.»
Résultat? «C’est certain que la gestion des émotions a parfois été difficile, mais les gens se sont sentis reconnus et nous n’avons perdu personne durant le processus», se réjouit Vicky Beaudoin.
Des synergies qui rapportent
La transaction a aussi permis à Rhesus de faire plus avec moins. Deux employés en comptabilité partaient de l’entreprise au moment de la transaction.
«Nous ne les avons pas remplacés parce que leur travail a pu être réalisé par notre équipe, explique Vicky Beaudoin. Nous économisons deux salaires.»
Rhesus bénéficie aussi maintenant d’un plus grand volume d’affaires, ce qui lui permet d’aller chercher de meilleurs prix et un soutien amélioré auprès de ses fournisseurs.
Le gain de productivité à la comptabilité et l’obtention de meilleurs prix auprès de fournisseurs expliquent en partie l’augmentation de la marge bénéficiaire.
Puis, la force des deux entreprises réunies permet de développer de nouveaux marchés. Avec son équipe d’une dizaine de personnes, Québécom devait refuser des contrats. Par exemple, la compagnie n’acceptait pas d’entreprises manufacturières. Mais, Rhesus est très active dans ce domaine et y a développé une expertise.
«Maintenant, on va chercher beaucoup de nouvelles entreprises manufacturières du côté de Sherbrooke. Nous venons aussi d’emménager un bureau à Mirabel, dans un secteur où il y a plusieurs manufacturiers.»
Cette effervescence oblige Rhesus à embaucher. «Les résultats dépassent nos attentes», affirme l’entrepreneure.

La croissance de 40 % de Rhesus en un an ne s’explique donc pas seulement par l’addition du chiffre d’affaires de Québécom. L’union des deux entreprises leur a aussi permis de mieux se positionner pour aller chercher de nouveaux contrats.
Maintenant que la première année d’arrimage est terminée, Rhesus a l’intention d’investir des efforts pour amener les différentes équipes à mieux travailler ensemble.
«On veut que les gens qui ont des rôles semblables dans les différents bureaux puissent travailler en petits comités pour échanger, pour trouver des façons de mieux collaborer et de mieux répondre aux besoins de la clientèle, indique Vicky Beaudoin. On peut certainement créer encore plus de synergie.»